(Les Afriques 27/02/2012)
L’écart est serré entre les deux principaux adversaires, 34 à 36 % pour le premier et 32 à 34% pour le second . Il faudra attendre toutefois mardi pour connaître les résultats officiels d’un scrutin où le taux de participation dépasserait 60%.
Les sénégalais ont veillé jusqu’ au petit matin pour connaître le verdict du premier tour des présidentielles du 26 février. Toutes les tendances donnent un duel inédit entre le président sortant, Abdoulaye Wade, et Macky Sall, son ancien premier ministre et ancien directeur de campagne en 2007. L’écart es t serré entre les deux adversaires, 34 à 36 % pour le premier et 32 à 34% pour le second. Il faudra attendre toutefois mardi pour connaître les résultats officiels d’un scrutin où le taux de participation dépasserait 60%.
Derrière les deux candidats libéraux, le gouffre est béant. Moustapha Niasse, autre ancien premier ministre de Wade, se retrouve dans une nouvelle position de faiseur de rois. La désillusion est grande pour le parti socialiste sénégalais qui confirme à travers son leader, « peu inspiré » tout au long de la campagne selon les commentateurs, qu’il n’y a pas de grands partis politiques, il n’y a que de grands hommes politiques. Comment après 40 ans de pouvoir (1960-2000), le parti de Senghor et d’Abdou Diouf se retrouve aussi loin des premières lignes ?
Si le résultat se confirmait, c’est la retraite assurée pour Tanor Dieng lequel, lors de son accession à la tête du PS, n’avait rien fait pour retenir les hauts cadres du parti. Tout aussi mal classé, Idrissa Seck, maire de Thies, deuxième ville du pays, candidat du Rwemi, qui panerait selon les observateurs, une image flottante alternant guerre et paix avec Abdoulaye Wade. En dehors de ces principaux candidats, les outsiders récoltent des miettes, témoignant quelque part de la structuration de la démocratie sénégalaise, impénétrable aux candidatures à dimension personnelle.
Au-delà du résultat, ces élections tenues dans un climat serein malgré quelques bavures, sonne la victoire de la démocratie sénégalaise contre les tenants d’un certain chaos, contre les «petits arrangements entre amis » que voulait proposer l’envoyé spécial de l’Union Africaine. Sur le sable mouvant de la politique sénégalaise, Olesegun Obosanjo, qui a fait usage de toutes les manœuvres légales pour se représenter une troisième fois au Nigeria, en 2006, a failli gâcher ce rendez-vous des sénégalais avec les urnes. Heureusement, que les opposants comme le pouvoir, ont fait fi de sa solution, préférant la démocratie, toute la démocratie, à une ridicule «spécificité africaine » voulant qu’on laisse aux présidents le temps de finir les grands chantiers.
En dehors d’Olesegun Obosanjo, le troisième grand perdant de ces élections est une certaine frange de la société civile, radicale et partisane, financée par des réseaux étrangers dont l’USAID et des fondations internationales. La crispation de cette société civile, loin de ses bases, repose une nouvelle fois la question des financements des ONG et des sociétés civiles dans nos démocraties africaines.
Autre fait à relever, la supervision du vote par des observateurs de l’Union Européenne. Pour la première fois, 90 personnes dont certaines découvraient le Sénégal pour la toute première fois, étaient dépêchées sur le terrain, avec la bénédiction des autorités locales. Comment cette brigade légère et sémillante pouvait-elle surveiller 12 000 bureaux de vote s sans recourir à l’extrapolation, le chemin le plus court pour formuler une opinion ? C’est le lieu aussi de se demander si les observateurs de l’Union Africaine, arrivés à la dernière minute, ont eu le temps de faire le tour de la question ?
Bref, heureusement que le peuple sénégalais a tenu bon, face à des lobbys politiques qui voulaient (on le comprend maintenant à la vue des résultats) repousser le vote. S’offre désormais aux 5,1 millions d’électeurs un second tour inédit où ils auront le pouvoir de donner à Abdoulaye Wade une retraite méritée ou, ce qui est du domaine du possible, de lui signer un nouveau bail. La clé du second tour repose sur les consignes données par le faiseur de roi (Moustapha Niasse) et les arbitres (Idrissa Seck et Tanor Dieng). Difficile de dire s’ils dépasseront leurs rivalités personnelles prononcées pour appeler à voter Macky Sall.
Adama Wade
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