(Le Temps.ch 28/03/2012)
L’opposant a battu à plates coutures le président sortant, Abdoulaye Wade, lors des élections de dimanche. Il devra rapidement faire face aux requêtes sociales urgentes de la population, estime le spécialiste du Sénégal Etienne Smith. Chercheur à la Columbia University, l’expert était à Dakar pour le second tour.Les urnes ont parlé librement, et le Sénégal célèbre déjà son nouveau président. Même si les résultats officiels ne seront connus que ce mardi ou demain mercredi, l’écart entre les deux candidats est net: Macky Sall, 50 ans, qui devrait obtenir près de 70% des suffrages, remplacera Abdoulaye Wade à la tête du pays. Dimanche soir, le candidat défait de 85 ans a cessé de s’accrocher au fauteuil présidentiel, qu’il semblait vouloir conserver à toute force (LT des 23.2.12 et 24.3.12), et a téléphoné à son adversaire pour le féliciter de sa victoire. Il s’efface ainsi devant celui qui fut l’un de ses anciens premiers ministres, et un disciple loyal avant leur brouille en 2007. Une issue pacifique à un processus électoral qui avait mal commencé, marqué par des violences faisant entre 6 et 15 morts et quelque 150 blessés. Etienne Smith, spécialiste du Sénégal et chercheur à la Columbia University, était à Dakar pour le deuxième tour. Entretien.
Le Temps: Alors que les violences qui ont précédé le premier tour laissaient présager le pire, on assiste à une éclatante victoire de la démocratie, comment l’expliquez-vous?
Etienne Smith: Tout d’abord parce que le Sénégal a une longue tradition démocratique. Dans les villes coloniales – les deux puis les quatre communes –, les gens ont voté dès 1848, car le suffrage universel masculin y a été instauré en même temps qu’en France, c’est donc un usage très ancré dans la culture sénégalaise. Ensuite, il faut souligner le caractère crucial du soulèvement du 23 juin 2011, lorsque la population s’est mobilisée pour empêcher Abdoulaye Wade de supprimer le second tour de la présidentielle en modifiant la Constitution. Si les citoyens l’avaient laissé faire, il aurait été élu au premier tour avec 35% des voix, ce qui aurait sans doute fait flamber la contestation. Le Sénégal aurait alors connu les mêmes problèmes que les autres pays où le premier tour a été supprimé, tels que le Togo ou le Gabon. Enfin, à l’issue du premier tour du 26 février, le mythe de l’invincibilité d’Abdoulaye Wade est tombé. On sentait que, à l’exception d’un noyau dur, beaucoup de ses partisans n’y croyaient plus vraiment. Cela fait un mois qu’ils pressentaient ce résultat, qui n’a donc pas complètement eu l’effet d’une douche froide.
– Après l’union sacrée qui a réuni les forces de l’opposition pour chasser Abdoulaye Wade du pouvoir, comment le paysage politique va-t-il se recomposer?
– Abdoulaye Wade a déjà appelé ses partisans à se rassembler en vue des législatives de la fin juin. Il est possible par exemple qu’Idrissa Seck, qui est, tout comme Macky Sall, un ancien premier ministre de Wade (ndlr: candidat malheureux à la présidentielle qui avait lui aussi rejoint l’opposition), tente de reprendre les rênes du PDS, le parti d’Abdoulaye Wade, afin de devenir le chef de file de l’opposition face à la coalition emmenée par Macky Sall. De ce côté-là aussi, les choses sont mouvantes cependant. Il faudra attendre les législatives pour y voir plus clair. A cette occasion, d’autres formations que les partis alignés pour la présidentielle vont entrer en lice, comme le mouvement du chanteur Youssou N’Dour. Après ce scrutin, chacun saura ce qu’il pèse électoralement et les alliances se préciseront.
– Grogne sociale, chômage élevé, coupures électriques préjudiciables à l’économie, les défis sont nombreux. Quelles devront être les priorités du nouveau président?
– Répondre à la demande sociale, sans aucun doute. Macky Sall a promis une baisse du prix des denrées alimentaires de base: le sucre, l’huile et le riz. Les gens l’attendent au tournant: s’il n’y parvient pas dans les semaines qui viennent, sa crédibilité en souffrira. A brève échéance, il devra aussi faire en sorte de sauver l’année scolaire en permettant aux étudiants de passer leurs examens après trois mois de grèves des enseignants et des élèves. A plus long terme, il devra régler le problème des délestages électriques en modernisant les infrastructures, régler la question de la rébellion en Casamance, dont Abdoulaye Wade n’a pas réussi à venir à bout malgré ses promesses, et lancer des audits pour démontrer sa volonté de rompre avec l’opacité qui a caractérisé la gestion des affaires publiques durant les années précédentes. Mais rien ne sera simple, car les caisses de l’Etat sont vides.
– De manière générale, en quoi la politique de Macky Sall, qui est un libéral comme Wade et qui fut longtemps son protégé, va-t-elle se distinguer de celle de son prédécesseur?
– Leurs personnalités, très différentes, font qu’ils n’auront pas la même approche. Abdoulaye Wade, l’avocat flamboyant, donnait souvent l’impression de rêver tout haut, sans suivi des projets. Il annonçait des projets pharaoniques pratiquement toutes les semaines. A l’inverse, Macky Sall, qui est un ingénieur géologue, a les pieds sur terre. Pragmatique, il avance pas à pas, sans effets d’annonce. Outre ces différences de style, Macky Sall a déjà annoncé une séparation claire de l’Etat et des confréries religieuses, là où Wade avait tendance à mélanger les registres. Sall a aussi annoncé l’instauration d’une couverture médicale universelle pour l’ensemble des citoyens. Par ailleurs, l’une des difficultés auxquelles il sera confronté sera de concilier son projet de confier la plupart des ministères à de jeunes technocrates, et le fait qu’il devra remercier certains alliés en leur confiant certains portefeuilles.
– Que va-t-il se passer pour la famille Wade?
– Il se pourrait qu’elle se rende en France, où elle possède des propriétés. Macky Sall a annoncé qu’il n’y aurait pas de chasse aux sorcières, mais il va sans doute lancer des audits sur les chantiers du ministre Karim Wade (ndlr: le fils du président sortant), dont le financement et la gestion soulèvent certaines questions. Ce sera un symbole fort. Ensuite, tout dépendra des résultats.
Sandra Moro
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mercredi 28 mars 2012
COUP DE FIL DE WADE A MACKY: Les généraux ont-ils, neutralisé un putsch ?
(Sud Quotidien 28/03/2012)
Le Général de Corps d’Armée, le Général Abdoulaye Fall, chef d’état-major général des Forces armées et son collège le Général de Division, Haut commandant de la Gendarmerie nationale, Directeur de la Justice militaire, le Général Abdoulaye Fall ont-ils tué dans l’œuf les velléités libérales de confiscation du pouvoir? En obligeant le chef de l’Etat sortant, à reconnaître dès le dimanche 25 mars en début de soirée, sa défaite, ils ont aidé grandement à mettre fin à un suspense gros d’incertitude.Par ailleurs, en animal politique blessé dans son amour propre, son orgueil et sa fierté narcissique, le désormais ancien président prépare déjà le troisième tour qui se jouerait dans sa tête dès maintenant.
Le président sortant, Abdoulaye Wade a reconnu dimanche 25 mars aux environs de 21heures, sa défaite en appelant son challenger, Macky Sall candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar. Ce faisant il a refait un geste inscrit désormais dans la tradition républicaine. A la suite de Abdou Diouf, battu en 2000, il s’est incliné devant son tombeur du dimanche. Du moins en apparence, une apparence que l’on cherche à imposer à la mémoire collective nationale depuis. La vérité semble tout autre.
En fait, il semblerait plutôt que des éléments des Forces alliées (Fal2012) avaient nourri la secrète ambition de forcer le destin le 25 mars dernier. On leur a prêté en tout cas l’intention, de créer le même jour, un chaos dans le dessein de fournir aux autorités l’alibi d’un état d’urgence à Dakar d’abord et sur le reste du pays, si la situation empirait. Un état d’urgence qui comme en 1988, aurait suspendu la démocratie et mis sous coupe militaire, avec la restriction des libertés, l’’encadrement stricte de celle d’expression, notamment la diffusion par l’écrit, l’image et la parole avec une censure d’Etat. Avec le concours des forces de l’ordre, les principaux candidats et dirigeants de l’opposition et/ou leaders d’opinion mal pensant seraient mis aux arrêts et l’on se donnerait ainsi les moyens d’une négociation pour un gouvernement de majorité présidentielle élargie, voire d’union nationale que des partenaires au développement mis devant le fait accompli, avaliseraient même la mort dans l’âme. Et le tour était joué.
En invitant en effet, les militants à jubiler et à manifester notamment devant la permanence du Parti démocratique sénégalais (Pds) sur la VDN et ailleurs, alors que tous les résultats égrenés par les radios les donnaient perdants, les Fal 2012, cherchaient assurément à créer des troubles de nature à pouvoir décréter l’état d’urgence, confient des sources généralement bien informées.
Des velléités qui ont été vite décryptées par la haute hiérarchie militaire et de la Gendarmerie, d’autant plus facilement qu’elle avait été, entre les deux tours, « consultée » au plus haut niveau pour connaître de sa réaction en cas de troubles de l’ordre public si d’aventure, Macky Sall perdait l’élection et que la rue s’embrasait et/ou si le pouvoir en place forçait un peu le destin s’il perdait avec un écart minimum. Les officiers généraux auraient répondu à la hiérarchie civile consultante, qu’ils n’étaient pas compétents au premier chef du maintien d’ordre, leurs troupes venant en deuxième et troisième position en la matière après la police première force à ce niveau et qu’en suite, la situation en Casamance sollicitait plus leur préoccupation qu’un maintien de l’ordre tendant à pérenniser un pouvoir décrié. Le tout dit avec la courtoisie et l’élégance nécessaires. Poliment, mais fermement. Ils étaient d’autant plus fondés à le dire à leurs chefs civils qu’ils les avaient avertis au sortir des élections locales de 2009 sur le désamour des populations et l’impopularité du fils, rapportés par leurs services de renseignement. Les officiers généraux avaient en effet, sollicité à l’occasion d’une réunion de sécurité après la débâcle de mars 2009 de parler en privé avec leur commandant en chef, le président de la République pour l’informer de vive voix et l’inviter à tirer les conséquences politiques qu’une telle situation exigeait.
C’est ainsi qu’avisés de certaines velléités le dimanche dernier, les deux Abdoulaye Fall, le chef d’état-major général des Armées et le Haut commandant de la gendarmerie se sont précipités au palais de la République. Leur audience avec le président Wade n’est assurément pas étrangère comme nous l’écrivions dans notre édition du lundi 26 dernier à la promptitude du candidat Wade à reconnaître sa défaite. La rapidité de son coup de fil à Macky Sall tient davantage de la démarche de deux chefs des Armées qu’à autre chose ainsi que l’on tente de l’accréditer depuis.
Une caution recherchée auprès des Khalifes généraux ?
Forts des informations à bonnes sources, tirées des Services de renseignements qui dès 18h30, ce dimanche avaient alerté sur le revers cuisant du président sortant en indiquant que 62% de l’électorat, sur la base des bureaux tests compilés, venaient de sanctionner sa gouvernance et sa quête d’un troisième mandat, nos deux généraux lui avaient fermement demandé de se rendre à l’évidence pour épargner au pays des soubresauts préjudiciables à sa stabilité. Les deux officiers généraux que des membres de l’entourage du président dont un ministre d’Etat, ont cherché à torpiller l’audience, ont été encouragés par les partenaires au développement à briefer Abdoulaye Wade et l’amener ainsi à mettre fin à un suspense gros d’incertitude. D’autant plus que ces derniers, notamment la France et les Usa qui avaient pesé de tout leur poids au premier tour pour que les Fal 2012 n’exécutent l’holdup projeté avec la publication de leurs propres résultats,-il faut dire que Farba Senghor, le chargé de la propagande du Pds et Serigne Mbacké Ndiaye ont tous les deux, diffusé le dimanche 26 février des résultats fantaisistes qui donnaient leur candidat gagnant dès le premier tour,- se sont voulus plus discrets et se sont rabattu conséquemment sur nos deux généraux, apprend-on de sources dignes de foi pour dire aux Wade leur fait. Et les Wade de s’incliner devant les chefs des Armées et de saluer Macky Sall.
Par ailleurs, Wade père cherche-t-il à absoudre Wade fils en cherchant onction auprès des chefs religieux qu’il visite depuis lundi dernier. A Tivaouane hier, mardi 27 mars, le désormais ancien président de la République a affirmé que son fils Karim n’avait géré aucun sou de l’Etat depuis qu’il est aux affaires. On peut bien se demander par quelle alchimie ? Il nous revient de sources généralement bien informées, qu’on était en train de faire disparaître depuis dimanche des dossiers au palais pour effacer toutes traces.
Toujours est-il que le président Wade qui ne fait que revenir à la charge absout sa famille pourtant installée au cœur des affaires de la République depuis 2000. C’est ainsi que le fils devenu ministre d’Etat à particules, tant les départements rassemblés en un sont nombreux, s’est occupé auparavant de l’organisation de la Conférence islamique au Sénégal en étant à la tête de l’Anoci avec son « jumeau » Abdoulaye Baldé l’encore ministre des Mines, maire de Ziguinchor, directeur exécutif à l’époque de l’Agence. Etait-il le seul qui signait et par conséquent le seul à devoir rendre compte aujourd’hui? Il en est de même certainement pour le Fesman. Là également, est-ce seul Abdoul Aziz Sow le délégué général qui signait en lieu et place de la fille conseillère, Sindiély ?
Opération de blanchiment
Le nouveau président, Macky Sall est attendu sur tous ces dossiers. Il se rapporte que des négociations sont entreprises sur toutes ces questions et sur d’autres dans le souci « d’amnistier » le chef de l’Etat sortant et sa famille. Toute tentative de connivence à ce niveau, sera assurément considérée comme un casus belli par le peuple. Les comptes de la Nation ainsi que les deniers publics ne sauraient souffrir d’un quelconque deal préjudiciable à leur tenue. Tout comme les électeurs de dimanche dernier ne sauraient inscrire à perte et profit, les crimes économiques de ces dix dernières années. Ils demandent éclaircissement et justice sur les bradages de la Sonacos, de Transrail, des Ics, du Port autonome de Dakar et de bien d’autres affaires louches qui ont mis à genoux l’économie nationale et vendangé les joyaux de la République.
L’évocation urbi et orbi en outre du président sortant des élections législatives et la tentative d’innocenter son fils à Tivaouane à la suite de sa visite la veille à Touba ainsi que sa décision de rester au Sénégal ne sont pas gratuites. D’autant plus qu’il semble signifier ainsi à Macky Sall qu’il sera là pour lui mettre des bâtons dans les roues en se servant des immenses ressources dont il disposerait et en s’appuyant sur l’appareil du Pds et des débris des Fal dans le but de faire exploser la coalition hétéroclite Benno Bokk Yakaar. La menace suspendue sur la tête de Macky Sall par le vieux redevenu opposant, rôle dans lequel il excelle, apparait ainsi comme l’arme fatale pour neutraliser toute tentative contre lui et les siens de la part du nouveau pouvoir. Le premier test à ce sujet se fera autour de la question du report éventuel des élections législatives inscrit à l’ordre du jour à la foi par le délai trop court pour le dépôt des listes (le 7 avril), par la loi sur la parité inapplicable et les réformes constitutionnelle (au singulier) et institutionnelles indispensables pour la gouvernabilité et la gouvernance post-Wade. Les généraux ont-ils eux, neutralisé des velléités de putsch ?
par Madior FALL
© Copyright Sud Quotidien
Le Général de Corps d’Armée, le Général Abdoulaye Fall, chef d’état-major général des Forces armées et son collège le Général de Division, Haut commandant de la Gendarmerie nationale, Directeur de la Justice militaire, le Général Abdoulaye Fall ont-ils tué dans l’œuf les velléités libérales de confiscation du pouvoir? En obligeant le chef de l’Etat sortant, à reconnaître dès le dimanche 25 mars en début de soirée, sa défaite, ils ont aidé grandement à mettre fin à un suspense gros d’incertitude.Par ailleurs, en animal politique blessé dans son amour propre, son orgueil et sa fierté narcissique, le désormais ancien président prépare déjà le troisième tour qui se jouerait dans sa tête dès maintenant.
Le président sortant, Abdoulaye Wade a reconnu dimanche 25 mars aux environs de 21heures, sa défaite en appelant son challenger, Macky Sall candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar. Ce faisant il a refait un geste inscrit désormais dans la tradition républicaine. A la suite de Abdou Diouf, battu en 2000, il s’est incliné devant son tombeur du dimanche. Du moins en apparence, une apparence que l’on cherche à imposer à la mémoire collective nationale depuis. La vérité semble tout autre.
En fait, il semblerait plutôt que des éléments des Forces alliées (Fal2012) avaient nourri la secrète ambition de forcer le destin le 25 mars dernier. On leur a prêté en tout cas l’intention, de créer le même jour, un chaos dans le dessein de fournir aux autorités l’alibi d’un état d’urgence à Dakar d’abord et sur le reste du pays, si la situation empirait. Un état d’urgence qui comme en 1988, aurait suspendu la démocratie et mis sous coupe militaire, avec la restriction des libertés, l’’encadrement stricte de celle d’expression, notamment la diffusion par l’écrit, l’image et la parole avec une censure d’Etat. Avec le concours des forces de l’ordre, les principaux candidats et dirigeants de l’opposition et/ou leaders d’opinion mal pensant seraient mis aux arrêts et l’on se donnerait ainsi les moyens d’une négociation pour un gouvernement de majorité présidentielle élargie, voire d’union nationale que des partenaires au développement mis devant le fait accompli, avaliseraient même la mort dans l’âme. Et le tour était joué.
En invitant en effet, les militants à jubiler et à manifester notamment devant la permanence du Parti démocratique sénégalais (Pds) sur la VDN et ailleurs, alors que tous les résultats égrenés par les radios les donnaient perdants, les Fal 2012, cherchaient assurément à créer des troubles de nature à pouvoir décréter l’état d’urgence, confient des sources généralement bien informées.
Des velléités qui ont été vite décryptées par la haute hiérarchie militaire et de la Gendarmerie, d’autant plus facilement qu’elle avait été, entre les deux tours, « consultée » au plus haut niveau pour connaître de sa réaction en cas de troubles de l’ordre public si d’aventure, Macky Sall perdait l’élection et que la rue s’embrasait et/ou si le pouvoir en place forçait un peu le destin s’il perdait avec un écart minimum. Les officiers généraux auraient répondu à la hiérarchie civile consultante, qu’ils n’étaient pas compétents au premier chef du maintien d’ordre, leurs troupes venant en deuxième et troisième position en la matière après la police première force à ce niveau et qu’en suite, la situation en Casamance sollicitait plus leur préoccupation qu’un maintien de l’ordre tendant à pérenniser un pouvoir décrié. Le tout dit avec la courtoisie et l’élégance nécessaires. Poliment, mais fermement. Ils étaient d’autant plus fondés à le dire à leurs chefs civils qu’ils les avaient avertis au sortir des élections locales de 2009 sur le désamour des populations et l’impopularité du fils, rapportés par leurs services de renseignement. Les officiers généraux avaient en effet, sollicité à l’occasion d’une réunion de sécurité après la débâcle de mars 2009 de parler en privé avec leur commandant en chef, le président de la République pour l’informer de vive voix et l’inviter à tirer les conséquences politiques qu’une telle situation exigeait.
C’est ainsi qu’avisés de certaines velléités le dimanche dernier, les deux Abdoulaye Fall, le chef d’état-major général des Armées et le Haut commandant de la gendarmerie se sont précipités au palais de la République. Leur audience avec le président Wade n’est assurément pas étrangère comme nous l’écrivions dans notre édition du lundi 26 dernier à la promptitude du candidat Wade à reconnaître sa défaite. La rapidité de son coup de fil à Macky Sall tient davantage de la démarche de deux chefs des Armées qu’à autre chose ainsi que l’on tente de l’accréditer depuis.
Une caution recherchée auprès des Khalifes généraux ?
Forts des informations à bonnes sources, tirées des Services de renseignements qui dès 18h30, ce dimanche avaient alerté sur le revers cuisant du président sortant en indiquant que 62% de l’électorat, sur la base des bureaux tests compilés, venaient de sanctionner sa gouvernance et sa quête d’un troisième mandat, nos deux généraux lui avaient fermement demandé de se rendre à l’évidence pour épargner au pays des soubresauts préjudiciables à sa stabilité. Les deux officiers généraux que des membres de l’entourage du président dont un ministre d’Etat, ont cherché à torpiller l’audience, ont été encouragés par les partenaires au développement à briefer Abdoulaye Wade et l’amener ainsi à mettre fin à un suspense gros d’incertitude. D’autant plus que ces derniers, notamment la France et les Usa qui avaient pesé de tout leur poids au premier tour pour que les Fal 2012 n’exécutent l’holdup projeté avec la publication de leurs propres résultats,-il faut dire que Farba Senghor, le chargé de la propagande du Pds et Serigne Mbacké Ndiaye ont tous les deux, diffusé le dimanche 26 février des résultats fantaisistes qui donnaient leur candidat gagnant dès le premier tour,- se sont voulus plus discrets et se sont rabattu conséquemment sur nos deux généraux, apprend-on de sources dignes de foi pour dire aux Wade leur fait. Et les Wade de s’incliner devant les chefs des Armées et de saluer Macky Sall.
Par ailleurs, Wade père cherche-t-il à absoudre Wade fils en cherchant onction auprès des chefs religieux qu’il visite depuis lundi dernier. A Tivaouane hier, mardi 27 mars, le désormais ancien président de la République a affirmé que son fils Karim n’avait géré aucun sou de l’Etat depuis qu’il est aux affaires. On peut bien se demander par quelle alchimie ? Il nous revient de sources généralement bien informées, qu’on était en train de faire disparaître depuis dimanche des dossiers au palais pour effacer toutes traces.
Toujours est-il que le président Wade qui ne fait que revenir à la charge absout sa famille pourtant installée au cœur des affaires de la République depuis 2000. C’est ainsi que le fils devenu ministre d’Etat à particules, tant les départements rassemblés en un sont nombreux, s’est occupé auparavant de l’organisation de la Conférence islamique au Sénégal en étant à la tête de l’Anoci avec son « jumeau » Abdoulaye Baldé l’encore ministre des Mines, maire de Ziguinchor, directeur exécutif à l’époque de l’Agence. Etait-il le seul qui signait et par conséquent le seul à devoir rendre compte aujourd’hui? Il en est de même certainement pour le Fesman. Là également, est-ce seul Abdoul Aziz Sow le délégué général qui signait en lieu et place de la fille conseillère, Sindiély ?
Opération de blanchiment
Le nouveau président, Macky Sall est attendu sur tous ces dossiers. Il se rapporte que des négociations sont entreprises sur toutes ces questions et sur d’autres dans le souci « d’amnistier » le chef de l’Etat sortant et sa famille. Toute tentative de connivence à ce niveau, sera assurément considérée comme un casus belli par le peuple. Les comptes de la Nation ainsi que les deniers publics ne sauraient souffrir d’un quelconque deal préjudiciable à leur tenue. Tout comme les électeurs de dimanche dernier ne sauraient inscrire à perte et profit, les crimes économiques de ces dix dernières années. Ils demandent éclaircissement et justice sur les bradages de la Sonacos, de Transrail, des Ics, du Port autonome de Dakar et de bien d’autres affaires louches qui ont mis à genoux l’économie nationale et vendangé les joyaux de la République.
L’évocation urbi et orbi en outre du président sortant des élections législatives et la tentative d’innocenter son fils à Tivaouane à la suite de sa visite la veille à Touba ainsi que sa décision de rester au Sénégal ne sont pas gratuites. D’autant plus qu’il semble signifier ainsi à Macky Sall qu’il sera là pour lui mettre des bâtons dans les roues en se servant des immenses ressources dont il disposerait et en s’appuyant sur l’appareil du Pds et des débris des Fal dans le but de faire exploser la coalition hétéroclite Benno Bokk Yakaar. La menace suspendue sur la tête de Macky Sall par le vieux redevenu opposant, rôle dans lequel il excelle, apparait ainsi comme l’arme fatale pour neutraliser toute tentative contre lui et les siens de la part du nouveau pouvoir. Le premier test à ce sujet se fera autour de la question du report éventuel des élections législatives inscrit à l’ordre du jour à la foi par le délai trop court pour le dépôt des listes (le 7 avril), par la loi sur la parité inapplicable et les réformes constitutionnelle (au singulier) et institutionnelles indispensables pour la gouvernabilité et la gouvernance post-Wade. Les généraux ont-ils eux, neutralisé des velléités de putsch ?
par Madior FALL
© Copyright Sud Quotidien
Wade rumine sa défaite à Tivaouane: «Je me demande par où Macky est passé pour gagner»
(Le Quotidien (Sn) 28/03/2012)
La passation de service entre le Président sortant, Abdoulaye Wade, et le Président élu, Macky Sall, va se passer le lundi 2 avril 2012. Cette déclaration est de Me Wade qui l’a livrée lors de sa visite auprès du khalife général des Tidianes, Seydi Mouhamadou Mansour Sy. Le Président Wade est arrivé à Tivaouane à bord d’un hélicoptère vers 11h du matin, hier. Reçu par Serigne Mansour Sy et Abdoul Aziz Sy Junior, Me Wade, triste et mélancolique, a porté les attributs d’un Président déchu déjà nostalgique du pouvoir. Il s’est même interrogé sur la victoire de Macky Sall dont il avale encore difficilement la pilule de la défaite. «Je m’interroge toujours pour savoir comment il a fait pour gagner la Présidentielle.
C’est très difficile à accepter, mais nous sommes des musulmans et nous acceptons le decret divin. Je ne regrette rien parce que j’ai travaillé pour mettre le Sénégal sur les rails du développement», a dit le Président Wade.
Me Wade a réaffirmé son souhait de demeurer au Sénégal pour l’éternité. «Le roi du Maroc m’a invité pour que je parte me reposer sur ses terres. Je lui ai dit que j’ai encore des dossiers à finir, sinon je vais voir après. Je tiens à dire que je suis Sénégalais et je compte rester et vivre au Sénégal jusqu’à la fin de ma vie. Je ne vais pas m’exiler», a-t-il souligné.
Pour le cas de son fils, Me Wade le blanchit d’abord de toute gestion étatique. Avant de dire : «Karim Wade va rester avec moi au Sénégal. Des banques du Moyen-Orient lui ont proposé des postes de direction mais je lui ai demandé de rester au Sénégal. Mon fils a été ministre mais il n’a jamais géré de deniers publics pour avoir des comptes à rendre. On peut être ministre sans gérer des sous.» Me Wade refuse de prendre une retraite paisible et dorée puisqu’il va s’atteler à écrire un ouvrage pour y consigner ses grands projets. L’ouvrage sera réparti en trois parties. Dans une première partie, le Président Wade va y répertorier les projets de l’Etat, qui ont déjà été réalisés par le régime libéral. Dans une seconde partie, il va y recenser les projets de l’Etat en cours. Abdoulaye Wade consacrera la troisième partie aux projets à venir. Après l’écriture de l’ouvrage, «je vais le soumettre à l’appréciation de Macky Sall qui est libre de les exécuter ou de faire autre chose», fera-t-il remarquer. Le Président sortant Me Wade qui n’est pas encore prêt à se départir de son manteau présidentiel, tenant visiblement aux grands chantiers qu’il a déjà initiés, souhaite vivement que le Président élu Macky Sall les termine «au profit des Sénégalais».
Me Wade a sollicité des prières auprès de Serigne Mansour Sy en faveur de son successeur Macky Sall afin qu’il réussisse dans toutes ses entreprises. «Si c’était l’opposition qui avait gagné l’élection, cela allait être pire puisqu’elle est incapable. Macky Sall ne fera pas comme ces leaders», conclut-il.
Par Ousseynou Massèrigne GUEYE
© Copyright Le Quotidien (Sn)
La passation de service entre le Président sortant, Abdoulaye Wade, et le Président élu, Macky Sall, va se passer le lundi 2 avril 2012. Cette déclaration est de Me Wade qui l’a livrée lors de sa visite auprès du khalife général des Tidianes, Seydi Mouhamadou Mansour Sy. Le Président Wade est arrivé à Tivaouane à bord d’un hélicoptère vers 11h du matin, hier. Reçu par Serigne Mansour Sy et Abdoul Aziz Sy Junior, Me Wade, triste et mélancolique, a porté les attributs d’un Président déchu déjà nostalgique du pouvoir. Il s’est même interrogé sur la victoire de Macky Sall dont il avale encore difficilement la pilule de la défaite. «Je m’interroge toujours pour savoir comment il a fait pour gagner la Présidentielle.
C’est très difficile à accepter, mais nous sommes des musulmans et nous acceptons le decret divin. Je ne regrette rien parce que j’ai travaillé pour mettre le Sénégal sur les rails du développement», a dit le Président Wade.
Me Wade a réaffirmé son souhait de demeurer au Sénégal pour l’éternité. «Le roi du Maroc m’a invité pour que je parte me reposer sur ses terres. Je lui ai dit que j’ai encore des dossiers à finir, sinon je vais voir après. Je tiens à dire que je suis Sénégalais et je compte rester et vivre au Sénégal jusqu’à la fin de ma vie. Je ne vais pas m’exiler», a-t-il souligné.
Pour le cas de son fils, Me Wade le blanchit d’abord de toute gestion étatique. Avant de dire : «Karim Wade va rester avec moi au Sénégal. Des banques du Moyen-Orient lui ont proposé des postes de direction mais je lui ai demandé de rester au Sénégal. Mon fils a été ministre mais il n’a jamais géré de deniers publics pour avoir des comptes à rendre. On peut être ministre sans gérer des sous.» Me Wade refuse de prendre une retraite paisible et dorée puisqu’il va s’atteler à écrire un ouvrage pour y consigner ses grands projets. L’ouvrage sera réparti en trois parties. Dans une première partie, le Président Wade va y répertorier les projets de l’Etat, qui ont déjà été réalisés par le régime libéral. Dans une seconde partie, il va y recenser les projets de l’Etat en cours. Abdoulaye Wade consacrera la troisième partie aux projets à venir. Après l’écriture de l’ouvrage, «je vais le soumettre à l’appréciation de Macky Sall qui est libre de les exécuter ou de faire autre chose», fera-t-il remarquer. Le Président sortant Me Wade qui n’est pas encore prêt à se départir de son manteau présidentiel, tenant visiblement aux grands chantiers qu’il a déjà initiés, souhaite vivement que le Président élu Macky Sall les termine «au profit des Sénégalais».
Me Wade a sollicité des prières auprès de Serigne Mansour Sy en faveur de son successeur Macky Sall afin qu’il réussisse dans toutes ses entreprises. «Si c’était l’opposition qui avait gagné l’élection, cela allait être pire puisqu’elle est incapable. Macky Sall ne fera pas comme ces leaders», conclut-il.
Par Ousseynou Massèrigne GUEYE
© Copyright Le Quotidien (Sn)
« NDIGUELS » ELECTORAUX: Le peuple consigne Wade
(Sud Quotidien 28/03/2012)
La commission nationale de recensement des votes, sise à la Cour d’Appel de Dakar a livré les résultats provisoires du scrutin du 25 mars derniers. A l’issue de ce second tour de la présidentielle, en attendant la confirmation de ces résultats par le Conseil constitutionnel, Macky Sall de la coalition Benno bokk yakaar est élu président de la République avec 65.80% des suffrages valablement exprimés, soit 1909 244 voix. Son challenger Me Abdoulaye Wade, le président sortant, n’a obtenu que 34.20% (992 556 voix).Au regard de ce résultat, le score du président sortant Me Abdoulaye Wade a baissé de 0.61% (34.81% des voix au premier tour). Au même moment, le président nouvellement élu, Macky Sall a gagné environ 40%, il était à 26.58% des suffrages à l’issue du scrutin du 26 février dernier.
Entre autres questions que l’on est tenté de se poser, au vu de ses scores des deux candidats, est : «Que sont devenus les ‘’ndiguël’’ électoraux donnés par certains marabouts en faveur de Wade» ? «Où sont passés les ‘’12 millions de talibés’’ dont-ils se réclament ». Or Abdoulaye Wade n’avait besoin que d’un peu moins 2 millions de voix pour rester au palais de l’avenu Room, au regard du nombre de suffrages valablement exprimés.
En effet, le président sortant, face à la décision de tous les candidats malheureux du premier tour de soutenir la candidature de son adversaire Macky Sall, s’est tourné vers ceux qui, jusque-là, sont considérés comme de «grands électeurs», notamment les marabouts. Sa moisson auprès des khalifes généraux de Touba et Tivaouane n’aura pas été bonne.
Toutefois, Me Abdoulaye Wade pouvait se contenter du soutien de Cheikh Béthio Thioune, le guide des «Thiantacounes» qui revendique «12 millions» de disciples, de Cheikh Ndiguël Fall marabout des «Baye Fall» et de Serigne Kosso Mbacké, un petit fils de Mame Thierno Birahim Mbacké, qui est connu pour ses dons de guérisseur de maladies. D’ailleurs, au premier tour, le guide des Thiantacounes avait donné le même consigne de vote à ses disciples, mais cela n’a pas suffit pour faire passer le candidat des Fal 2012 le cap du 26 févirer.
Dès le 2 mars, lors d’une rencontre avec le désormais ex-président de la République diffusée à la Radio diffusion télévision du Sénégal (Rts) Cheikh Béthio Thioune a ordonné à tous ses talibés de voter pour Wade au second tour. Et depuis, il s’est impliqué personnellement dans la campagne pour la réélection du candidat des Fal 2012, devenue un combat personnel. Le 17 mars derniers les Thiantaounes ont répondu massivement à son appel au rassemblement à la Place de l’Obélisque qu’il a baptisé Place Serigne Serigne Saliou Mbacké pour l’occasion.
Auparavant, déterminés à traduire en acte et à faires respecter leurs consignes de vote en faveur d’Abdoulaye Wade par leurs disciples, Serigne Béthio Thioune et Cheikh Ndiguël Fall ont mise sur pied le mouvement ‘’Mouride ndiguël’’ qui a été lancé officiellement le 7 mars lors d’un point de presse.
Toujours le 7 mars, Serigne Kosso Mbacké, justifiant son appel à voter Wade soulignait : «Si les chanteurs et les danseurs peuvent être amenés à donner des consignes de vote, il doit être loisible aux marabouts d’en faire de même surtout en faveur d’un candidat dont les mains ont serré celles de Cheikh Ahmadou Bamba. C’est l’une des raisons pour lesquelles, j’ai pris l’engagement ferme ici et maintenant de soutenir le président Abdoulaye Wade pour le second tour de l’élection présidentielle. J’invite mes parents, mes proches et mes talibés d’ici et de la diaspora à en faire de même».
La presse a également fait part des consignes de vote données par les guides des «Moustrachidines wal moustarchidati», Cheikh Tidiane Sy et celui du «Mouvement mondial pour l’unicité de Dieux», Serigne Modou Kara Mbacké. Cependant, ces derniers ont vite fait démentir l’information, mettant leur talibés à l’aise.
Le Niguël électoral, ce n’est pas qu’au Nord. Au Sud aussi, dans le Pakao, non seulement des marabouts ont été rassemblé à Oudoucar pour un récital de plusieurs exemplaires du Coran, mais à Sédhiou, des marabouts ont appelé à voter Wade lors du passage de sa caravane dans la région. D’ailleurs ici, les 30 millions plus les deux véhicules que le candidat des Fal 2012 a offert à ces religieux ont fini par diviser ces derniers et au-delà, les talibés.
Et, tout compte fait à l’arrivée, au soir du 25 mars 2012, les ‘’ndiguël’’ n’ont été d’aucun apport pour Wade. Au contraire, le score du président sortant, au lieu d’évoluer positivement grâce aux consignes de votes de ces «grands électeurs» en sa faveur, a régressé en termes de pourcentage, même s’il a gagné quelques dizaines de voix de plus : 942 546 voix au premier tour contre 992 556 voix au second tour.
par Ibrahima DIALLO
© Copyright Sud Quotidien
La commission nationale de recensement des votes, sise à la Cour d’Appel de Dakar a livré les résultats provisoires du scrutin du 25 mars derniers. A l’issue de ce second tour de la présidentielle, en attendant la confirmation de ces résultats par le Conseil constitutionnel, Macky Sall de la coalition Benno bokk yakaar est élu président de la République avec 65.80% des suffrages valablement exprimés, soit 1909 244 voix. Son challenger Me Abdoulaye Wade, le président sortant, n’a obtenu que 34.20% (992 556 voix).Au regard de ce résultat, le score du président sortant Me Abdoulaye Wade a baissé de 0.61% (34.81% des voix au premier tour). Au même moment, le président nouvellement élu, Macky Sall a gagné environ 40%, il était à 26.58% des suffrages à l’issue du scrutin du 26 février dernier.
Entre autres questions que l’on est tenté de se poser, au vu de ses scores des deux candidats, est : «Que sont devenus les ‘’ndiguël’’ électoraux donnés par certains marabouts en faveur de Wade» ? «Où sont passés les ‘’12 millions de talibés’’ dont-ils se réclament ». Or Abdoulaye Wade n’avait besoin que d’un peu moins 2 millions de voix pour rester au palais de l’avenu Room, au regard du nombre de suffrages valablement exprimés.
En effet, le président sortant, face à la décision de tous les candidats malheureux du premier tour de soutenir la candidature de son adversaire Macky Sall, s’est tourné vers ceux qui, jusque-là, sont considérés comme de «grands électeurs», notamment les marabouts. Sa moisson auprès des khalifes généraux de Touba et Tivaouane n’aura pas été bonne.
Toutefois, Me Abdoulaye Wade pouvait se contenter du soutien de Cheikh Béthio Thioune, le guide des «Thiantacounes» qui revendique «12 millions» de disciples, de Cheikh Ndiguël Fall marabout des «Baye Fall» et de Serigne Kosso Mbacké, un petit fils de Mame Thierno Birahim Mbacké, qui est connu pour ses dons de guérisseur de maladies. D’ailleurs, au premier tour, le guide des Thiantacounes avait donné le même consigne de vote à ses disciples, mais cela n’a pas suffit pour faire passer le candidat des Fal 2012 le cap du 26 févirer.
Dès le 2 mars, lors d’une rencontre avec le désormais ex-président de la République diffusée à la Radio diffusion télévision du Sénégal (Rts) Cheikh Béthio Thioune a ordonné à tous ses talibés de voter pour Wade au second tour. Et depuis, il s’est impliqué personnellement dans la campagne pour la réélection du candidat des Fal 2012, devenue un combat personnel. Le 17 mars derniers les Thiantaounes ont répondu massivement à son appel au rassemblement à la Place de l’Obélisque qu’il a baptisé Place Serigne Serigne Saliou Mbacké pour l’occasion.
Auparavant, déterminés à traduire en acte et à faires respecter leurs consignes de vote en faveur d’Abdoulaye Wade par leurs disciples, Serigne Béthio Thioune et Cheikh Ndiguël Fall ont mise sur pied le mouvement ‘’Mouride ndiguël’’ qui a été lancé officiellement le 7 mars lors d’un point de presse.
Toujours le 7 mars, Serigne Kosso Mbacké, justifiant son appel à voter Wade soulignait : «Si les chanteurs et les danseurs peuvent être amenés à donner des consignes de vote, il doit être loisible aux marabouts d’en faire de même surtout en faveur d’un candidat dont les mains ont serré celles de Cheikh Ahmadou Bamba. C’est l’une des raisons pour lesquelles, j’ai pris l’engagement ferme ici et maintenant de soutenir le président Abdoulaye Wade pour le second tour de l’élection présidentielle. J’invite mes parents, mes proches et mes talibés d’ici et de la diaspora à en faire de même».
La presse a également fait part des consignes de vote données par les guides des «Moustrachidines wal moustarchidati», Cheikh Tidiane Sy et celui du «Mouvement mondial pour l’unicité de Dieux», Serigne Modou Kara Mbacké. Cependant, ces derniers ont vite fait démentir l’information, mettant leur talibés à l’aise.
Le Niguël électoral, ce n’est pas qu’au Nord. Au Sud aussi, dans le Pakao, non seulement des marabouts ont été rassemblé à Oudoucar pour un récital de plusieurs exemplaires du Coran, mais à Sédhiou, des marabouts ont appelé à voter Wade lors du passage de sa caravane dans la région. D’ailleurs ici, les 30 millions plus les deux véhicules que le candidat des Fal 2012 a offert à ces religieux ont fini par diviser ces derniers et au-delà, les talibés.
Et, tout compte fait à l’arrivée, au soir du 25 mars 2012, les ‘’ndiguël’’ n’ont été d’aucun apport pour Wade. Au contraire, le score du président sortant, au lieu d’évoluer positivement grâce aux consignes de votes de ces «grands électeurs» en sa faveur, a régressé en termes de pourcentage, même s’il a gagné quelques dizaines de voix de plus : 942 546 voix au premier tour contre 992 556 voix au second tour.
par Ibrahima DIALLO
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Malgré le million de femmes de Aïda Mbodj, le million de jeunes de Bara Gaye, les millions de talibés de Cheikh Béthio: Wade ne récolte que 50 000 voix de plus au second tour
(Le Quotidien (Sn) 28/03/2012)
Quel cruel destin que celui du Pape du Sopi ! Berné et aveuglé par des chiffres utopiques, lui assurant une victoire au premier tour de la Présidentielle de 2012, Wade n’a pas su, en définitive, bénéficier des millions de voix à lui, promis par ces «grands électeurs», répondant au nom de Bara Gaye, Aïda Mbodji, Béthio Thioune.Abdoulaye Wade aurait pu demander le recomptage des voix issues des urnes de ce second tour. A juste raison ! A la lecture des assurances données par les responsables des jeunes et femmes de son parti en plus du très «populaire» Béthio Thioune, le Président sortant pourrait penser au bourrage des urnes.
Le malheureux candidat des Fal2012 s’est peut-être dit, en son for intérieur, que les millions de voix que ses souteneurs lui ont promis ces derniers mois, n’ont pas été pris en compte, par les préposés à cet exercice. Mais les résultats provisoires publiés hier par la Cour d’appel de Dakar viennent confirmer hélas, que ces voix supplémentaires comptées par millions par ces trois fameux personnages n’existaient que dans leur imagination.
Puisqu’au total, seuls 2 915 893 électeurs sont, en définitive, passés aux urnes. Et tout naturellement, le nouveau président de la République du Sénégal s’est taillé la part du lion avec 1 909 244 électeurs, tandis que le «champion» des jeunes et des femmes s’est retrouvé avec 992 556 électeurs. Pas un seul de plus !
Or, le responsable des jeunes libéraux avait fait la ferme promesse à Wade, un certain 23 juillet 2011 à la Permanence du Pds, que son Ujtl prenait l’engagement de lui trouver un million de jeunes électeurs pour sa réélection le 26 février 2012. La suite, on la connaît…..
Au nom des jeunes de ce pays, il a eu l’outrecuidance de s’exprimer en faveur de son bienfaiteur, dans un phrasé provocateur et pollué de contrevérités, sur les conditions d’existence des jeunes au Sénégal. Bara Gaye, inconnu dans son fief de Yeumbeul en banlieue, sorti de nulle part, avait réellement fini de révulser les 65% de jeunes de ce pays. Certains s’interrogeaient sur la légitimité de cet arriviste, qui émarge chez le fils du Président Wade en tant qu’attaché de Cabinet, pour parler au nom de cette frange de la population. La réponse était claire : il fallait l’attendre au tournant….des bureaux de vote. Parachuté à la tête de l’Ujtl par la Génération du concret, il s’est par la suite, retrouvé ministre-conseiller à la Présidence, alors qu’en réalité, il ne peut mobiliser que 10 personnes chez lui, sans bourse délier. Ce jeune aux lunettes d’intello qui se réclamait fièrement «inconditionnel» de Wade-fils n’a pas tenu ses promesses à l’endroit de Wade-père, laminé presque partout dans le pays. Et dans le lot de ses électueurs, figuraient en bonne partie des centaines de milliers de jeunes à l’image du mouvement Y’ en a marre, déterminés à changer ce pays. Ce camouflet mémorable à Bara Gaye n’est cependant pas un cas isolé dans la galaxie wadienne.
LA REVANCHE DE LA JEUNESSE DU PAYS
Aïda Mbodji avait débité la même promesse pour les beaux yeux du Pape du Sopi ! Elle également, avec sa campagne «Ma carte, ma caution», qui faisait même l’objet d’une page spéciale à la Radiodiffusion télévision sénégalaise (Rts), n’a pas su mobiliser son million de femmes. Pourtant à elle, que de moyens donnés ! A travers son département ministériel (Famille et Organisations féminines), elle pensait pouvoir mettre au pas, ces femmes en les appâtant par le truchement de financements purement….politiciens. Elle aussi, incapable de régner en maîtresse chez elle à Bambey, doit présenter ses excuses, au-delà de Wade à toutes les Sénégalaises dignes de ce pays et au nom de qui, elle a eu le culot d’entretenir l’illusion des années durant. Les larmes versées chez elle, à la suite de la débâcle des Fal2012, sont d’ailleurs assez symptomatiques du mal qui l’habite, pour avoir personnellement été sanctionnée par les femmes. A force de la voir sillonner le pays vantant les mérites de son candidat, ces dernières ont voulu faire du cas Aïda Mbodji, leur propre affaire. Elles ont fini de la remettre à sa place !
Que dire de Béthio Thioune ? En plus de devoir perdre son titre de Cheikh, comme il l’avait promis, si Wade venait à chuter le 25 mars 2012, il doit bien rendre des comptes à celui-ci. Ses «millions» de….voix ne se sont pas retrouvées dans les urnes, conformément à ses engagements. Son candidat n’a eu que 992 556 électeurs là où il aurait pu se retrouver, en plus des deux millions d’électeur de l’Ujtl et des femmes du Pds, avec plus de 5 millions de voix. Manifestement, ces «grands électeurs» n’ont pas su additionner pour le candidat Wade, qui est tombé des nus après avoir eu écho de la vérité des urnes et des chiffres.
Par Aly FALL
© Copyright Le Quotidien (Sn)
Quel cruel destin que celui du Pape du Sopi ! Berné et aveuglé par des chiffres utopiques, lui assurant une victoire au premier tour de la Présidentielle de 2012, Wade n’a pas su, en définitive, bénéficier des millions de voix à lui, promis par ces «grands électeurs», répondant au nom de Bara Gaye, Aïda Mbodji, Béthio Thioune.Abdoulaye Wade aurait pu demander le recomptage des voix issues des urnes de ce second tour. A juste raison ! A la lecture des assurances données par les responsables des jeunes et femmes de son parti en plus du très «populaire» Béthio Thioune, le Président sortant pourrait penser au bourrage des urnes.
Le malheureux candidat des Fal2012 s’est peut-être dit, en son for intérieur, que les millions de voix que ses souteneurs lui ont promis ces derniers mois, n’ont pas été pris en compte, par les préposés à cet exercice. Mais les résultats provisoires publiés hier par la Cour d’appel de Dakar viennent confirmer hélas, que ces voix supplémentaires comptées par millions par ces trois fameux personnages n’existaient que dans leur imagination.
Puisqu’au total, seuls 2 915 893 électeurs sont, en définitive, passés aux urnes. Et tout naturellement, le nouveau président de la République du Sénégal s’est taillé la part du lion avec 1 909 244 électeurs, tandis que le «champion» des jeunes et des femmes s’est retrouvé avec 992 556 électeurs. Pas un seul de plus !
Or, le responsable des jeunes libéraux avait fait la ferme promesse à Wade, un certain 23 juillet 2011 à la Permanence du Pds, que son Ujtl prenait l’engagement de lui trouver un million de jeunes électeurs pour sa réélection le 26 février 2012. La suite, on la connaît…..
Au nom des jeunes de ce pays, il a eu l’outrecuidance de s’exprimer en faveur de son bienfaiteur, dans un phrasé provocateur et pollué de contrevérités, sur les conditions d’existence des jeunes au Sénégal. Bara Gaye, inconnu dans son fief de Yeumbeul en banlieue, sorti de nulle part, avait réellement fini de révulser les 65% de jeunes de ce pays. Certains s’interrogeaient sur la légitimité de cet arriviste, qui émarge chez le fils du Président Wade en tant qu’attaché de Cabinet, pour parler au nom de cette frange de la population. La réponse était claire : il fallait l’attendre au tournant….des bureaux de vote. Parachuté à la tête de l’Ujtl par la Génération du concret, il s’est par la suite, retrouvé ministre-conseiller à la Présidence, alors qu’en réalité, il ne peut mobiliser que 10 personnes chez lui, sans bourse délier. Ce jeune aux lunettes d’intello qui se réclamait fièrement «inconditionnel» de Wade-fils n’a pas tenu ses promesses à l’endroit de Wade-père, laminé presque partout dans le pays. Et dans le lot de ses électueurs, figuraient en bonne partie des centaines de milliers de jeunes à l’image du mouvement Y’ en a marre, déterminés à changer ce pays. Ce camouflet mémorable à Bara Gaye n’est cependant pas un cas isolé dans la galaxie wadienne.
LA REVANCHE DE LA JEUNESSE DU PAYS
Aïda Mbodji avait débité la même promesse pour les beaux yeux du Pape du Sopi ! Elle également, avec sa campagne «Ma carte, ma caution», qui faisait même l’objet d’une page spéciale à la Radiodiffusion télévision sénégalaise (Rts), n’a pas su mobiliser son million de femmes. Pourtant à elle, que de moyens donnés ! A travers son département ministériel (Famille et Organisations féminines), elle pensait pouvoir mettre au pas, ces femmes en les appâtant par le truchement de financements purement….politiciens. Elle aussi, incapable de régner en maîtresse chez elle à Bambey, doit présenter ses excuses, au-delà de Wade à toutes les Sénégalaises dignes de ce pays et au nom de qui, elle a eu le culot d’entretenir l’illusion des années durant. Les larmes versées chez elle, à la suite de la débâcle des Fal2012, sont d’ailleurs assez symptomatiques du mal qui l’habite, pour avoir personnellement été sanctionnée par les femmes. A force de la voir sillonner le pays vantant les mérites de son candidat, ces dernières ont voulu faire du cas Aïda Mbodji, leur propre affaire. Elles ont fini de la remettre à sa place !
Que dire de Béthio Thioune ? En plus de devoir perdre son titre de Cheikh, comme il l’avait promis, si Wade venait à chuter le 25 mars 2012, il doit bien rendre des comptes à celui-ci. Ses «millions» de….voix ne se sont pas retrouvées dans les urnes, conformément à ses engagements. Son candidat n’a eu que 992 556 électeurs là où il aurait pu se retrouver, en plus des deux millions d’électeur de l’Ujtl et des femmes du Pds, avec plus de 5 millions de voix. Manifestement, ces «grands électeurs» n’ont pas su additionner pour le candidat Wade, qui est tombé des nus après avoir eu écho de la vérité des urnes et des chiffres.
Par Aly FALL
© Copyright Le Quotidien (Sn)
Editorial : Le Sénégal, fierté démocratique de l’Afrique
(Le Temps.ch 28/03/2012)
On redoutait le pire, mais la transition présidentielle se déroule finalement à la perfection et dans le calme: le Sénégal prouve que la démocratie a tissé des racines désormais profondes dans son sol aride. Le contraste est saisissant avec le Mali, où un coup d’Etat a chassé le président en exerciceL’alternance démocratique n’est pas une chimère en Afrique, le Sénégal vient une fois de plus de le prouver de manière éclatante: un deuxième tour pacifique s’est soldé par la victoire de l’opposant Macky Sall sur le sortant Abdoulaye Wade lors de l’élection présidentielle. Face à un score sans appel, le candidat malheureux a pris son téléphone, dimanche soir déjà, pour féliciter son adversaire, reconnaissant ainsi sa défaite. Un scénario sans accroc, source de fierté pour les Sénégalais, et qui a valu lundi un concert de louanges internationales à ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Abdoulaye Wade sort de scène sans crise ni effusion de sang, comme l’avait fait le socialiste Abdou Diouf il y a douze ans, à son profit. Une succession pacifique de plus, qui confirme que le Sénégal s’est installé dans la démocratie. Le constat est d’autant plus réjouissant qu’il s’inscrit dans une région où l’instabilité persiste, comme l’illustre la crise qui agite le Mali voisin. L’irréprochable élection de Macky Sall offre ainsi un contraste saisissant avec le coup d’Etat mené par les militaires à Bamako mercredi dernier.
Il y a quelques semaines, pourtant, personne n’aurait misé sur une issue sereine au Sénégal. Avant le premier tour, des affrontements ont causé la mort d’une dizaine de personnes et fait des centaines de blessés. En cause, la colère des opposants et d’une partie de la société civile face à l’obstination d’un Abdoulaye Wade vieillissant à se représenter en prenant des libertés avec la Constitution.
La force des Sénégalais est qu’ils sont toujours parvenus à se mobiliser à des périodes cruciales, afin d’enrayer la dérive autocratique du président. Quand Abdoulaye Wade a tenté de supprimer le deuxième tour de la présidentielle en juin 2011, ils sont allés clamer leur indignation dans la rue, le forçant à reculer.
L’alternance au sommet de l’Etat sénégalais doit aussi beaucoup à l’habileté de Macky Sall. En campagne depuis 2008, le candidat a visité des milliers de villages, ce qui lui a permis de faire la différence parmi les 13 aspirants alignés au premier tour par une opposition incapable de soutenir une candidature unique. Au second tour, il a réussi à fédérer autour de lui les voix de cette opposition morcelée. Autre élément décisif, Abdoulaye Wade s’est montré beau joueur, en cédant son fauteuil en dépit de l’énergie folle qu’il avait employée à s’y accrocher. Est-ce par lassitude, par respect pour le verdict des urnes, ou par crainte de sanctions internationales? Lui seul détient la réponse. Reste l’essentiel: le Sénégal a prouvé qu’il avait atteint sa pleine maturité démocratique.
Sandra Moro
© Copyright Le Temps.ch
On redoutait le pire, mais la transition présidentielle se déroule finalement à la perfection et dans le calme: le Sénégal prouve que la démocratie a tissé des racines désormais profondes dans son sol aride. Le contraste est saisissant avec le Mali, où un coup d’Etat a chassé le président en exerciceL’alternance démocratique n’est pas une chimère en Afrique, le Sénégal vient une fois de plus de le prouver de manière éclatante: un deuxième tour pacifique s’est soldé par la victoire de l’opposant Macky Sall sur le sortant Abdoulaye Wade lors de l’élection présidentielle. Face à un score sans appel, le candidat malheureux a pris son téléphone, dimanche soir déjà, pour féliciter son adversaire, reconnaissant ainsi sa défaite. Un scénario sans accroc, source de fierté pour les Sénégalais, et qui a valu lundi un concert de louanges internationales à ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Abdoulaye Wade sort de scène sans crise ni effusion de sang, comme l’avait fait le socialiste Abdou Diouf il y a douze ans, à son profit. Une succession pacifique de plus, qui confirme que le Sénégal s’est installé dans la démocratie. Le constat est d’autant plus réjouissant qu’il s’inscrit dans une région où l’instabilité persiste, comme l’illustre la crise qui agite le Mali voisin. L’irréprochable élection de Macky Sall offre ainsi un contraste saisissant avec le coup d’Etat mené par les militaires à Bamako mercredi dernier.
Il y a quelques semaines, pourtant, personne n’aurait misé sur une issue sereine au Sénégal. Avant le premier tour, des affrontements ont causé la mort d’une dizaine de personnes et fait des centaines de blessés. En cause, la colère des opposants et d’une partie de la société civile face à l’obstination d’un Abdoulaye Wade vieillissant à se représenter en prenant des libertés avec la Constitution.
La force des Sénégalais est qu’ils sont toujours parvenus à se mobiliser à des périodes cruciales, afin d’enrayer la dérive autocratique du président. Quand Abdoulaye Wade a tenté de supprimer le deuxième tour de la présidentielle en juin 2011, ils sont allés clamer leur indignation dans la rue, le forçant à reculer.
L’alternance au sommet de l’Etat sénégalais doit aussi beaucoup à l’habileté de Macky Sall. En campagne depuis 2008, le candidat a visité des milliers de villages, ce qui lui a permis de faire la différence parmi les 13 aspirants alignés au premier tour par une opposition incapable de soutenir une candidature unique. Au second tour, il a réussi à fédérer autour de lui les voix de cette opposition morcelée. Autre élément décisif, Abdoulaye Wade s’est montré beau joueur, en cédant son fauteuil en dépit de l’énergie folle qu’il avait employée à s’y accrocher. Est-ce par lassitude, par respect pour le verdict des urnes, ou par crainte de sanctions internationales? Lui seul détient la réponse. Reste l’essentiel: le Sénégal a prouvé qu’il avait atteint sa pleine maturité démocratique.
Sandra Moro
© Copyright Le Temps.ch
Macky Sall remporte la présidentielle avec 65,80 % contre 34,20% pour Wade
(Le Parisien 28/03/2012)
L'ex-Premier ministre Macky Sall est devenu dimanche le nouveau chef de l'Etat sénégalais en l'emportant avec 65,80% des voix contre 34,20% au chef de l'Etat sortant Abdoulaye Wade.Le nouveau président sénégalais Macky Sall l'a emporté dimanche au second tour de la présidentielle avec 65,80% des voix contre 34,20% au chef de l'Etat sortant Abdoulaye Wade, a annoncé mardi la Commission nationale de recensement des votes.
Le taux de participation a été de 55%, légèrement supérieur à celui du premier tour du 26 février (51,58%). Le président Wade avait reconnu sa défaite et félicité son adversaire dès dimanche soir après publication des premiers résultats qui montraient qu'il était largement battu.
«Je serai le président de tous les Sénégalais» a promis Macky Sall, le nouvel homme fort du Sénégal, dimanche au soir du second tour de l'élection présidentielle. «Ce soir une ère nouvelle commence pour le Sénégal», s'est félicité le vainqueur, saluant la maturité des électeurs et de la démocratie sénégalaise, tout comme l'avait fait le président sortant Abdoulaye Wade. «Vous avez été nombreux (...) à vous rendre aux urnes et à voter librement, dans le calme et la sérénité», et «je vous félicite tous et toutes pour la part déterminante que chacun de vous a jouée dans ce processus», a-t-il ajouté.
«Quand on voit ce qui se passe au Mali, eh bien, c'est un facteur d'espérance pour toute l'Afrique», a noté lundi le président de la République Nicolas Sarkozy, sur l'antenne de France Info. Le Sénégal, «un pays considérable d'Afrique», a été un «modèle de démocratie» et que «les choses se passent aussi dignement, il faut que Abdoulaye Wade en soit félicité, ainsi que Macky Sall», a ajouté Nicolas Sarkozy.
Macky Sall qui l'a emporté face à son mentor Abdoulaye Wade, aura eu une ascension-éclair, accédant au sommet de l'Etat en une douzaine d'années. A 50 ans, Macky Sall, qui se qualifie de « résistant républicain », réussit un coup de maître: à sa première élection présidentielle, il l'emporte sur celui qui l'a inspiré et dont il fut l'homme de confiance, le président Abdoulaye Wade qui l'appelait son «apprenti».
Dans le sillon d'Abdoulaye Wade. Cet ingénieur-géologue, géophysicien, formé au Sénégal et en France, marié et père de trois enfants, est presque inconnu du gotha politique sénégalais quand Wade l'appelle pour la première fois au gouvernement, en mai 2001, comme ministre des Mines, de l'Energie et de l'Hydraulique (2001-2003). Il est alors directeur général de la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen). Il passera ensuite dans plusieurs ministères, dont celui de l'Intérieur (2003-2004), puis sera Premier ministre de 2004 à 2007 avant d'être président de l'Assemblée nationale (2007-2008).
