(Xinhuanet 31/01/2013)
DAKAR -- L'enquête sur les biens mal acquis par les anciens
dignitaires du régime sénégalais défait en 2012, a été relancée avec la
convocation mardi de l'ancien ministre Ousmane Ngom à la Division des
Investigations criminelles, où a été entendu pendant six heures par les
policiers.
Cette audition de Ngom, député libéral dont l'immunité
parlementaire a été levée le mois dernier, ainsi que celle de deux de ses
collègues députés et anciens ministres soupçonnés de malversation, est la suite
logique d'un long processus enclenché depuis l'avènement du nouveau régime en
avril dernier.
Elle est le signe manifeste, selon beaucoup
d'observateurs, de la volonté des nouvelles autorités à poursuivre, jusqu'au
bout, les procédures enclenchées dans le cadre de l'enquête sur les biens mal
acquis.
Saisie d'une lettre en date du 19 décembre 2012 par le procureur
spécial près la Cour de répression et d'enrichissement illicite, qui souhaite la
levée de l'immunité parlementaire de ces trois députés, la majorité à
l'Assemblée nationale (coalition au pouvoir) a vite constitué une commission ad
hoc pour statuer sur la demande du procureur.
Ce dernier soupçonne Ngom,
Sarr et Baldé d'avoir "profité de leurs fonctions gouvernementales passées pour
s'enrichir de façon illicite".
Quelques jours auparavant, c'est Alioune
Aïdara Sylla, un ancien député proche de l'ex-président Abdoulaye Wade, qui a
été interpellé dans la nuit du 31 décembre, à l'aéroport en provenance de
Dubaï.
L'ancien parlementaire, qui selon plusieurs sources a été filé,
détenait sur lui, trois chèques d'un montant d'un peu plus de trois milliards
appartenant à l'ancien président Wade.
Résultat, Aïdara Sylla sera
inculpé et placé sous mandat de dépôt pour "association de malfaiteurs,
détournement de biens publics et blanchiment d'argent".
Beaucoup de
responsables de l'ancien régime sont interdit de sortie du territoire et
continuent des va-et-vient soit à la Gendarmerie soit à la Direction de la
police pour être entendus par les enquêteurs.
Parmi ces responsables,
figurent le fils du président Wade, Karim ancien ministre d'Etat, ainsi que les
anciens ministres Madické Niang (Affaires étrangères) et Samuel Sarr
(Energie).
"Il ne fait aucun doute que nous resterons déterminés et nous
irons jusqu'au bout dans cet exercice", avait déclaré la ministre Sénégalaise
Mariama Touré devant les députés.
Le président de la République lui-même
ne manque pas d'occasion pour rappeler sa détermination à faire payer ceux qui
seront coupables de s'enrichir illicitement.
"Toutes les procédures
engagées en matière d'audits et d'enquêtes sur des ressources et biens mal
acquis seront rigoureusement menées jusqu'à leur terme. Et la justice suivra son
cours", avait-il affirmé dans son message du nouvel an.
Et c'est pour
instaurer une bonne gouvernance au Sénégal où le laxisme et la gabégie sous
l'ancien régime avaient laissé la porte ouverte à de nombreux abus, selon les
observateurs, le chef de l'Etat sénégalais, a réactivé la Cour de Répression
contre l'enrichissement illicite (juridiction d'exception) tombée en désuétude
peu après sa création en 1980 par le président Abdou Diouf.
Particularité
de cette cour: c'est l'accusé qui doit justifier que son patrimoine a été acquis
d'une manière licite.
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