(La Croix 27/02/2012)
Macky Sall devrait affronter Abdoulaye Wade au second tour de l’élection présidentielle.L’ancien premier ministre a été un proche du président sortant, avant de rompre avec lui en 2008.
«Macky Sall est le plus crédible et sans doute le plus dangereux candidat de l’opposition», assurait, l’été dernier, un diplomate en poste à Dakar. Sept mois plus tard, Macky Sall, 50 ans, devrait affronter le président sortant au deuxième tour de la présidentielle, selon les premières estimations données hier à Dakar par l’opposition.
Compte tenu de l’exaspération d’une grande partie de la population envers «le vieux» (surnom donné à Abdoulaye Wade, 85 ans), le challenger pourrait espérer capitaliser le désir de changement qui anime la société sénégalaise.
Le candidat de l’alternance
D’origine modeste (son père était gardien, sa mère vendait des arachides), Macky Sall est un scientifique de formation (formé à l’Institut des sciences de la terre de Dakar et à l’Institut français du pétrole de Paris), marié, père de trois enfants.
Bien qu’il se soit présenté comme le candidat de l’alternance, Macky Sall a été l’un des plus proches collaborateurs d’Abdoulaye Wade : de 2004 à 2007, il a même été son premier ministre.
La rupture entre les deux hommes date de 2008 : alors président de l’Assemblée nationale, Macky Sall convoque le fils du président, Karim Wade, pour qu’il vienne s’expliquer sur les comptes de l’Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique (Anoci).
Une initiative perçue par le palais présidentiel comme un crime de lèse-majesté. Le président Wade lui demande de démissionner. Il refuse. Aussitôt, c’est la chute : les députés réduisent son mandat de président de l’Assemblée nationale à un an.
En campagne depuis 2009
Dans la foulée, il perd son poste de numéro deux au sein du Parti démocratique sénégalais (PDS, le parti du président Wade) et est accusé de blanchiment d’argent… avant finalement d’obtenir un non-lieu.
Il quitte alors le PDS, fonde son propre parti (Alliance pour la République, APR) avec lequel il conquiert plusieurs municipalités en 2009. Depuis, Macky Sall se préparait pour l’élection présidentielle, sillonnant la campagne sénégalaise, évitant d’invectiver «le vieux» et ne manquant pas une occasion de nouer des contacts avec les chancelleries des grandes puissances.
À l’automne dernier, il a été reçu au Quai d’Orsay et à la cellule africaine de l’Élysée.
LAURENT LARCHER
Sénégal
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