(Le Quotidien (Sn) 27/12/2012)
Tel un politicien aguerri, Abdoul Mbaye a opposé une riposte farouche aux signataires de la motion de censure.
Dans son grand oral débordant d’hostilité, Abdoul Mbaye a montré une autre facette de sa personnalité qui sommeillait dans son caractère froid et réservé. Poussé à la riposte par 16 députés sur son implication à un supposé blanchiment de l’argent de Hissène Habré, l’ancien directeur général de la Cbao est sorti de ses gongs pour balayer, dans un discours aux relents politiciens, «les légèretés, lapsus et contrevérités» d’une motion de censure.
«Je suis à la bonne école», lance-t-il. Selon Abdoul Mbaye, les anciens dignitaires refugiés à l’Assemblée, ne sont motivés que par le souci du «dilatoire» en réaction à des enquêtes judiciaires en cours, ou de «tentatives de manipulation». Il ajoute : «Vous avez sans doute, tout comme moi, remarqué le clin d’œil fait à l’actualité lorsque le texte de la motion de censure évoque l’argent mal acquis.
C’est dans ce lapsus révélateur qu’il faut chercher les véritables motivations des inspirateurs de cette motion. (…) Et parce qu’ils ne savent pas s’en défendre, ils choisissent de ne pas être les seuls. Non mesdames, non messieurs les signataires ! (…) Je ne serai jamais des vôtres. Je ne serai jamais du côté de ceux qui ont pillé l’économie de ce pays», fulmine-t-il.
«J’assume totalement et entièrement»
Comme il l’avait affirmé, lors de son point de presse, Abdoul Mbaye a maintenu qu’il a «autorisé», en son temps, «l’opération de dépôt des fonds de Habré sans aucune réserve». Le Premier ministre de déclarer : «Il (Habré) avait quitté le Tchad. Il a été accueilli par le Sénégal qui lui avait accordé l’asile. (…) J’ai pris toutes les précautions d’usage en la matière. J’en ai informé les autorités. J’ai interrogé une banque correspondante de la Cbao au Tchad pour en connaître davantage sur l’origine des fonds à placer en dépôt. J’ai ensuite autorisé l’opération. Tels sont les faits. (…) Je les assume totalement et entièrement.»
Phytosanitaires, Anoci
Le Premier ministre a saisi cette motion de censure pour rappeler aux autorités de l’ancien régime les tares de leur gestion des fonds publics. Il évoque «l’acquisition de produits phytosanitaires à hauteur de 6,1 milliards (4,5 milliards dépensés pour cette rubrique en 2011 et 2,6 milliards en 2010). Les produits livrés atteignent à peine une valeur de 700 millions». Un clin d’œil à Oumar Sarr, ancien ministre de l’Habitat en charge de ce marché. Dans la même lancée de la gestion des Libéraux, il ajoute : «21 milliards pour la réhabilitation de l’ex-Méridien Président, paiement d’un reliquat de 1,8 milliard pour la location inutile du bateau Musica lors du sommet de l’Oci, entre autres». Un voyage dans la gestion de Karim Wade. Toutefois, souligne le Premier ministre aux libéraux, «rien n’atténuera la force du vent de transparence qui s’est levé dans notre pays».
par Thiebeu NDIAYE
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