(Sud Quotidien 29/04/2013)
Une équipe de géologues et leurs manœuvres ont passé jeudi
dernier une journée très éprouvante Au retour d'une mission de reconnaissance
géologique, et au moment de rallier la base de Kharakhéna, ils sont tombés sur
une bande armée qui les a dépouillés d'une partie de leur matériel. Plus loin,
vers Sayansoutou, le lendemain, la même bande s'est attaquée à de paisibles
voyageurs dont certains seront molestés et blessés.
S’il ya une chose sur
laquelle tous les habitants de la région naturelle du Sénégal oriental sont au
moins d’accord, c’est que l’on sent l’absence de l’Etat dans la plupart des
zones d’opérations minières, du moins sur le plan sécuritaire. Jeudi dernier, en
plein jour, une bande de six individus armés d’AK 47 et de machettes, a fait
irruption dans le secteur de Kharakhéna, un nouveau site d’orpaillage
traditionnel en pleine expansion situé dans la communauté rurale de
Bembou.
Les malfrats ont mis des abattis sur la piste reliant la base de
la compagnie Randgold à l’un de ses sites de reconnaissance géologique. Ils ont
sommé les membres de l’une des équipes (un chauffeur, deux géologues et deux
manœuvres) de s’arrêter et de leur donner de l’argent, en tirant sur les pneus
de leur véhicule. « Quand nous avions répondu que nous n’en avions pas, ils nous
ont demandé de nous déshabiller afin qu’ils puissent procéder aux vérifications
nécessaires. Quand ils ont trouvé de l’argent sur le chauffeur, ils l’ont roué
de coups de machette et ont tout de suite subtilisé nos boussoles, GPS et
téléphones portables. Ils ont subtilisé les GPS et les téléphones et tiré des
coups de feu en l’air, en nous demandant de nous éloigner de là». Le chauffeur
et l’un des géologues s’en tireront avec quelques blessures.
Ces bandits
encagoulés, selon l’une des victimes, parleraient bambara et mossi. La base de
Randgold située à Kharakhéna à notre passage vendredi, était désertée par les
travailleurs de ladite compagnie. Exceptés le concierge et le jardinier, tous
ont rejoint Kédougou pour récupérer de cette frayeur et se mettre à l’abri.
Alertés, les pandores de la brigade de Saraya sont arrivés sur les lieux, ont
fouillé les coins et recoins de Kharakhéna, mais c’était sans compter avec
l’expertise des membres de ce gang qui ont vite quitté les lieux.
Le
lendemain matin, vendredi, ils se sont signalés dans les villages maliens de
Borolla et Farinkounda qui font face aux villages sénégalais de Sayansoutou et
Worotokoti pour s’attaquer à des motocyclistes qu’ils dépouilleront de leurs
biens, avant de prendre la clef des champs à l’intérieur du Sénégal. C’est la
deuxième fois dans ce secteur en moins d’un mois car, les 29 et 30 mars
derniers, ils y avaient procédé de la même manière. Les habitants de Worotokoti
avaient réussi à saisir le sac d’un des assaillants dans lequel ils avaient
trouvé des munitions.
Les populations exigent le renforcement du dispositif
sécuritaire
Le chef de village de Kharakhéna, le président du conseil
rural de Missira Sirimana, le directeur intérimaire de l’école de Kharakhéna,
les nombreux orpailleurs qui commencent à s’installer dans la zone, tous
invitent l’Etat à concevoir et mettre en œuvre une politique sécuritaire
adéquate et suffisamment dissuasive. « Nous saluons les efforts des pandores de
la brigade de Saraya qui sillonnent chaque jour la zone, mais cela s’avère
insuffisant eu égard à l’étendue du secteur qui fait frontière avec la Guinée et
le Mali.
Ces actes de grand banditisme deviennent monnaie courante ici,
et personne ne dort du sommeil des justes car la contrée n’est pas encore
couverte par le réseau Gsm », a expliqué Amath Sène, le chef de l’établissement
scolaire du village. Sayba Keita, le fils du chef de village lui emboitera le
pas pour implorer la puissance publique à implanter dans la zone un cantonnement
militaire et à augmenter les postes de gendarmerie bien équipés. Personne ne
comprend dans cette zone que les populations et les compagnies soient laissées à
elles mêmes dans la mesure où les entreprises minières investissent énormément
d’argent pour les besoins de l’exploration et des centaines et des centaines de
millions de nos francs y circulent, le transport et le commerce se développent,
le volume démographique augmente du fait de l’orpaillage
traditionnel.
Pour rappel, dans la zone de Sambarabougou, le crâne d’un
orpailleur qui détenait une quantité non négligeable d’or y avait été fracassé
par des bandits qui avaient aussi mis à sac plusieurs équipements marchands du
dit village. Malgré les opérations de sécurisation et d’assainissement de la
gendarmerie, la peur peine à être installée dans le camp des
malfrats.
Boubacar TAMBA
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Quotidien
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