(Le Soleil 18/01/2013)
L’aéroport international Blaise Diagne (Aibd) de Diass, d’un
coût global de 300 milliards de FCfa, sera livré dans quelques années. C’est ce
qu’a indiqué, hier, son directeur général, Abdoul Mamadou Wane. Il recevait une
délégation de 35 députés qui ont manifesté leur satisfaction à propos de l’état
d’avancement des travaux.
L’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd)
de Diass sera effectivement livré « dans quelques petites années ». Cette phrase
sibylline de son directeur général en dit long sur les difficultés rencontrées
auprès des banques, dans le cadre du système de décaissement des 300 milliards
de FCfa nécessaires à la réalisation de l’infrastructure.
Malgré tout,
les travaux avancent bien, à la grande satisfaction de la délégation des députés
venue constater de visu le vaste chantier qui s’offre à la vue du visiteur qui
débarque sur le site de Mbadatte, dans la communauté rurale de Diass. Les
députés, sous la houlette de leur collègue Ndèye Lucie Cissé, présidente de la
commission Urbanisme, Habitats, Equipements et Transports, ont apprécié
positivement l’état d’avancement des travaux. Au nom de ses collègues, Mme Cissé
a salué le travail « exceptionnel » réalisé pour sortir de terre ce projet «
futuriste ». La piste d’atterrissage est prête. Elle peut accueillir en plein
jour un Airbus A380, précise le directeur général d’Aibd. L’opération de
balisage de la piste se poursuit avec l’installation des câbles. La Senelec est
d’ailleurs en train de mettre en place des lignes de 31 KVa, insiste Abdoul
Mamadou Wane.
3 millions de passagers et 75.000 tonnes de fret par an
La visite du chantier a aussi permis de se rendre compte que le pavillon
présidentiel est presque prêt. La délégation de parlementaires a trouvé, sur les
lieux, des ouvriers en train de s’affairer autour du carrelage dudit pavillon.
En ce qui concerne l’aérogare principal, l’infrastructure attend encore
l’installation de son toit. En résumé, une quarantaine de nationalités est
représentée pour 2000 emplois créés avec un pic attendu de 4000 agents lorsque
le chantier atteindra sa vitesse de croisière. L’impact économique d’Aibd sera
sans conteste, à en croire ses responsables qui s’attendent à accueillir 3
millions de passagers par année, avec une capacité de 75 000 tonnes de fret. A
terme, les exportations du Sénégal (poissons, produits horticoles, tourisme…)
seront davantage dopées pour une réduction considérable de la balance
commerciale du pays qui affiche un déficit abyssal de 1405 milliards de FCfa.
Les députés se sont aussi réjouis du fait que le nouvel aéroport va participer
grandement au désengorgement de Dakar pour offrir aux populations polarisées une
meilleure qualité de vie. Construit sur un site de 4800 hectares, l’Aibd est
conçu pour tenir lieu de hub continental en matière de transport aérien. Aibd a
été financé à partir d’un prêt de 406 millions d’euros (environ 266 milliards de
FCfa) accordé par des institutions financières comme le Fonds saoudien, la
Banque islamique de développement (Bid), la Banque africaine de développement
(Bad), l’Agence française de développement (Afd), etc. La redevance dite Rdia a
aussi permis de financer le projet. C’est une somme de 35 000 FCfa collectée sur
tout billet d’avion émis au départ du Sénégal. Ce qui représente une manne
financière d’environ 20 milliards de FCfa. L’Aéroport international Léopold
Sédar Senghor ne sera pas fermé pour autant, assure la direction
générale.
Un comité de dialogue formé pour la prévention des conflits
sociaux
La visite de chantier effectuée hier par les députés sur le site de
l’Aibd a permis de constater que les préoccupations majeures des populations
polarisées et des élus tournent autour du recrutement des jeunes de la contrée
et du recasement, suite à la délocalisation de trois villages, pour des raisons
de sécurité. Les députés Hawa Dia Thiam, Boubacar Biaye, Mamadou Faye, Maguette
Dioh, Sadio Danso, Penda Seck et Awa Niang ont tous fait part de leurs
inquiétudes relativement à ces deux sujets à caractère social.
Le directeur
général d’Aibd est formel : un comité de dialogue, réunissant l’entreprise, les
élus locaux et le personnel d’Aibd, a été mis en place et s’est même réuni le
mois dernier pour prévenir et éteindre tout foyer de tension. La direction
générale de l’aéroport précise, en outre, qu’elle n’est pas l’employeur direct
des travailleurs car si l’on se réfère au montage de la société, c’est Saudi Bin
Laden Group qui recrute les travailleurs. Aibd informe qu’il veille au respect
scrupuleux des dispositions du droit du travail de la part des Saoudiens. Mieux,
les populations valides des villages polarisés sont prioritaires pour de
nombreux emplois de manœuvres que fournit la société. S’agissant du site de
recasement, Aibd informe que 350 maisons, de 400 m2 l’unité, sont en
construction dans le cadre d’une approche inclusive impliquant notamment les
représentants des trois villages délogés.
Les élus du peuple sont d’ailleurs
appelés à convaincre les populations afin que l’opération de recasement puisse
se dérouler de manière pacifique. Pour la construction de l’aéroport, il a fallu
la destruction, à Diass, de 900 hectares de forêts que la société s’engage à
reforester dans le cadre d’une vaste opération de reboisement de 65000 arbres,
en synergie avec le ministère de l’Ecologie et du développement durable. Le
coordonnateur du projet, Houssine Mongi, responsable du groupe tunisien Studi,
assure, pour sa part, que l’Aibd recevra sûrement la certification de
l’Organisation de l’aviation civile internationale (Oaci) avant le démarrage
officiel de ses activités. La société veille ensuite à respecter les normes
liées au risque aviaire. Il s’agit de rechercher les sources d’attraction des
oiseaux et d’éviter la stagnation des eaux de même que les décharges publiques.
L’infrastructure sera aussi dotée d’équipements de dernière génération pour
assurer l’effarouchement des oiseaux, qui sont une source potentielle de danger.
Mamadou Lamine DIATTA
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Soleil
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