(Le Quotidien (Sn) 15/01/2013)
- Le patron de Myna-Distributions cautionne 6 milliards en chèques et le reste en biens immobiliers
Un beau pactole pour les autorités en charge des
audits. Huit milliards dont deux en caution hypothécaire et six en chèques,
c’est la somme que Pape Aly Guèye, directeur de Myna-Distribution, a accepté de
cautionner pour recouvrer la liberté.
Le Doyen des juges vient de réussir une
belle opération.
Le directeur de Myna-Distribution, qui gagnait tous les
marchés de la Senelec, Pape Aly Guèye a accepté de cautionner pour éviter de
justesse un mandat de dépôt vendredi dernier. Il a mis sur la table 8 milliards
dont six milliards de francs Cfa en chèques et une valeur de deux milliards en
caution hypothécaire, c’est-à-dire des biens immobiliers.
L’homme
d’affaires que certains identifient comme étant un ami de l’ex-ministre de
l’Energie, Samuel Sarr, était cuisiné par les gendarmes de la Section de
recherche depuis vendredi dernier. C’est à la suite de cette audition qu’il a
été présenté au Doyen des juges qui l’a inculpé de deux chefs d’accusation. Il
est poursuivi pour escroquerie portant sur des deniers publics et du délit de
faux et usage de faux. Pape Aly Guèye, qui se trouve être aussi le beau-fils de
l’homme d’affaires Mbackiyou Faye, a ainsi préféré monnayer sa liberté au prix
fort en acceptant de cautionner cette rondelette somme. Car, il est resté
pendant plusieurs heures vendredi dernier, dans la cave du Palais de justice de
Dakar avant de retrouver par ce procédé la chaleur familiale.
Il y a deux
ans, La Gazette avait révélé un gros scandale dans son édition. Abdoulatif
Coulibaly, alors patron de ce magazine avait dans un article, identifié un
nombre total de quatre contrats majeurs qui lui ont été octroyés entre 2005 et
2010, pour un montant global de 22 milliards de F Cfa par son ami Samuel Sarr,
ministre de l’Energie durant cette période.
Le journaliste avait dénoncé
les conditions très «favorables» qui étaient offertes à l’homme d’affaires Pape
Aly Guèye pour l’exécution de ces contrats. «Les clauses contractuelles arrêtées
lui accordent des tolérances de l’ordre de 20%, en moins ou en plus, sur toute
marchandise passée et livrée par la société», écrivait le journaliste. Selon
toujours le journal, certains cadres de la Senelec, analysant cette clause
contractuelle, avaient considéré que c’était «un vol organisé qui permettait aux
protagonistes du marché de se partager 20% du montant des marchandises facturées
mais non livrées au client du fait de la marge de tolérance accordée».
Ainsi, sur le premier contrat d’un peu plus de 7 milliards, il lui était
loisible de ne pas livrer 20% des poteaux commandés. «Ce qui représente un
montant total d’au moins 1, 2 milliard de F Cfa», écrivait M. Coulibaly.
S’en suivra une seconde commande pour un montant de plus de deux milliards
de F Cfa. Au total, lit-on dans l’article de La Gazette, Aly Guèye a reçu une
commande totale de 50 139 poteaux, pour un montant global de 3 590 834 339
francs Cfa. Des poteaux dont la longueur varie entre 9 et 12 mètres. Ils ont été
tous livrés à la Senelec, le problème est qu’une mission du Contrôle général de
la société a relevé de très graves défauts sur le matériel livré.
Pire, avait
souligné Latif, Myna- Distribution n’a jamais remplacé ou remboursé le matériel
avarié, estimé en quantité à 50 139 poteaux, son coût financier à 3 590 834 339
F CFA. Comme on le constate, en refusant de se conformer aux recommandations de
la mission de contrôle et d’y donner suite, Myna Distribution et son protecteur
réussissaient ainsi à gagner plus de 3 milliards de F CFA, sur le dos de la
société d’Etat.
par Ngoundji DIENG
© Copyright Le Quotidien
(Sn)
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