vendredi 2 novembre 2012

Il est midi, Monsieur le Président.

(Nettali 02/11/2012) NETTALI.NET - La messe est dite. Le Sénégal dans son entier demandait et attendait un acte et une attention à ses désirs de changements que ses populations avaient exprimés un certain 25 mars 2012.
Il y eut, c’est vrai reconnaissance d’un flottement, à travers la déclaration du premier ministre Abdoul Mbaye, qui explique ce réaménagement par un besoin de plus d’efficacité. Mais il convient tout de même de se poser cette question : « Un remaniement pour quoi faire ? »
Si c’est pour s’attaquer aux desideratas des sénégalais et tout de suite, c’est banco, mais si c’est pour dans six mois encore redemander un nouveau joker, ce serait le chant du Cygne, pour ne pas dire le signe d’un chant significatif et de mauvais augure. Alors, évacuons d’emblée les éjections de quelques ténors, tout en évitant de se perdre en conjectures sur leurs motivations.
Mais il est clair qu’en dehors du fait que ces signaux seuls ne suffisent pas à éclairer la voie que veut prendre Macky Sall, la gestion des profanations des cimetières catholiques, et des émeutes créées par les thiantacounes dont ses fils feraient partie, ont précipité le départ de Mbaye Ndiaye du ministère de l’Intérieur. Déjà, à sa première bévue qui lui avait fait proclamer avec aplomb, que pour endiguer les accidents mortels sur les routes, il allait décréter l’interdiction de circuler la nuit, la stupéfaction le disputait au fou rire général, d’une population ahurie de tant de simplicité… d’esprit. La leçon à tirer pour Macky est que le ministère de l’intérieur n’est pas celui des élections mais celui de notre sécurité.
Que 200 hooligans déguisés en Thiantacounes aient pu sans coup férir mettre la ville sous coupe réglée, fait frémir si l’on pense à ce que des guerriers d’Aqmi pourraient faire sous un tel commandement. Quant à l’ancien ministre de l’éducation nationale, Ibrahima Sall, il est bien sympa, bien coiffé, et propre sur lui, mais question carrure, il laissait un peu à désirer, manquant singulièrement de vision pour nos enfants quand pour dit-il, les motiver, il parcourt, télés à ses basques, toutes les écoles de Dakar, accompagné, fier comme Artaban, de Modou Lô. Souleymane Bachir Diagne ne lui a pas traversé l’esprit.
Quant à Alioune Bara Cissé, il lui a été simplement signifié d’aller réapprendre l’ABC de la gouvernance qui exclut et distingue les relations amicales et la mission régalienne d’un département aussi sensible que celui des Affaires étrangères. Apparemment, on lui a rappelé qu’il se devait à ce poste d’être « étranger aux affaires ». Passons sur la bretelle de sortie dessinée à Youssou Ndour, auquel il a été confié le ministère des loisirs dans un pays où 90% de la population n’a jamais mis les pieds dans une salle de cinéma, autant dire qu’on l’a nommé ministre de la bagatelle et du « ciaxaan » (futilités).
Quoiqu’en étant cynique, c’est dans ce domaine que nous excellons le plus. Mais restons sérieux. Un tel remaniement ne saurait n’avoir que des qualités cosmétiques. Les Affaires Etrangères à Mankeur Ndiaye est un choix judicieux, à cependant mettre à l’épreuve des faits qui ces temps-ci sont brûlants, avec cette ceinture de feu qui nous enserre entre Gambie, Mali, Guinée Bissau et Mauritanie.
Quant à Latif Coulibaly, le mettre ainsi dans la lumière et à l’épreuve des réalités de la Bonne Gouvernance, va lui valoir une observation soutenue de la part de ceux qui l’avaient soutenu dans son combat journalistique contre toutes les prédations. A-t-on besoin d’un ministère de la bonne gouvernance ? C’est toute la question, tant cette notion se doit d’être une valeur transversale disséminée à tous les étages de ce gouvernement, chevillée aux actes posés par chaque responsable, sachant que la demande la plus symbolique et attendue par ceux qui ont élu Macky Sall, demeure la poursuite des audits et la clarification des innombrables dossiers déjà étudiés par les corps compétents comme l’Ige, l’Armp, et dont les conclusions attendent toujours examens au fond de tiroirs obstinément et peut-être opportunément fermés.
Un remaniement pour aller enfin vers ces promesses, cela s’entend, car leur résolution permettrait à coup sûr de diriger ses efforts vers des grands projets novateurs et dynamiques dans l’agriculture, l’énergie, nos hôpitaux en déconfiture, notre éducation en lambeaux et l’assainissement décrépi.
Monsieur le président, il est midi. Passons à table et travaillons, sans penser à 2017 car vous devrez prendre des décisions impopulaires. Ne prenez pas des décisions selon les forums sociaux ou les humeurs des professionnels des « Wax sa xalaat » (émission interactive d’expression libre). Vous seriez une singulière girouette.
Le ministre des sports a changé sous la pression des mécontents de notre élimination. Mais c’est là poser un faux problème qui ne mènera qu’à de fausses solutions. Sera-t-il ministre des Sports ou ministre du football, voire ministre de l’équipe nationale. Même le débat qui agite le milieu sportif sur la fédération qui devrait ou pas démissionner est biaisé, car on ne sait sur quel échec de quel programme faudrait-il la condamner, ni sur quelle politique ou quel projet, bâtir une nouvelle fédération. On reste encore une fois à observer et à disserter avec préciosité sur l’écume des choses.
Nous restons sans réagir derrière les écrans de fumée, et le feu allumé par Eric Philibert est un véritable brasier, dans lequel il risque lui-même de s’embraser. Pourquoi ce type se permet d’insulter les plus valeureux éléments de notre administration, sans recevoir la moindre mise en demeure de la fermer, de la part de la tutelle des agents diffamés par cet homme qui met en doute leur intégrité. Un étranger de surcroît !
Saurait-il de quoi il parle, serait-il des habituels corrupteurs de nos agents ? C’est la première question, celle qui fait office de fumée. La question subsidiaire est posée : Pourquoi s’agite-t-il ainsi, aurait-il craché son venin face au ventilateur ?
En tous cas l’affaire lamentable du Lamantin Beach, cela semble s’éclairer, c’est à la justice de déterminer les responsabilités et les culpabilités, en espérant que ce ne sera pas selon qu’on est puissant comme Touly, ou misérable comme Nicolaï que la justice va pencher. On risque de s’ennuyer ferme, sans grand combat à coups de millions et sans équipe nationale à encourager dans ses joutes continentales.
Il nous reste les facéties de nos musiciens, adeptes des inventions sémantiques qui font du Sénégal un must en matière d’inventivité dans le ridicule. Après le Pakarny et le Thiakhagoune, nous avons le « tax ci rip ». Proprement salissant pour notre éminente culture.
En attendant, on pourrait faire scintiller sur nos lucarnes de télévision des émissions formatrices et éducatives, autant que citoyennes qui prépareraient nos jeunes à un futur dont on ne leur dit pas assez qu’il sera extrêmement difficile pour eux.
On pourrait commencer en leur racontant cette décision prise par une ville de l’état de Floride aux Etats-Unis qui a interdit le port de pantalons dits « baggy », ces manières de se vêtir en montrant ses fesses à tout le monde. Ce port est à présent puni de fortes amendes. Dire et apprendre à nos jeunes gens que développer son cerveau et son intelligence débute par ne pas montrer ce qu’on a sous le pantalon à des personnes avec lesquelles on commerce socialement. Quand on veut avancer dans la vie on ne se déculotte pas. Ni ne nous prosternons d’ailleurs devant d’autre que devant Dieu. Question de fierté.

IDIOVISUEL, LA CHRONIQUE MEDIA DE NETTALI
ettali
© Copyright Nettali

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire