lundi 12 mars 2012

Sénégal : La posture responsable de l’opposition

Macky Sall a de quoi se voir déjà président. En effet, sous la bannière du Rassemblement des forces du changement, l’opposition sénégalaise lui apporte son soutien indéfectible. Quant à son adversaire Gorgui, il devrait avoir le sommeil trouble, avec cette coalition qui a désormais un nom et une ambition clairement formulée : le renvoyer cultiver son jardin. Le « vieux » se retrouve ainsi seul contre tous les opposants de son pays. En attendant de voir comment ce dernier pourra se tirer d’affaire, on peut d’ores et déjà applaudir cette posture responsable de l’opposition politique sénégalaise. Car, si chacun des opposants avait vu midi à sa seule et unique porte au point de faire cavalier seul au premier tour, cette alliance, au deuxième tour, quoique tardive, traduit toute la volonté de l’opposition sénégalaise de bouter hors du Palais, Wade, qui s’est entêté à briguer un troisième mandat. L’Afrique regorge de moult exemples où, en cas de second tour, des opposants adoptent la stratégie du lépreux, qui mine toute possibilité d’alternance. De fait, sous les tropiques africains, en cas de second tour, si certains ne recourent pas à cette stratégie de la terre brûlée qui consiste à décourager ses militants à voter pour l’autre, ils se rallient tout simplement au président sortant pour d’éventuels postes en cas de victoire. Ce serait donc de la manière la plus élégante qui soit, si l’opposition sénégalaise désormais unie, parvenait à faire partir Gorgui à travers les urnes. En tous les cas, il faut saluer à mi-parcours la maturité d’esprit de la classe politique sénégalaise, sans exception aucune. On n’aura pas assez de le faire quand on sait que la tension sociopolitique qui a prévalu au pays de la Téranga, aurait pu produire des résultats très peu honorables. Plus d’un avait, en effet, retenu son souffle, craignant le pire, mais jusqu’ici, le Sénégal surprend agréablement. Tout le mérite revient au peuple sénégalais, à la classe politique, pouvoir et opposition confondus. La victoire dès le premier tour annoncée par le pouvoir n’aura pas eu lieu, et le président sortant se sera résolu à cette vérité. Certes, d’aucuns diraient que le contexte ne lui était pas favorable, que les projecteurs étaient braqués sur lui au point qu’il n’avait aucune marge de manœuvre pour la fraude. Mais ailleurs en Afrique, toutes ces conditions réunies n’empêchent guère le candidat à sa propre succession d’opérer un passage en force. L’essentiel étant pour lui d’empoigner sa chose. C’est en soi déjà une victoire pour le Sénégal, que le premier tour n’ait pas été émaillé de violences. Reste à espérer que Wade aura la même attitude d’acceptation au cas où il viendrait à perdre le second tour. Idem pour le candidat Macky Sall. C’est le Sénégal, et partant toute l’Afrique, qui aura alors gagné.

Boulkindi COULDIATI
Le Pays

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