(Le Parisien 28/03/2012)
L'ex-Premier ministre Macky Sall est devenu dimanche le nouveau chef de l'Etat sénégalais en l'emportant avec 65,80% des voix contre 34,20% au chef de l'Etat sortant Abdoulaye Wade.Le nouveau président sénégalais Macky Sall l'a emporté dimanche au second tour de la présidentielle avec 65,80% des voix contre 34,20% au chef de l'Etat sortant Abdoulaye Wade, a annoncé mardi la Commission nationale de recensement des votes.
Le taux de participation a été de 55%, légèrement supérieur à celui du premier tour du 26 février (51,58%). Le président Wade avait reconnu sa défaite et félicité son adversaire dès dimanche soir après publication des premiers résultats qui montraient qu'il était largement battu.
«Je serai le président de tous les Sénégalais» a promis Macky Sall, le nouvel homme fort du Sénégal, dimanche au soir du second tour de l'élection présidentielle. «Ce soir une ère nouvelle commence pour le Sénégal», s'est félicité le vainqueur, saluant la maturité des électeurs et de la démocratie sénégalaise, tout comme l'avait fait le président sortant Abdoulaye Wade. «Vous avez été nombreux (...) à vous rendre aux urnes et à voter librement, dans le calme et la sérénité», et «je vous félicite tous et toutes pour la part déterminante que chacun de vous a jouée dans ce processus», a-t-il ajouté.
«Quand on voit ce qui se passe au Mali, eh bien, c'est un facteur d'espérance pour toute l'Afrique», a noté lundi le président de la République Nicolas Sarkozy, sur l'antenne de France Info. Le Sénégal, «un pays considérable d'Afrique», a été un «modèle de démocratie» et que «les choses se passent aussi dignement, il faut que Abdoulaye Wade en soit félicité, ainsi que Macky Sall», a ajouté Nicolas Sarkozy.
Macky Sall qui l'a emporté face à son mentor Abdoulaye Wade, aura eu une ascension-éclair, accédant au sommet de l'Etat en une douzaine d'années. A 50 ans, Macky Sall, qui se qualifie de « résistant républicain », réussit un coup de maître: à sa première élection présidentielle, il l'emporte sur celui qui l'a inspiré et dont il fut l'homme de confiance, le président Abdoulaye Wade qui l'appelait son «apprenti».
Dans le sillon d'Abdoulaye Wade. Cet ingénieur-géologue, géophysicien, formé au Sénégal et en France, marié et père de trois enfants, est presque inconnu du gotha politique sénégalais quand Wade l'appelle pour la première fois au gouvernement, en mai 2001, comme ministre des Mines, de l'Energie et de l'Hydraulique (2001-2003). Il est alors directeur général de la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen). Il passera ensuite dans plusieurs ministères, dont celui de l'Intérieur (2003-2004), puis sera Premier ministre de 2004 à 2007 avant d'être président de l'Assemblée nationale (2007-2008).
En 2007, il devient directeur de campagne du président Wade pour la présidentielle de 2007 et est le numéro 2 du Parti démocratique sénégalais (PDS, pouvoir) où il milite depuis 1988, après un bref passage à gauche.
Le passage dans l'opposition. En 2008, il entre en conflit avec le président Wade. Ce dernier n'apprécie pas que son fils, Karim Wade, président d'une Agence nationale chargée des travaux pour un sommet islamique à Dakar en mars 2007, soit convoqué devant les députés pour une explication sur son action.
Les partisans du chef de l'Etat redoutent un « piège » tendu à Karim Wade avec cette convocation. Ils lui font payer cher ce « crime de lèse-majesté » et présentent une loi réduisant de cinq à un an le mandat de président de l'Assemblée nationale qu'il occupe. Macky Sall refuse de démissionner comme le lui demande une pétition signée par la majorité des députés du PDS. Il rejette également la disposition et entre en dissidence.
Le soir même de l'adoption du nouveau texte, en novembre 2008, il démissionne de toutes ses fonctions étatique et élective, président de l'Assemblée nationale, député et maire de Fatick, commune du centre où il est né le 11 décembre 1961. « J'ai voulu donner un exemple de résistance républicaine», disait-il le soir de sa démission, devant plusieurs centaines de partisans.
La conquête du pouvoir. Il créé alors l'Alliance pour la République (APR), un parti libéral, sous la bannière duquel il redevient maire de sa ville en 2009. Il s'ancre de plus en plus dans l'opposition et refuse depuis lors tout compromis avec Wade, qu'il dit n'avoir pas rencontré depuis son départ du pouvoir.
Au premier tour de l'élection présidentielle, il arrive second (26,58%) derrière son mentor (34,81% ). Il obtient alors le ralliement des douze candidats battus du premier tour, qui voulaient absolument barrer la route à Abdoulaye Wade dont ils jugeaient la candidature «anticonstitutionnelle» après deux mandats. Il dispose également du soutien de mouvements de jeunes comme «Y'en a marre» et de celui du célèbre chanteur Youssou Ndour.
Un air bonhomme trompeur. L'homme, grand et enrobé, a un visage austère au point qu'on l'a surnommé « Niangal », visage fermé en langue nationale wolof. Peu expansif, il dégage un air de naïf, une image trompeuse selon des proches. « Il n'est pas du tout docile comme il en a l'air. C'est un homme constant qui respecte sa parole », dit de lui El Hadji Wack, député PDS.
Ses anciens amis au pouvoir le présentent comme « un homme pas mûr », d'autres dans l'opposition comme « un complice du système Wade » doublé d' « un homme pressé de prendre le pouvoir ». A contrario, ses partisans mettent en avant son expérience accumulée comme homme d'Etat et son flair politique lui ayant permis d'éviter de circonscrire sa campagne dans la seule dénonciation de la candidature de Wade à la présidentielle de 2012. « Pendant que les opposants restaient à Dakar dans les salons, il a fait le tour du pays et à l'extérieur pour chercher des voix. C'est un homme avec qui il faudra compter pendant des années », remarque l'opposant sénégalais Moustapha Fall.
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