En 2007, il devient directeur de campagne du président Wade pour la présidentielle de 2007 et est le numéro 2 du Parti démocratique sénégalais (PDS, pouvoir) où il milite depuis 1988, après un bref passage à gauche.
Le passage dans l'opposition. En 2008, il entre en conflit avec le président Wade. Ce dernier n'apprécie pas que son fils, Karim Wade, président d'une Agence nationale chargée des travaux pour un sommet islamique à Dakar en mars 2007, soit convoqué devant les députés pour une explication sur son action.
Les partisans du chef de l'Etat redoutent un « piège » tendu à Karim Wade avec cette convocation. Ils lui font payer cher ce « crime de lèse-majesté » et présentent une loi réduisant de cinq à un an le mandat de président de l'Assemblée nationale qu'il occupe. Macky Sall refuse de démissionner comme le lui demande une pétition signée par la majorité des députés du PDS. Il rejette également la disposition et entre en dissidence.
Le soir même de l'adoption du nouveau texte, en novembre 2008, il démissionne de toutes ses fonctions étatique et élective, président de l'Assemblée nationale, député et maire de Fatick, commune du centre où il est né le 11 décembre 1961. « J'ai voulu donner un exemple de résistance républicaine», disait-il le soir de sa démission, devant plusieurs centaines de partisans.
La conquête du pouvoir. Il créé alors l'Alliance pour la République (APR), un parti libéral, sous la bannière duquel il redevient maire de sa ville en 2009. Il s'ancre de plus en plus dans l'opposition et refuse depuis lors tout compromis avec Wade, qu'il dit n'avoir pas rencontré depuis son départ du pouvoir.
Au premier tour de l'élection présidentielle, il arrive second (26,58%) derrière son mentor (34,81% ). Il obtient alors le ralliement des douze candidats battus du premier tour, qui voulaient absolument barrer la route à Abdoulaye Wade dont ils jugeaient la candidature «anticonstitutionnelle» après deux mandats. Il dispose également du soutien de mouvements de jeunes comme «Y'en a marre» et de celui du célèbre chanteur Youssou Ndour.
Un air bonhomme trompeur. L'homme, grand et enrobé, a un visage austère au point qu'on l'a surnommé « Niangal », visage fermé en langue nationale wolof. Peu expansif, il dégage un air de naïf, une image trompeuse selon des proches. « Il n'est pas du tout docile comme il en a l'air. C'est un homme constant qui respecte sa parole », dit de lui El Hadji Wack, député PDS.
Ses anciens amis au pouvoir le présentent comme « un homme pas mûr », d'autres dans l'opposition comme « un complice du système Wade » doublé d' « un homme pressé de prendre le pouvoir ». A contrario, ses partisans mettent en avant son expérience accumulée comme homme d'Etat et son flair politique lui ayant permis d'éviter de circonscrire sa campagne dans la seule dénonciation de la candidature de Wade à la présidentielle de 2012. « Pendant que les opposants restaient à Dakar dans les salons, il a fait le tour du pays et à l'extérieur pour chercher des voix. C'est un homme avec qui il faudra compter pendant des années », remarque l'opposant sénégalais Moustapha Fall.
LeParisien.fr
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L'ex-Premier ministre Macky Sall est devenu dimanche le nouveau chef de l'Etat sénégalais en l'emportant avec 65,80% des voix contre 34,20% au chef de l'Etat sortant Abdoulaye Wade.Le nouveau président sénégalais Macky Sall l'a emporté dimanche au second tour de la présidentielle avec 65,80% des voix contre 34,20% au chef de l'Etat sortant Abdoulaye Wade, a annoncé mardi la Commission nationale de recensement des votes.
Le taux de participation a été de 55%, légèrement supérieur à celui du premier tour du 26 février (51,58%). Le président Wade avait reconnu sa défaite et félicité son adversaire dès dimanche soir après publication des premiers résultats qui montraient qu'il était largement battu.
«Je serai le président de tous les Sénégalais» a promis Macky Sall, le nouvel homme fort du Sénégal, dimanche au soir du second tour de l'élection présidentielle. «Ce soir une ère nouvelle commence pour le Sénégal», s'est félicité le vainqueur, saluant la maturité des électeurs et de la démocratie sénégalaise, tout comme l'avait fait le président sortant Abdoulaye Wade. «Vous avez été nombreux (...) à vous rendre aux urnes et à voter librement, dans le calme et la sérénité», et «je vous félicite tous et toutes pour la part déterminante que chacun de vous a jouée dans ce processus», a-t-il ajouté.
«Quand on voit ce qui se passe au Mali, eh bien, c'est un facteur d'espérance pour toute l'Afrique», a noté lundi le président de la République Nicolas Sarkozy, sur l'antenne de France Info. Le Sénégal, «un pays considérable d'Afrique», a été un «modèle de démocratie» et que «les choses se passent aussi dignement, il faut que Abdoulaye Wade en soit félicité, ainsi que Macky Sall», a ajouté Nicolas Sarkozy.
Macky Sall qui l'a emporté face à son mentor Abdoulaye Wade, aura eu une ascension-éclair, accédant au sommet de l'Etat en une douzaine d'années. A 50 ans, Macky Sall, qui se qualifie de « résistant républicain », réussit un coup de maître: à sa première élection présidentielle, il l'emporte sur celui qui l'a inspiré et dont il fut l'homme de confiance, le président Abdoulaye Wade qui l'appelait son «apprenti».
Dans le sillon d'Abdoulaye Wade. Cet ingénieur-géologue, géophysicien, formé au Sénégal et en France, marié et père de trois enfants, est presque inconnu du gotha politique sénégalais quand Wade l'appelle pour la première fois au gouvernement, en mai 2001, comme ministre des Mines, de l'Energie et de l'Hydraulique (2001-2003). Il est alors directeur général de la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen). Il passera ensuite dans plusieurs ministères, dont celui de l'Intérieur (2003-2004), puis sera Premier ministre de 2004 à 2007 avant d'être président de l'Assemblée nationale (2007-2008).
En 2007, il devient directeur de campagne du président Wade pour la présidentielle de 2007 et est le numéro 2 du Parti démocratique sénégalais (PDS, pouvoir) où il milite depuis 1988, après un bref passage à gauche.
Le passage dans l'opposition. En 2008, il entre en conflit avec le président Wade. Ce dernier n'apprécie pas que son fils, Karim Wade, président d'une Agence nationale chargée des travaux pour un sommet islamique à Dakar en mars 2007, soit convoqué devant les députés pour une explication sur son action.
Les partisans du chef de l'Etat redoutent un « piège » tendu à Karim Wade avec cette convocation. Ils lui font payer cher ce « crime de lèse-majesté » et présentent une loi réduisant de cinq à un an le mandat de président de l'Assemblée nationale qu'il occupe. Macky Sall refuse de démissionner comme le lui demande une pétition signée par la majorité des députés du PDS. Il rejette également la disposition et entre en dissidence.
Le soir même de l'adoption du nouveau texte, en novembre 2008, il démissionne de toutes ses fonctions étatique et élective, président de l'Assemblée nationale, député et maire de Fatick, commune du centre où il est né le 11 décembre 1961. « J'ai voulu donner un exemple de résistance républicaine», disait-il le soir de sa démission, devant plusieurs centaines de partisans.
La conquête du pouvoir. Il créé alors l'Alliance pour la République (APR), un parti libéral, sous la bannière duquel il redevient maire de sa ville en 2009. Il s'ancre de plus en plus dans l'opposition et refuse depuis lors tout compromis avec Wade, qu'il dit n'avoir pas rencontré depuis son départ du pouvoir.
Au premier tour de l'élection présidentielle, il arrive second (26,58%) derrière son mentor (34,81% ). Il obtient alors le ralliement des douze candidats battus du premier tour, qui voulaient absolument barrer la route à Abdoulaye Wade dont ils jugeaient la candidature «anticonstitutionnelle» après deux mandats. Il dispose également du soutien de mouvements de jeunes comme «Y'en a marre» et de celui du célèbre chanteur Youssou Ndour.
Un air bonhomme trompeur. L'homme, grand et enrobé, a un visage austère au point qu'on l'a surnommé « Niangal », visage fermé en langue nationale wolof. Peu expansif, il dégage un air de naïf, une image trompeuse selon des proches. « Il n'est pas du tout docile comme il en a l'air. C'est un homme constant qui respecte sa parole », dit de lui El Hadji Wack, député PDS.
Ses anciens amis au pouvoir le présentent comme « un homme pas mûr », d'autres dans l'opposition comme « un complice du système Wade » doublé d' « un homme pressé de prendre le pouvoir ». A contrario, ses partisans mettent en avant son expérience accumulée comme homme d'Etat et son flair politique lui ayant permis d'éviter de circonscrire sa campagne dans la seule dénonciation de la candidature de Wade à la présidentielle de 2012. « Pendant que les opposants restaient à Dakar dans les salons, il a fait le tour du pays et à l'extérieur pour chercher des voix. C'est un homme avec qui il faudra compter pendant des années », remarque l'opposant sénégalais Moustapha Fall.
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Prestation de serment de Macky Sall: Ce sera lundi prochain
(Walfadjiri 28/03/2012)
Le nouveau président du Sénégal sera officiellement installé lundi prochain. Mais contrairement à Wade qui s’était fait ‘introniser’ dans un stade Léopold Sédar Senghor plein comme un œuf, Macky Sall a choisi la sobriété dans les locaux du Conseil constitutionnel. Puis, Macky Sall va démissionner de la mairie de Fatick et former le nouveau gouvernement avant de présider la fête de l’Indépendance. Macky Sall va prêter serment ce lundi au siège du Conseil constitutionnel. Selon une source proche du nouveau président et contactée par Wal Fadjri, le successeur de Wade ne fera pas comme son prédécesseur qui avait prêté serment au stade Léopold Sédar Senghor.
