(Alterinfo 27/02/2012)
Cette attitude de Conquistador des temps modernes fait que le défi démocratique en Afrique est double. Il consiste d’abord à conquérir ce denier d’une manière démocratique. En suite, rester sur la même envolée pour s’assurer que les nouveaux acquéreurs y renonceront démocratiquement à leur tour.
Le Président Wade est venu au pouvoir au Sénégal après une longue et douloureuse lutte démocratique contre des régimes forts et légitimes. Et ce malgré que ces derniers avaient une fâcheuse habitude de prendre quelques libertés avec les règles démocratiques. Tout en ayant l’intelligence de ne pas en franchir les lignes rouges. C’est-ce qui lui a valu une crédibilité initialement incontestable. Mais c’est, aussi, ce qui a fait de lui un combattant suffisamment victorieux au point de prendre le Sénégal pour un simple butin de guerre acquis pour toujours. On peut, aussi, dire autant de l’ancien président ivoirien et l’actuel prisonnier de la TPI Laurent Gbagbo. Et, en l’espèce, on ne peut qu’évoquer le cas très riche en enseignement de cette figure notoire du militantisme africain a savoir le zimbabwéen Mugabe. Le parcours initial plus que honorable du père d’indépendance de la Rhodésie du Sud est, en effet, l’émanation suprême d’une grande déception du panafricanisme vu le succès que ce même parcours promettait à son début.
Seulement se basant sur la célèbre maxime : les choses se jugent par leurs fins, le pronostic d’échec de ces cas relevés en amont est sans appel. Car le Zimbabwe est, aujourd’hui, un pays exsangue après qu’il fut pour longtemps le grenier de l’Afrique où famine et pauvreté plongent ses habitants dans une misère indescriptible. Pour la Cote d’Ivoire, une guerre civile fratricide vient, après des milliers de morts, de décider du sort de l’ex opposant, militant des droits humains et représentant par excellence des forces progressistes en Afrique. Quant à la barque sénégalaise, elle est pour le moment chahutée dans des eaux troubles, espérons que la providence l’amènera au bon port.
La légitime question qui mérite réponse serait, donc, qu’ y a-t-il de commun entre ces trois hommes politiques? La réponse est toute évidente : ils ont milité longtemps avant d’arriver à leur fin. Une longue traversée du désert qui eut pour conséquence de forger leur caractère et façonner l’armure de guerrier qui, plus tard, s’y abriteront derrière pour, cette fois-ci, combattre la volonté populaire et empêcher l’alternance démocratique. Une posture paramilitaire qui, somme toute, décidera des rapports que ces derniers auront dans leur exercice du pouvoir voire dans leur manière d’être en général.
Et c’est justement cette attitude de Conquistador des temps modernes qui fait que le défi démocratique en Afrique est double. Il consiste d’abord à conquérir ce denier d’une manière démocratique. En suite, rester sur la même envolée pour s’assurer que les nouveaux acquéreurs y renonceront démocratiquement à leur tour. Quitte à remettre de nouveau l’épreuve de force car c’est exactement dans cette étape-là que le peuple sénégalais se trouve aujourd’hui. Souhaitons-lui bonne chance car la seconde est beaucoup plus difficile que la première mais une fois celle-ci dépassée, une maturité démocratique certaine sera acquise et c’est déjà cela de gagné.
Lundi 27 Février 2012
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