(Les Afriques 28/02/2012)
Sur les 5,3 millions d’inscrits, seulement 4 millions ont pris ce dimanche le chemin des urnes dans le calme pour départager les 14 candidats en lice dont le président sortant, Abdoulaye Wade et deux des prétendants sérieux de cette élection, Macky Sall et Moustapha Niasse. Décryptage d’un scrutin jugé transparent, sans incident majeur avec une forte probabilité d’un deuxième tour devant départager Wade et Macky Sall. Avec comme principal arbitre, Moustapha Niasse.
Les premières tendances issues du scrutin présidentiel du 26 février au Sénégal commencent à se dessiner. Sur 5. 320 000 millions d’électeurs recensés officiellement sur l’ensemble du territoire national, seulement 4 millions ont glissé leurs bulletins dans les urnes. Les premières statistiques révèlent qu’il existe un écart considérable entre le nombre d’électeurs inscrits et le nombre de votants. Les centaines de délégués et d’observateurs dépêchés à Dakar et dans les villes de l’intérieur du pays ont salué dimanche, l’esprit de maturité et de dépassement des électeurs durant tout le déroulement du scrutin. Officiellement, selon plusieurs témoignages recueillis par Les Afriques, aucun incident majeur n’a été enregistré.
Ascension fulgurante de Macky Sall
A l’issue des premiers résultats rendus publics, juste après la fermeture des bureaux de vote fixée à 18 heures (heures locales), il ressort que les candidats Abdoulaye Wade et Macky Sall sortent du lot suivi de Moustapha Niasse, ancien premier ministre du premier gouvernement de Wade et candidat de la coalition Benno Siggil Sénégal. Les candidats Idrissa Seck, Ousmane Tanor Dieng, Ibrahima Fall et Cheikh Tidiane Gadio sont laissés à la traîne. Au vu des résultats partiels en notre possession. Les candidats Abdoulaye Wade et Macky Sall sont en ballotage dans plusieurs centres de l’intérieur du pays, mais avec des rapports de force qui tournent à la faveur parfois du premier et du second.
Le président sortant, Abdoulaye Wade, candidat de la coalition Fal, reste le maître du jeu à Saint-Louis, la ville religieuse de Touba, Kédougou, quelques agglomérations de la région dakaroise. A Touba, Wade a bénéficié des largesses du cercle proche du khalife dont la proximité a porté ses fruits. La consigne de vote de Sérigne Béthio Thioune a tourné à sa faveur sur ses adversaires. L’ancien premier ministre, Macky Sall étrille ses adversaires à Fatick, son fief natal, Podor, dans plusieurs centres de vote à Tambacounda (ville située à l’est du pays) et surtout dans les villes métropolitaines. Bastion incontestable du parti socialiste avant de passer dans l’escarcelle du « Sopi, parti au pouvoir », la ville de Tamba a basculé dans le camp de Macky Sall, dépassant légérement le candidat Wade.
Niasse fait les frais de la fracture de Benno
L’autre poids lourd de la scène politique sénégalaise, Moustapha Niasse et faiseur de roi de la présidentielle de mars 2000, qui avait conduit l’actuel président sortant, Abdoulaye Wade au pouvoir garde la haute main sur son fief traditionnel, Nioro, Kaffrine, Keur Madiabel. Le candidat Niasse s’est illustré dans certaines agglomérations de la capitale en déboulonnant à la fois le candidat Wade et d’autres leaders comme Idrissa Seck, Ousmane Tanor et Macky Sall jusqu’aux derniers retranchements. L’exploit de Niasse aux allures de plébiscite s’est réalisé avec la victoire à plate couture de la coalition qu’il dirige dans le bureau de vote sis au Point E ( quartier de résidence du président) où le président Wade a glissé son bulletin. Une débâcle historique affligée au candidat Wade par le camp de son ex-allié. A priori, plusieurs analystes estiment que les tentatives infructueuses d’une alliance entre Niasse et Tanor Dieng autour d’une candidature unique de la coalition Benno ont plombé les scores de Moustapha Niasse. Le fétichisme socialiste a tourné en eau de boudin au finish. Les candidatures séparées de Niasse et de Tanor (purs produits de l’école socialiste) ont plus profité à Macky Sall dont l’électorat a pris de la voilure, laissant au carreau, Idrissa Seck, Cheikh Tidiane Gadio, Ibrahima Fall et le jeune Cheikh Abdoulaye Dièye.
Grosse déception
Le candidat du Rewni, Idrissa Seck a eu du mal à se frayer un chemin devant Macky Sall, Niasse et Ousmane Tanor. Il paie le lourd tribut- selon des observateurs avisés- de son jeu de yoyo avec les lambris dorés du pouvoir et de son manque de cohérence dans ses discours. L’ancien haut fonctionnaire des Nations Unies, Ibrahima Fall, dépourvu d’appareil politique et très en retrait de la scène politique depuis des années en dépit de jouir d’une bonne réputation, est la grande déception de ce scrutin. Toutefois son score réalisé à Tivaoune, sa ville natale, lui a permis de sauver les meubles de justesse. Cheikh Gadio, ex puissant ministre des affaires étrangères de Wade et Cheikh Bamba Dièye, maire de Saint-Louis, ont broyé du noir. Une descente aux enfers qui a surpris plus d’un.
Tandis que les technocrates, Djibril Ngom, Mor Dieng et l’universitaire, Amsatou Sow Sidibé se sont révélés des champions de la figuration politique.
Les résultats des autres circonscriptions du pays attendus ce lundi et le dépouillement du vote de l’armée vont déterminer le verdict final du scrutin. Un scénario de deuxième tour se dessine. Si les tendances se confirment, on aura droit à un remake de la présidentielle 2000.
Par Ismael Aidara, Rédacteur en Chef délégué, Dakar
© Copyright Les Afriques
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire