Le résident sénégalais Macky Sall a procédé au premier remaniement ministériel de son mandat. © AFP
Lors du remaniement ministériel du 29 octobre, le président Macky Sall a évincé deux de ses plus fidèles alliés des ministères régaliens de l'Intérieur et des Affaires étrangères. En remplaçant Mbaye Ndiaye et Alioune Badara Cissé par des fonctionnaires chevronnés, il entend ainsi faire passer l'efficacité avant toute autre considération. Au risque de se faire des ennemis.
En opérant, le 29 octobre, son premier remaniement gouvernemental depuis son élection il y a sept mois, Macky Sall n’a pris personne de court : à Dakar, la rumeur enflait depuis quelques jours. L’augmentation du nombre de ministres (de 25 à 30), en dépit des promesses de campagne, était également un secret de polichinelle. Ce qui était moins attendu, c’est que le président se sépare de ses deux principaux lieutenants. Deux fidèles qui l’avaient accompagné lorsqu’il était au fond du trou, et qui ont grandement œuvré à sa conquête du pouvoir.
Au lendemain de la victoire de leur leader, le 25 mars, Mbaye Ndiaye et Alioune Badara Cissé devisaient tranquillement dans le salon de la villa de Macky Sall. Ils ne savaient pas encore de quels ministères ils allaient hériter, mais ils étaient sûrs d’en être, eux qui avaient connu les galères de leur patron. En 2008, quand Sall est tombé en disgrâce au Parti démocratique sénégalais (PDS), ils furent de ceux, rares, qui l’ont suivi. Et c’est avec ces deux hommes (entre autres) que Sall a fondé l’Alliance pour la République (APR) quelques temps après. Cissé faisait office, depuis, de bras droit.Chute brutale
Ce n’est donc pas un hasard s’ils ont hérité, début mars, de deux ministères régaliens : les Affaires étrangères pour Cissé, l’Intérieur pour Ndiaye. Depuis, ils étaient considérés comme les ministres les plus importants du gouvernement dirigé par le banquier Abdoul Mbaye, avec une autre fidèle de Sall qui, elle, est toujours en poste : la ministre de la Justice Aminata Touré.
Pour eux, la chute est donc brutale. « Macky a dû faire un choix entre son parti et la patrie. Il a opté pour la seconde, comme il l’avait promis durant la campagne », affirme un proche du président. Une manière de dire ce qui bruitait depuis quelques temps : Cissé et Ndiaye n’étaient pas à leur place.
Le nom et le cursus des nouveaux-venus illustrent la tournure technocratique du nouveau gouvernement.
Le premier n’a jamais donné l’impression de savoir ce qu’il voulait faire de la diplomatie sénégalaise, malgré ses innombrables déplacements. Quant à Ndiaye (qui, joli lot de consolation, a été nommé ministre conseiller dans la foulée de son limogeage, contrairement à Cissé), il n’a jamais réussi à endosser le costume du premier flic du Sénégal.
Compétences reconnues
Le nom et le cursus de leurs remplaçants illustrent la tournure technocratique du nouveau gouvernement, et la priorité donnée à des hommes de terrain plutôt qu’à des cadres du parti. En lieu et place de ces fins politiciens, ce sont deux techniciens qui ont été nommés. Aux Affaires étrangères, un diplomate chevronné : Mankeur Ndiaye fut l’un des hommes-clés du département à l’époque de Gadio (de 2003 à 2009). Il a également officié en tant qu’ambassadeur au Mali et en France, où il venait tout juste de poser ses valises. Ses compétences sont unanimement reconnues.
À l’Intérieur (pour diriger les policiers donc), un gendarme apprécié : le général de corps d’armée Pathé Seck. Après avoir commandé la gendarmerie nationale de 1998 à 2005 (il a donc survécu à l’alternance), avec un bilan positif, il a joué aux ambassadeurs au Portugal. « Avec eux au moins, Macky sait qu’il nomme des gens qui connaissent leur métier », souffle un de ses conseillers. Mais peut-être a-t-il perdu deux amis.
Jeuneafrique.com
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