mardi 28 février 2012

SENEGAL : A défaut de l’alternance, la succession ?

(Guineeconakry.info 28/02/2012) 
En ce lendemain électoral au Sénégal, tous les leaders politiques tentent de manière hypocrite et sournoise de faire corps avec la maturité démocratique dont les électeurs ont fait montre le dimanche dernier. En se déplaçant massivement et dans le calme pour aller voter, les Sénégalais ont administré un cinglant revers à leur classe politique, toutes tendances confondues. Les divisions et les contradictions qu'elles ont affichées, ont failli conduire le pays au chaos.

Et selon les tendances qui sont jusqu’ici disponibles, les Sénégalais semblent avoir renvoyé dos à dos Abdoulaye Wade et ses adversaires. A tous, ils administrent une leçon qui tourne autour de l’humilité et sur le fait que le peuple est et reste le seul et vrai souverain, dans les décisions et les choix ultimes. Les populations sénégalaises ne semblent pas avoir forcément apprécié l’attitude de l’opposition sénégalaise, qui tenait à user de la violence physique pour convaincre Abdoulaye Wade, de renoncer à son désir de briguer un troisième mandat présidentiel.
En se déplaçant dans le calme et la sérénité ce dimanche pour aller voter, ils ont clairement laissé comprendre aussi bien à l’opposition politique qu’au M23, que leur méthode à eux était pacifique et surtout que l’essentiel se déroulait dans les urnes.
Par ailleurs, en contraignant manifestement Abdoulaye Wade à un second tour presque "éliminatoire", les mêmes électeurs semblent vouloir dire qu’ils sont capables de se prononcer sur les grandes questions qui les intéressent. Et surtout, qu’ils demeurent les seuls auxquels revient la décision ultime.
Au président Abdoulaye Wade, un message est également adressé. Concrètement, si le président sénégalais est contraint à aller au second tour, ce sera pour lui l’occasion de réaliser qu’on ne peut berner tout un peuple. Qu’on ne peut pas abuser d’une quelconque naïveté du peuple. En clair, les Sénégalais disent à Abdoulaye Wade que ce n’est pas parce qu’on n’a pas suivi l’opposition dans ses appels à manifester, qu’on approuve forcément l’intention d’un octogénaire à vouloir finir ses vieux jours au pouvoir. Globalement, les Sénégalais en ont marre de l’arrogance et de l’esprit de suffisance qui caractérisent leur président. Seulement, plus intelligents que leurs différents leaders politiques, ils attendaient le moment opportun pour le faire savoir.
Pour la suite, si les Sénégalais ont "craché" Wade, ce n’est pas pour le remplacer par Ousmane Tanor Djeng du PS. C’est de Wade dont on veut se débarrasser et non de la doctrine libérale qui est la sienne! C’est ainsi que contrairement à l’an 2000, il n’y aura pas une alternance politique véritable. Dans le meilleur des cas, ce ne sera qu’une succession. Les électeurs choisissant d’essayer la méthode Macky Sall qui est demeuré longtemps sous l’aile de l’ancien opposant historique.
Ils espèrent ainsi que ce dernier, moins soumis aux inconstances de la sénilité et moins imbu de sa personne que son ex-mentor devenu par le fait du destin, son challenger, saura continuer l’œuvre en quelque sorte. Avec plus de sérénité, loin des sentiers sinueux de la sénilité !
Par la même occasion, les Sénégalais pourraient refermer la parenthèse de l’interprétation équivoque des dispositions constitutionnelles. Quant à Wade, il pourrait être contraint à une sortie moins honorable, du fait de son entêtement et de son refus d’entendre raison.

Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info

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