(Le Soleil 31/01/2013)
L’Etat sénégalais veut éradiquer, sur l’ensemble du
territoire national, le phénomène de la mendicité. Présidant hier l’atelier
d’élaboration du plan d’actions stratégique pour l’éradication de la mendicité
infantile au Sénégal, le ministre de la Femme, de l’enfance et de
l’entreprenariat féminin, Mme Mariama Sarr, a indiqué que cette pratique a des
conséquences néfastes sur le développement de notre pays.
« La présence
persistante des talibés dans les rues de la capitale et dans les autres villes
constitue un facteur humainement et socialement insoutenable », a affirmé, hier,
Mme Mariama Sarr qui a présidé les travaux de cet atelier.
Pour le
ministre de la Femme, de l’enfance et de l’entreprenariat féminin, la mendicité
des enfants a des conséquences néfastes sur le développement de notre pays. En
effet, selon une étude réalisée par Under standing children’s work (Ucw),
initiée par la Banque mondiale, l’Unicef et le Bureau international du travail
(Bit), Dakar compterait 7.600 enfants mendiants dont 42 % viennent de la
sous-région.
Cette même étude révèle que 90% de ces enfants mendiants
sont des talibés, c’est-à-dire des enfants issus d’écoles coraniques. « Nous
faisons face aujourd’hui à un spectacle désolant et insupportable qui met en
scène des êtres humains dont l’âge varie entre 4 et 15 ans, habillés en
haillons, sans chaussures, parcourant des kilomètres à la recherche de pitance
quotidienne et de l’argent au profit de tierces personnes véreuses et ce, au
détriment de leur éducation, de leur santé et de leur avenir », a ajouté Mariama
Sarr.
Pour le ministre, il est temps de mettre un terme à cette
situation d’exploitation et de maltraitance extrême qui n’honore pas le Sénégal,
encore moins notre religion. Au regard de la gravité de ce fléau qui gangrène le
pays, Mme Sarr a déclaré que durant des décennies, il n’y a pas eu d’issue
heureuse.
« D’où la nécessité de trouver des solutions idoines pour son
éradication ». Elle a en outre indiqué qu’une lutte contre la mendicité passera
forcément par une application effective des différentes lois interdisant la
traite des personnes, une règlementation des daaras, une révision et application
de curricula adaptées.
« Il y a aussi lieu de penser à une proposition
d’offres de formation qualifiante pour les enfants, une prise en charge
communautaire des daaras avec une forte implication des parents et des
organisations de femmes, mais aussi un renforcement des capacités économiques
des familles ».
Pour sa part, la représentante résidente de l’Unicef,
Giovanna Barberis, a regretté l’extrême précarité qui habite ces enfants. « Ces
derniers sont exploités le plus souvent et risquent même d’être livrés au trafic
humain, aux abus sexuels et à d’autres formes de violence ».
La
représentante de l’Unicef a souligné que ces enfants qui viennent, pour la
plupart, des pays limitrophes (Guinée-Bissau, Guinée Conakry, le Mali et la
Gambie) passent tout leur temps à mendier « et sans répit, exécutant ainsi les
ordres de leurs maîtres coraniques».
Serigne Mansour Sy
CISSE
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Soleil
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