mardi 15 janvier 2013

Réduction du mandat présidentiel: la tenue d'un référendum divise Macky Sall et alliés

(Seneweb 15/01/2013)
Il l’avait promis au cours de la course vers le palais présidentiel pour le réaffirmer au lendemain de son élection à la magistrature suprême. Macky Sall souhaite ramener la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans, renouvelable une seule fois et de bloquer sa révision. Une exigence des Assises nationales qui se heurte cependant aux conclusions de la commission des réformes de la constitution.

Entre le marteau de sa promesse à tenir, l’enclume des exigences des Assises nationales et les conclusions de la Commission de réforme des institutions, Macky Sall peine à savoir sur quel pied danser. Sa volonté exprimée d’une réduction de la durée du mandat présidentiel qui devrait passer de sept à cinq ans, peine à trouver un début d’exécution. Les Sénégalais attendent depuis bientôt dix mois, les signes annonciateurs, de sa matérialisation.
REVISION CONSTITUTIONNELLE OU VOIE REFERENDAIRE
L'article 27 de la Constitution du 22 janvier 2001 stipule que "le président de la République est élu pour un mandat de 7 ans, renouvelable, une fois. Cette disposition ne peut être modifiée que par voie référendaire". Grosses épines pour Macky Sall. En effet, ce dernier confronté à des rigueurs budgétaires, s’était résigné à annuler les élections sénatoriales, pour faire face aux inondations. Aujourd’hui, on voit mal le président Macky Sall passer à l’organisation d’un référendum afin de réduire la durée de son mandat. Or dans la nomenclature du budget de 2013, aucune rubrique n’est prévue pour l’organisation d’un tel scrutin. Dès lors, on peut subodorer que si réduction il y aura, cela ne pourrait se faire qu’en 2014. La seconde alternative serait alors de procéder à une révision constitutionnelle qui risque de réveiller de leur torpeur les tenants du mouvement «Touche pas à ma Constitution». Et même dans son propre camp, certains comme Mously Diakhaté rappelle que «Macky Sall avait juré de respecter et de faire respecter la Constitution».
LE MARTEAU DE LA PROMESSE
Après avoir endossé la charte des Assises nationales, Macky Sall sur le chemin du palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor, l’avait signée et affirmé sa volonté de ramener le mandat présidentiel de 7 à 5 ans. Une promesse qu’il avait réaffirmée dans son adresse à la nation du 03 avril dernier. «J'ai décidé de ramener à cinq ans le mandat de sept ans pour lequel je suis élu sous l'empire de l'actuelle Constitution". Et comme pour se mettre les menottes lui-même, il ferme la parenthèse : «Je tiens également à ce que les dispositions constitutionnelles limitant l'élection du président de la République à un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois, soient verrouillées sans possibilité de modification". On ne peut pas être plus clair... Toutefois, cette volonté du président Macky Sall se heurte à l’opposition de certains faucons tapis dans son entourage et qui l’auraient même dissuadé d’en faire état dans sa seconde adresse à la nation sénégalaise, le 31 décembre dernier.
LE VETO DES FAUCONS
Cet élément central du dispositif de rupture démocratique et républicaine, prônée par Macky Sall semble recevoir du plomb dans les ailes. Après vérifications et recoupements, il ressort que deux écoles de pensée s'affrontent au sein de l'Alliance pour la République (APR) d'une part et au sein des alliés d'autres part. Chez les républicains Moustapha Cissé Lô, Alioune Badara Cissé, Mahmoud Saleh, Jean Paul Dias n'ont pas dit leur dernier mot et ne veulent pas s'aventurer dans un "quinquennat de trois ans". En effet, leur argument repose sur le fait que la première année est une année d'installation et la dernière, celle de l'élection. Ce qui fait qu'en réalité, au Sénégal, le quinquennat reviendrait à trois ans.
Un tel argument ne saurait prospérer dans le camp des alliés, notamment avec Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng et Idrissa Seck. Ce trio, selon un responsable politique de premier plan de l'APR, «prend en otage le chef». Poursuivant, celui-ci avance que «le moment venu, ils presseront Amadou Makhtar Mbow d'accélérer les réformes institutionnelles qui déboucheront sur la tenue rapide d'un référendum. Parce que ce sont des candidats en puissance pour le fauteuil présidentiel. Ils ne peuvent pas attendre 7 ans. C'est trop long». Interrogé sur la question, le député Thierno Bocoum, responsable des jeunes de Rewmi, affirme qu’il n’y a «aucune pression». Selon lui, «Macky Sall l’a promis, il va le faire». Poursuivant, il ajoute que c’est juste une question de temps, voire de calendrier. La question serait alors, selon le jeune ‘’rewmiste’’, «quand est-ce qu’il va le faire ?»
Les tenants de la thèse de la réduction du mandat trouveront sur leur chemin, l’obstacle dressé par le professeur Malick Ndiaye. Ce dernier est l’un des plus grands défenseurs du maintien du mandat présidentiel dans sa durée actuelle. Pour lui, «Macky Sall n'a pas le droit de réduire son mandat qui est réglementé par la constitution». Une thèse qu’il avait défendue au cours d’une conférence. Comme pour lui répondre en écho, Mously Diakhaté renchérit : «Une constitution qu'il a juré de respecter et de faire respecter». Pour couper court à ce débat Jean Paul Dias avait au cours d’une de ses sorties, asséné : "Je suis partisan du maintien du mandat à sept ans. Je répète que ce mandat est celui qui est dans la Constitution. Le texte fondamental n’a pas été modifié par Macky Sall, qui a prêté serment devant le Conseil constitutionnel de respecter la Constitution. Or ce texte dit que le mandat du président de la Répu­blique est de sept ans. Prêter serment est plus fort que toute éventuelle déclaration politique. Donc, je reste partisan d’un Sénégal avec un système particulier où le premier mandat du Président sera un septennat et le deuxième un quinquennat. Et, bien sûr, un mandat renouvelable une seule fois".
RIEN QUE DU BLUFF SELON OUMAR FAYE
Le patron du mouvement Leral Askan Wi s’est lui fait une religion. «Si Macky Sall s’acharne avec ses auditions et levée d’immunité parlementaire, c’est juste pour divertir le peuple et lui faire oublier sa promesse de réduire son mandat». Pour Oumar Faye, l’urgence aujourd’hui pour le camp au pouvoir, est de «déclencher le processus de la réduction de la durée du mandat présidentiel. On en parle depuis quelques temps, sans qu’on ne voie rien». Péremptoire, Oumar Faye accuse : «Macky Sall fait tout pour qu’on oublie cette promesse et qu’il aille vers les sept ans». Aussi, il n’en garde pas moins une dent contre les leaders de Benno Siggil Sénégal et ceux des Assises nationales qui selon lui, «n’osent pas parler. Car tout ce qui a été dit comme recommandations des Assises nationales a été violé par Macky Sall». Celui-ci de citer : nominations aux postes de direction, forte présence de la famille du président dans les affaires…

Auteur: Le Pays au Quotidien
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