(Sidwaya 29/02/2012)
L’hystérisation uniforme du lynchage d’Abdoulaye Wade serait-il en train de payer ? C’est la grande question qui taraude l’esprit de plus en plus de Sénégalais et de Subsahariens au terme du premier tour du scrutin présidentiel. Alors que l’opposition, qui redoutait l’hypothèse d’un hold-up électoral, avait commencé à distiller ses propres chiffres, arguant qu’un second tour était inévitable, le président candidat, lui-même, est monté au créneau, le 27 février 2012. On a eu l’impression qu’il voulait reprendre la main sur certains de ses thuriféraires qui tablaient déjà sa nette victoire avec 53 ou 54%. Quid de ces derniers, il a joué balle à terre en soulignant que tout est encore possible. Il a indiqué que les résultats portant sur la moitié des collectivités locales le classent en tête avec 32,17% des suffrages exprimés contre 25, 24% pour son poursuivant immédiat.
On ne peut pas ne pas accorder de crédibilité à ces chiffres qui viennent d’un homme, le président sortant. Probablement que ces données seraient le croisement des résultats de son état-major de campagne et de ceux de la Commission électorale nationale autonome (CENA) qui, imaginons- le, éprouvera du coup de la peine à donner des résultats bouleversant l’ordre de classement. Qu’à cela ne tienne, Wade en personne, même s’il croît encore à une hypothétique victoire, vient d’avouer, ce que tout le monde ou presque attend. Un face à face avec l’un de ses fils vomis, Macky Sall, car arithmétiquement, si ce n’est pas par alchimie dont seuls les fossoyeurs de la démocratie ont le secret, il ne peut en être autrement. Déjà qu’il évoque la possibilité des alliances dans la perspective d’un second tour, c’est le signe qu’il fourbit déjà ses armes pour éviter que l’étau ne se resserre autour de sa famille politique.
Reste maintenant à savoir si ses promesses aguichantes vont charmer les candidats malheureux, pour la plupart engagés dans le Mouvement du 23 juin (M 23), qui le redouteraient comme la peste. Si ces derniers se muraient dans leur logique, il risque de se retrouver désespérément seul, ou du moins seulement avec de petites formations politiques incapables de mobiliser en dehors des limites originelles du Parti démocratique sénégalais (PDS) tenaillé et fragilisé par des querelles byzantines qui ont occasionné le départ de très grands leaders très remontés contre lui.
Il faudra alors que Me Wade s’arrache les cheveux pour s’accorder le viatique de ces derniers qui seraient en passe de lui faire ce que Moustapha Niasse a fait à Abdou Diouf en 2000 à l’occasion de la présidentielle qui l’a porté à la magistrature suprême du pays de la Téranga. Que dire des principaux candidats socialistes Tanor Dieng et Moustapha Niasse crédités respectivement de 11% et 18% ? Eux aussi essuient un sévère camouflet.
Pour la troisième fois consécutive, le pouvoir serait en train de leur échapper et on ne sait pour combien d’années. De sorte qu’on se demande s’ils vont se dérober de leur engagement au sein du M. 23 en ne donnant pas de consignes de vote. A propos, Niasse a donné un aperçu de la scène qu’il va jouer en indiquant qu’il va soutenir le candidat de l’opposition le mieux placé. Si M. Tanor l’entendait aussi de cette oreille, on voit mal comment le « vieux lion de la politique sénégalaise » ne flancherait pas. Avec lui, son fils Karim Wade et d’autres affidés imparablement mal logés pour rebondir sur l’échiquier politique national.
Ou du moins dans un futur proche. En revanche, la droite conserverait toujours le pouvoir sous la houlette d’un autre leader, suffisamment plus jeune et porteur de nombreux espoirs. Surtout que de nombreux observateurs ne s’attendaient pas à ce politicien madré à ce piédestal, le pire qu’on peut lui souhaiter, c’est d’espérer qu’il tire des enseignements de la probable défaite de son père spirituel pour, non seulement nouer les alliances, mais aussi et surtout les entretenir.
Adama BAYALA
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