jeudi 23 février 2012

Sénégal. Tension maximum avant la présidentielle

(Le Télégramme 23/02/2012)
La tension est à son comble au Sénégal avant la présidentielle de dimanche. Dakar est fréquemment le théâtre de violences entre policiers et opposants, qui exigent le retrait de la candidature du président Abdoulaye Wade. Lui, reste impassible.

À quelques jours de la présidentielle sénégalaise, la contestation de la nouvelle candidature du présidentWade, âgé de 85 ans, dont douze au pouvoir, s'accroît. Ses quatre principaux adversaires pour l'élection de dimanche sont Moustapha Niasse, Idrissa Seck et Macky Sall (trois de ses ex-premiers ministres), ainsi qu'Ousmane Tanor Dieng, chef du Parti socialiste. Ces quatre candidats sont membres du Mouvement du 23juin (M23), une coalition de partis politiques et organisations de la société civile réclamant le retrait de la candidature d'Abdoulaye Wade. Les dernières tentatives du M23 de participer à des manifestations interdites se sont soldées par des violences, qui ont fait deux morts depuis le 17février. Au moins six personnes sont mortes et des dizaines d'autres ont été blessées ou arrêtées depuis fin janvier dans le pays lors de violences liées à la présidentielle. Parmi les personnes arrêtées, des membres du collectif citoyen de jeunes Y'en a marre, dont quatre comparaissaient, hier, pour avoir voulu organiser, le 16février, un sit-in permanent jusqu'au retrait de la candidature du chef de l'État, à Dakar. Tous ont plaidé «non coupable» de «participation à une manifestation interdite», mais le procureur a requis six mois de prison avec sursis. Le jugement a été mis en délibéré au 27février.
Nouvel appel à manifester
Le M23, comme il le fait presque quotidiennement depuis une semaine, a appelé à un nouveau rassemblement sur la Place de l'Indépendance, interdite de manifestations. En fin d'après-midi, la place commençait à se vider et les policiers à y prendre position, ainsi qu'aux alentours. À chaque fois, le scénario est le même: les accès à la Place sont bouclés par un nombre imposant de policiers anti-émeutes, les manifestants, essentiellement des jeunes accompagnés de candidats d'opposition à la présidentielle tentent de passer, lancent des pierres vers les forces de l'ordre qui les en empêchent et ripostent à coups de gaz lacrymogènes, balles en caoutchouc, canons à eau. S'ensuivent des courses-poursuites et des scènes d'émeutes.
Youssou N'Dour blessé
Lors des affrontements de mardi soir, le chanteur Youssou N'Dour, farouche opposant et dont la candidature à la présidentielle a été rejetée par le Conseil constitutionnel, a été légèrement blessé à la jambe alors, qu'entouré de centaines de jeunes, il s'approchait des policiers qui lui barraient le passage. La France lui a exprimé «sa solidarité et ses voeux de rétablissement», ainsi qu'à tous les blessés, en regrettant les violences et les morts. Le président Wade, impassible, poursuit sa campagne électorale. Depuis hier et jusqu'à demain, il tient ses derniers meetings à Dakar.


23 février 2012

© Copyright Le Télégramme

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire