mercredi 29 février 2012

PRESIDENTIELLE SENEGALAISE : Wade, suite et fin... ?

(Guineeconakry.info 29/02/2012)

Au Sénégal, la perspective du second tour se confirme de plus en plus. Déjà, dans sa brève conférence de presse de lundi, le président sortant avait admis cette douloureuse possibilité. Et hier, son porte-parole s’était montré encore plus explicite. Dans le contexte où s’est tenue cette élection, de nombreux observateurs assimilent une telle issue à une inéluctable fin de règne pour le président Abdoulaye Wade.

Du coup, estiment-ils, la période qui séparera le premier et le second tour ne sera qu’une prolongation et un sursis pour le chef de l’Etat sortant. Même si en politique, on n’est jamais à l’abri de quelques surprises. Le président sénégalais avait refusé de se plier à l’argumentaire selon lequel une nouvelle candidature de sa part était contraire aux dispositions constitutionnelles. Il avait également passé outre le fait que son âge ne milite plus en faveur d’un nouveau mandat pour lui. Mais cette fois-ci, il risque de trouver sur sa route un mur en béton.
Seul souverain, le peuple sénégalais pourrait le contraindre à raccrocher. Et le plus pacifiquement qui soit.
Dans la perspective d’un second tour, très peu de scénarii laissent au vieux Wade une once de chance de rempiler pour un nouveau septennat. Son entêtement ne pourrait en fin de compter déboucher que sur petite rallonge de moins d’un mois, le temps qui sépare le premier et le second tour ! Il doit un tel sort à l’intransigeance dont il a fait montre vis-à-vis de la quasi-totalité de ses adversaires. Il risque de récolter l’amère rançon du rejet unanime.
Il faut rappeler que la seule chose sur laquelle tous les treize autres candidats étaient d’accord, c’était bien d’empêcher le président de se représenter une nouvelle fois. Si leurs égos démesurés avaient empêché l’émergence d’une candidature unique, aujourd’hui, le premier tour ayant servi de tamis et de baromètre, le choix devient plus aisé. On a même l’impression que les différentes consignes de vote sont implicitement données. Au point qu’on peut raisonnablement se demander si un seul leader de l’opposition se permettra d’opérer le virage nécessaire pour demander à ses partisans de voter pour Wade ? Le risque est d’autant plus grand que l’intéressé pourrait même se faire désavoué par son électorat. Parce qu’en réalité, les Sénégalais semblent décidés à dire à leur président qu’il est temps pour lui de laisser la place à quelqu’un d’autre. Un plus jeune et lucide que lui !
Ainsi qu’on peut le voir, Abdoulaye Wade file tout droit vers la fin de son règne, qui aura duré douze ans. Pour l’opposant historique qu’il a été, c’est une récompense suffisante, estiment ses compatriotes. Il aurait du le comprendre et en tirer les conséquences lui-même. Il ne l’a pas fait. Alors, les Sénégalais le lui ont rappelé sagement.
Le problème, c’est que pour lui, c’est moins élégant. Mais en politique, l'élégance n'est pas une qualité partagée.

Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info

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