mardi 20 mars 2012

Présidentielle sénégalaise : Terrorisme politico-spirituel

(L'Observateur Paalga 20/03/2012) 
A quelque une semaine du second tour de la présidentielle sénégalaise, la campagne électorale glisse dans une campagne d’intimidation. Au point qu’il ne serait pas du tout exagéré de se demander si le «phare de la démocratie africaine» n’est pas en train d’entrer dans une phase d’extinction.
Du moins sous la présidence d’Abdoulaye Wade qui, il faut le reconnaître, depuis qu’il s’est installé sur l’avenue-Léopold-Sédar-Senghor, n’a cessé de multiplier les outrages à cette «exception sénégalaise».
Quel est le chef d’Etat sénégalais qui a propulsé son fils aux plus hautes fonctions de la république ? Abdoulaye Wade.
Qui est celui qui a tenté, avant de céder sous la pression de la rue, d’imposer un scrutin présidentiel à un seul tour ? Encore Wade.
Quel est le président sortant dont la candidature a suscité tant de polémiques et tant de manifestations violentes avec morts d’hommes ? Encore et toujours Abdoulaye Wade.
Dernière manifestation en date de cette «waderie», expression désignant les incartades du président Wade, l’organisation, le samedi 17 mars dernier, d’une marche-meeting de talibés, ces dévots à la solde d’un chef spirituel.
Mais en lieu et place d’une manifestation de soutien au candidat du PDS, les Dakarois ont assisté, médusés, à un véritable exercice d’intimidation physique.
En effet, armés de gourdins, de gros bras aux allures de lutteurs gréco-romains à la tête de tueurs et obéissant au doigt et à l’œil du sulfureux chef mouride, Cheick Bethio Thioune, ont pris d’assaut la Place de l’Obélisque. Répondant au ndiguël, consigne de vote, du guide religieux, ils se sont engagés à maintenir, au soir du dimanche 25 mars, le président sortant au pouvoir. Et le message est on ne peut plus clair : quitte à jouer du biceps et du gourdin s’il en faut.
Prémices d’un second tour où tous les coups seront permis ? Il faut bien le craindre.
Certes, «Gorgui» n’est pas l’instigateur de ce terrorisme politico-spirituel. Pour autant, sa responsabilité n’en est pas moins engagée. Car nul doute que cette indécente démonstration de force n’a pu se tenir sans sa bénédiction, du moins sans son accord de non-objection.
Au crépuscule de sa présidence et de sa vie politique, Abdoulaye Wade ne cessera de décevoir tous ceux qui avaient fondé de réels espoirs sur son sacre suprême.
Quelle «waderie» le «Vieux» nous réserve-t-il le jour de l’ultime scrutin ? On attend de voir, la peur au ventre.


Par Alain Saint Robespierre

© Copyright L'Observateur Paalga

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire