Cela fait plus de vingt minutes que Nabou est en train de discuter le téléphone scotché à l’oreille. Elle parle, crie murmure et chuchote selon son humeur du moment. Comme beaucoup de jeunes Sénégalais, cette jeune fille à l’allure altière est une « phone addict », cette nouvelle génération qui ne peut vivre sans le téléphone
Au Sénégal, le mobile a pris une place de choix dans la vie quotidienne. Il est devenu une nécessité sociale. Et disposer de l’appareil permet de remplir plus facilement certaines obligations sociales : justifier une absence lors de cérémonies, présenter des salutations ou des condoléances.
« Jamais sans mon téléphone », tel pourrait être le leitmotiv de beaucoup de Sénégalais dont plusieurs ont deux ou trois téléphones portables.
Les adolescents sont pour la plupart des adeptes du Sms. Ils s’envoient des « texto » et se connectent sur Internet via leur téléphone portable.
D’autres sont des adeptes de jeux auxquels ils jouent sans discontinuer.
Pape Diop, un marchand ambulant de Sandaga a trois téléphones dont chacun est abonné à un des trois opérateurs du marché. « Cela me permet d’avoir du crédit en permanence et de bénéficier des bonus à chaque fois qu’il y en a ».
Ses nombreux téléphones l’aident dans son commerce. Certaines de mes clientes m’appellent souvent pour me passer des commandes et je leur donne rendez-vous dans un lieu qui les arrange et je fais la livraison. Quand je perds un téléphone avec le répertoire, je suis en deuil car c’est mon business qui en pâtit », explique-t-il.
A l’université, Mawa et ses amies discutent tranquillement tout en ayant le pouce collé aux claviers de leurs téléphones.
« Ici, pour être fashion, il faut avoir les derniers modèles de téléphones. Soit un Iphone, un Galaxy S3 ou à la limite le dernier modèle de Blackberry. Plus un outil de communication, le téléphone est un accessoire pour frimer et montrer son rang social », explique Astou, une lycéenne qui tapote son Blackbery Bold de couleur rose fushia, sans doute, une manière d’attirer les regards.
Même si les modèles les plus chères sont les plus prestigieux, le nombre d’abonnés à des forfaits mensuels ne dépasse pas 1% des utilisateurs. Dans 99% des cas, les sénégalais utilisent le système du prépayé qui permet de mieux gérer ses dépenses et de bénéficier des bonus périodiques offertes par les opérateurs.
Une aubaine pour les opérateurs de téléphonie
L’autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) a annoncé en Octobre 2012 que le seuil des 10 millions d’abonnés a été dépassé. A cette date les Sénégalais étaient 10 712 052 utilisateurs de téléphone portable. Orange est l’opérateur vedette. Il se taille la part du lion avec 62,9 % des parts de marchés contre 24 % pour Tigo et 12, 4 % pour Expresso. L’ARTP annonce un taux de pénétration qui frôle les 80%. En 2009, les statistiques de l’Agence de régulation des télécommunications (ARTP) montraient déjà cette tendance : plus d’un sénégalais sur deux était abonné à un service mobile et a un téléphone portable.
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