(Le Quotidien (Sn) 30/11/2012)
Le nouveau Code général des impôts a déjà programmé la mort
prochaine de la vignette, dont tous les automobilistes devaient théoriquement
s’acquitter. La formule mise en place pour remplacer cette taxe, permet à l’Etat
de récolter trois ou quatre fois plus de recettes.
Bientôt, la vignette
va disparaître. Et si les automobilistes distraits, qui attendent toujours le
dernier moment pour s’acquitter de cette taxe, vont pousser un ouf de
soulagement, les pouvoirs publics, en particulier les collecteurs d’impôts ne
vont pas s’en plaindre, tout au contraire. La disparition de la vignette est
l’une des innovations que va introduire le nouveau Code des impôts, qui devrait
entrer en vigueur à partir du mois de janvier 2013, dans quelques
mois.
La vignette est payée par tous les utilisateurs de véhicules privés
ou de transport en circulation au Sénégal. C’est une taxe annuelle dont le taux
dépend du nombre des chevaux vapeurs de l’automobile. C’est ainsi que l’on
trouve des usagers qui paient par exemple 18.000 francs Cfa pour une voiture de
9 chevaux, tandis que d’autres, dont les véhicules comprennent plus de
cylindrées, peuvent dépenser jusqu’à 250.000 francs Cfa et même pour certains
poids lourds, un peu plus.
Seuls 20% des véhicules la paient
Un haut
fonctionnaire de la Direction des impôts et domaines (Dgid), qui a participé à
l’élaboration du nouveau code, explique l’intérêt de cette innovation. Selon ses
explications, tout le monde, usagers et Administration fiscale, devrait être
satisfait des nouvelles dispositions. Il indique que dans la situation actuelle,
seuls 20% des automobilistes paient la vignette. «Les véhicules de
l’Administration fiscale, ainsi que ceux des diplomates, des fonctionnaires
internationaux, sans compter certaines Ong et organismes bénéficiant de
l’extraterritorialité, ne paient pas cette patente.» Bref, ils sont très
nombreux, ceux qui en réchappent. Ce qui fait que l’Etat n’en tire pas plus de 5
milliards de francs Cfa.
Le fonctionnaire de la Dgid compare ce montant
relativement modeste, à l’ampleur des difficultés que son Administration doit
surmonter chaque année pour passer la commande des vignettes. Il explique que
les procédures sont tellement tatillonnes que c’en est à la limite,
décourageant. Ce qui montre l’intérêt qu’il y avait à changer de système. Et
la trouvaille a été radicale. Dorénavant, dès la mise en œuvre de la nouvelle
réglementation, il ne sera plus imposé de payer de vignette.
Par contre, une
taxe spéciale sera introduite dans la commercialisation du carburant vendu à la
pompe à essence, qui va suppléer à ladite taxe. Et cette taxe ne connaîtra pas
d’exemption. «Tous ceux qui ont un véhicule et qui vont payer du carburant-
gasoil ou essence – vont payer cette taxe.», souligne le fonctionnaire. Et en la
matière, il n’y aura pas de dérogation. Même les véhicules de la présidence de
la République ou ceux des diplomates et autres fonctionnaires internationaux, en
passant à la station service, paieront la taxe.
Le montant retenu n’est pas
vraiment rebutant. Il n’est que de 10 francs Cfa par litre de carburant acheté.
«Donc, c’est comme si on ne payait la taxe que chaque fois que l’on met du
carburant dans sa voiture. On n’est plus obligé de tout payer d’un seul coup,
comme avec la vignette traditionnelle. Et en plus, aucun policier ne viendra
contrôler si on a payé ou pas.» Néanmoins, les calculs de l’Administration
fiscale prévoient qu’en partant du parc roulant du Sénégal, cela pourrait
rapporter entre 15 et 20 milliards de francs Cfa au Trésor public. Environ trois
fois plus que les recettes actuellement tirées de la vignette
traditionnelle.
Les usagers n’y perdent pas
Si personne ne peut y
échapper, il est encore plus facile de faire des économies, explique notre
interlocuteur. Il explique que l’usager qui paie actuellement 18.000 francs Cfa
par an pour sa vignette, ne pourrait atteindre le même montant dans le nouveau
système que s’il pouvait consommer 1800 litres de carburant dans l’année. «Or,
pour cela, il faudrait faire un sacré parcours», souligne-t-il.
De même pour
le propriétaire de la 4X4 dernier cri, dont le nombre de chevaux-vapeurs
l’oblige à payer 200.000 francs Cfa de vignette. Il lui faudrait sortir très
souvent de Dakar, pour que de sa consommation de carburant, on en vienne à
défalquer un montant qui dépasse son taux habituel de vignette.
Ce qui fait
exulter notre haut fonctionnaire, qui indique par cet exemple, que tout le monde
devient gagnant dans l’opération. De plus, le système est tellement sécurisé
que personne n’en réchappe. «Même le véhicule de la présidence de la République
doit payer pour avoir du carburant. Et son carburant ne sera pas détaxé, donc,
il paiera comme tous les autres usagers.» Cette absence de dérogation garantit
une égalité de traitement à tous les usagers, donc peu de place, sinon pas du
tout, à la fraude. L’autre avantage pour l’usager est que s’il tombe en panne et
gare sa voiture, il ne paie pas de carburant, donc pas de taxe.
De plus, les
opérateurs du secteur des hydrocarbures ne sont pas nombreux. «Nous savons à peu
près combien chaque pétrolier vend de carburant. De plus, nous pouvons
contrôler. Par conséquent, nous savons environ combien d’argent nous pourrons
espérer chaque année», exulte le collecteur des impôts.
par Mohamed
GUEYE
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(Sn)
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