(Sud Quotidien 13/04/2012)
Malgré le tollé suscité par sa nomination au poste de
ministre de l’Intérieur, le très politique Mbaye Ndiaye de l’Apr a pris
possession de son département hier, jeudi 12 avril. Le chargé des affaires
électorales de l’Alliance pour la République siégera donc bien à la Place
Washington, en remplacement de Me Ousmane Ngom. Contre les recommandations des
Assises nationales et contre l’avis de la presque totalité des acteurs
politiques favorables à la nomination d’un ministre neutre au département de
l’Intérieur, le Président Macky Sall persiste et signe en refusant de
dépolitiser la gestion dudit ministère. Histoire certainement d’avoir la
mainmise sur l’organisation d’élections législatives (01 juillet) censées
déterminantes dans le parachèvement de sa victoire du 25 mars 2012. Le
choix au ministère de l’Intérieur de Mbaye Ndiaye, un fidèle d’entre les fidèles
qui a choisi de traverser le désert avec lui, au lendemain de sa «
défenestration » du perchoir de l’Assemblée nationale, en 2008, n’est
certainement pas fortuit pour Macky Sall.
En nommant à ce poste
stratégique le directeur des structures de l’Alliance pour la République (Apr),
de surcroit le spécialiste des questions électorales de cette formation
politique, le tout nouveau chef de l’Etat entend certainement disposer d’un «
droit de juridiction » sur un ministère non pas seulement de souveraineté, mais
essentiel dans le parachèvement de la victoire de la «Coalition Macky 2012» au
second tour de la présidentielle de 2012. Pour cause, c’est le ministère de
Mbaye Ndiaye auquel le Président Macky Sall a réaffecté la Direction des
Elections depuis avant-hier, mercredi, avec le décret de répartition des
services, qui sera chargé d’organiser ces joutes devant envoyer dans la nouvelle
assemblée nationale post-alternance les 150 députés du Sénégal.
Or, le
contrôle de cette assemblée nationale par la coalition qui soutient Macky Sall,
afin de donner les coudées franches à l’exécution des politiques de
gouvernement, reste une priorité pour le Président de la République. D’autant
que tous les observateurs de la scène politique sont unanimes à reconnaître que
le pourcentage des 65, 80% de suffrages valablement exprimés qui a été glané par
Macky Sall, le 25 mars, peut se déliter sous les coups de boutoir des listes
«fractionnistes», si jamais les partis et coalitions de partis membres de Bennoo
Bokk Yaakaar qui ont élu Macky à la Présidence décidaient d’aller séparés aux
législatives. Déjà, Bennoo Siggil Senegaal de Moustapha Niasse, crédité de
(13,20%) à la présidentielle, veut aller aux législatives sur la base d’une
liste de Bennoo Bokk Yaakaar, modulée en fonction des résultats du 1er tour de
la présidentielle.
Du côté d’Idrissa Seck, Rewmi et des alliés du maire
de Thiès fort de ses 7,86% du 27 février, il se suppute que la volonté d’aller
avec une propre liste aux législatives est ancrée. La coalition Bennoo ak Tanor,
qui a porté la candidature du secrétaire général du Parti socialiste (11,30%),
passerait difficilement à perte et profit son électorat historique au bonheur
d’une liste de Bennoo Bokk Yaakaar qui privilégierait les membres de la
«Coalition Macky 2012» au détriment des cadres du Parti socialiste. Et là où le
bât blesse, c’est qu’on prêterait à Macky Sall l’intention de donner quelque 90
députés à sa coalition d’origine, autant sur les listes départementale que
nationale aux législatives.
MBAYE NDIAYE CONTRE TOUS
La conquête de
l’Assemblée nationale par la « Coalition Macky 2012 » n’étant pas gagnée pour
Macky Sall, eu égard à la nouvelle configuration politique née non pas du second
tour où le « Tous contre Wade » a fait mouche à sa faveur mais bien du scrutin
du 27 février, il est aisé de comprendre que le leader de l’Apr et actuel chef
de l’Etat n’ait pas accepté de se départir de la mainmise sur la cheville
ouvrière de l’organisation des législatives. Macky Sall a tacitement confirmé
Mbaye Ndiaye au poste de ministre ce l’Intérieur, en le laissant prendre le
relais de Me Ousmane Ngom hier, jeudi 12 avril, malgré le tollé suscité par la
nomination de ce très politique collaborateur à la place Washington.
Ce
faisant, Macky Sall s’est attiré non seulement les foudres des acteurs
politiques qui ont toujours contesté la nomination d’un acteur politique au
ministère de l’Intérieur, allant même jusqu’à demander avant la présidentielle à
Me Abdoulaye Wade de démettre Ousmane Ngom de son poste de ministre de
l’Intérieur et d’organisateur des élections. Ce dernier avait trouvé la parade
en nommant Cheikh Guèye à la tête d’un ministre chargé des Elections. On connaît
la suite. Macky Sall voudrait-il vaille que vaille éviter un sort pareil aux
législatives, allant même jusqu’à renier son accord d’entre les deux-tours
d’appliquer les conclusions des Assises nationales ?
Des Assises qui
avaient clairement indiqué que l’organisation des scrutins, pour plus de
transparence, devait être confiée à une personnalité neutre. A deux mois vingt
jours de la tenue des législatives, cette préoccupation semble le cadet des
soucis du Président Macky
Sall.
Publié
le 13/04/2012 | 03H02 GMT par Moctar DIENG
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Quotidien
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