’Macky Sall a décidé de faire les choses dans la plus grande sobriété en prêtant serment devant seulement les membres du Conseil constitutionnel qui doivent l’installer officiellement comme 4e président de la République’, indique la source contactée par Wal Fadjri. Ce, conformément à l’article 37 de la Constitution qui dispose : ‘Le président de la République est installé dans ses fonctions après avoir prêté serment devant le Conseil constitutionnel en séance publique.’
L’alinéa 2 du même article poursuit : ‘Le serment est prêté dans les termes suivants :+ Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes mes forces à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale, de ne ménager enfin aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine’.
L’alinéa 3 de l’article 37 ajoute : ‘Le Président de la République nouvellement élu fait une déclaration écrite de patrimoine déposée au Conseil constitutionnel qui la rend publique’. Après Wade et Macky Sall procèderont, le même jour, à la passation de services au palais de la République.
C’est seulement après ces étapes que Macky Sall pourra mettre sur pied sa nouvelle équipe gouvernementale tant attendue.Mais d’ici là, c’est toujours Me Wade qui est président de la République selon toujours l’article 36 de la Constitution qui dispose : ‘Le président de la République élu entre en fonction après la proclamation définitive de son élection et l’expiration du mandat de son prédécesseur.’
Ainsi, Macky Sall devra former le nouveau gouvernement au plus tard le 3 avril prochain pour présider la fête de l’Indépendance devant se tenir le lendemain et qui sera marquée cette année par une sobre cérémonie de prise d’armes. Comme l’a déjà annoncé un communiqué des Forces armées.
Fatick devra chercher un autre maire
En élisant Macky Sall président de la République du Sénégal, la ville de Fatick perd en même temps son maire. En effet, conformément à la charte fondamentale du Sénégal, Macky Sall est obligé de démissionner de son poste de maire qu’il occupe jusqu’au moment où ces lignes sont écrites. ‘La charge de président de la République est incompatible avec l’appartenance à toute assemblée élective, Assemblée nationale ou assemblées locales, et avec l’exercice de toute autre fonction, publique ou privée, rémunérée’, dit l’article 38 de la Constitution dans son alinéa 1. Le second alinéa précise : ‘Toutefois, il (le président de la République, Ndlr) a la faculté d’exercer des fonctions dans un parti politique ou d’être membre d’académie dans un des domaines du savoir’.
Georges Nesta DIOP
© Copyright Walfadjiri
Le nouveau président du Sénégal sera officiellement installé lundi prochain. Mais contrairement à Wade qui s’était fait ‘introniser’ dans un stade Léopold Sédar Senghor plein comme un œuf, Macky Sall a choisi la sobriété dans les locaux du Conseil constitutionnel. Puis, Macky Sall va démissionner de la mairie de Fatick et former le nouveau gouvernement avant de présider la fête de l’Indépendance. Macky Sall va prêter serment ce lundi au siège du Conseil constitutionnel. Selon une source proche du nouveau président et contactée par Wal Fadjri, le successeur de Wade ne fera pas comme son prédécesseur qui avait prêté serment au stade Léopold Sédar Senghor.
’Macky Sall a décidé de faire les choses dans la plus grande sobriété en prêtant serment devant seulement les membres du Conseil constitutionnel qui doivent l’installer officiellement comme 4e président de la République’, indique la source contactée par Wal Fadjri. Ce, conformément à l’article 37 de la Constitution qui dispose : ‘Le président de la République est installé dans ses fonctions après avoir prêté serment devant le Conseil constitutionnel en séance publique.’
L’alinéa 2 du même article poursuit : ‘Le serment est prêté dans les termes suivants :+ Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes mes forces à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale, de ne ménager enfin aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine’.
L’alinéa 3 de l’article 37 ajoute : ‘Le Président de la République nouvellement élu fait une déclaration écrite de patrimoine déposée au Conseil constitutionnel qui la rend publique’. Après Wade et Macky Sall procèderont, le même jour, à la passation de services au palais de la République.
C’est seulement après ces étapes que Macky Sall pourra mettre sur pied sa nouvelle équipe gouvernementale tant attendue.Mais d’ici là, c’est toujours Me Wade qui est président de la République selon toujours l’article 36 de la Constitution qui dispose : ‘Le président de la République élu entre en fonction après la proclamation définitive de son élection et l’expiration du mandat de son prédécesseur.’
Ainsi, Macky Sall devra former le nouveau gouvernement au plus tard le 3 avril prochain pour présider la fête de l’Indépendance devant se tenir le lendemain et qui sera marquée cette année par une sobre cérémonie de prise d’armes. Comme l’a déjà annoncé un communiqué des Forces armées.
Fatick devra chercher un autre maire
En élisant Macky Sall président de la République du Sénégal, la ville de Fatick perd en même temps son maire. En effet, conformément à la charte fondamentale du Sénégal, Macky Sall est obligé de démissionner de son poste de maire qu’il occupe jusqu’au moment où ces lignes sont écrites. ‘La charge de président de la République est incompatible avec l’appartenance à toute assemblée élective, Assemblée nationale ou assemblées locales, et avec l’exercice de toute autre fonction, publique ou privée, rémunérée’, dit l’article 38 de la Constitution dans son alinéa 1. Le second alinéa précise : ‘Toutefois, il (le président de la République, Ndlr) a la faculté d’exercer des fonctions dans un parti politique ou d’être membre d’académie dans un des domaines du savoir’.
Georges Nesta DIOP
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Sénégal: l'alternance référentielle
(Aminata 28/03/2012)
S'il y a un pays phare en matière de démocratie, c'est incontestablement le Sénégal.
Avec ce deuxième tour de la présidentielle du 25 mars 2012, les sénégalais ont prouvé au monde leur maturité politique et leur niveau élevé de la culture démocratique. En effet, au moment où une grande partie de l'opinion publique présageait le pire dans ce pays, voici que le peuple sénégalais a su surmonter de la plus belle façon les obstacles nombreux qui se dressaient sur son chemin pour la tenue d'élections libres, transparentes et paisibles.
Pour le scrutin de dimanche, les observateurs sont unanimes sur son caractère parfait. Aucune fosse note n'a été relevée dans les différents bureaux de vote et le respect de la différence entre protagonistes politiques était exemplaire. Cette réalité n’était rien d'autre que la preuve de la haute maturité dont jouit les politiques sénégalais. C'est d'ailleurs ce qui s'est concrétisé de la plus belle manière après quelques heures de la fermeture des bureaux de vote lorsque le Président sortant Abdoulaye WADE a félicité son challenger Macky SALL, reconnaissant ainsi sa défaite.
Comme en 2000, c'est une autre alternance qui s'offre au Sénégal, mettant fin à une tension politique unique dans l'histoire du pays.
Aujourd'hui, le Sénégal donne aux pays africains et au reste du monde le meilleur exemple à la différence d'un Mali voisin où le putsch est entrain de remettre en cause des acquis démocratiques.
La hauteur de vue du parti démocratique sénégalais de Maitre Abdoulaye WADE a été frappante avant même la proclamation des résultats provisoires.
Pourtant, certains chefs d'Etat nous avait habitué à des holdups électoraux qui n'étaient rien d'autres que l'aboutissement d'une entreprise de fraude savamment montée dans le seul dessin de s'éterniser au Pouvoir.
Même si Maitre WADE a été profondément et largement critiqué pour sa candidature qui est intervenue à un âge avancé de 85 ans, l'ancien Président sénégalais a su sortir par la grande porte.Sans attendre les résultats, il a accepté sa défaite et téléphoné à Macky SALL pour le féliciter de sa victoire. Un geste significatif qui est à n'en pas douter à l'actif d'un peuple profondément démocrate et conscient de ses responsabilités.
Conakry, le 26 mars 2012
El Hadj Abdoulaye DIALLO pour Aminata.com
© Copyright Aminata
S'il y a un pays phare en matière de démocratie, c'est incontestablement le Sénégal.
Avec ce deuxième tour de la présidentielle du 25 mars 2012, les sénégalais ont prouvé au monde leur maturité politique et leur niveau élevé de la culture démocratique. En effet, au moment où une grande partie de l'opinion publique présageait le pire dans ce pays, voici que le peuple sénégalais a su surmonter de la plus belle façon les obstacles nombreux qui se dressaient sur son chemin pour la tenue d'élections libres, transparentes et paisibles.
Pour le scrutin de dimanche, les observateurs sont unanimes sur son caractère parfait. Aucune fosse note n'a été relevée dans les différents bureaux de vote et le respect de la différence entre protagonistes politiques était exemplaire. Cette réalité n’était rien d'autre que la preuve de la haute maturité dont jouit les politiques sénégalais. C'est d'ailleurs ce qui s'est concrétisé de la plus belle manière après quelques heures de la fermeture des bureaux de vote lorsque le Président sortant Abdoulaye WADE a félicité son challenger Macky SALL, reconnaissant ainsi sa défaite.
Comme en 2000, c'est une autre alternance qui s'offre au Sénégal, mettant fin à une tension politique unique dans l'histoire du pays.
Aujourd'hui, le Sénégal donne aux pays africains et au reste du monde le meilleur exemple à la différence d'un Mali voisin où le putsch est entrain de remettre en cause des acquis démocratiques.
La hauteur de vue du parti démocratique sénégalais de Maitre Abdoulaye WADE a été frappante avant même la proclamation des résultats provisoires.
Pourtant, certains chefs d'Etat nous avait habitué à des holdups électoraux qui n'étaient rien d'autres que l'aboutissement d'une entreprise de fraude savamment montée dans le seul dessin de s'éterniser au Pouvoir.
Même si Maitre WADE a été profondément et largement critiqué pour sa candidature qui est intervenue à un âge avancé de 85 ans, l'ancien Président sénégalais a su sortir par la grande porte.Sans attendre les résultats, il a accepté sa défaite et téléphoné à Macky SALL pour le féliciter de sa victoire. Un geste significatif qui est à n'en pas douter à l'actif d'un peuple profondément démocrate et conscient de ses responsabilités.
Conakry, le 26 mars 2012
El Hadj Abdoulaye DIALLO pour Aminata.com
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Ministères: Dans l’attente des futurs patrons
(Seneweb 28/03/2012)
La morosité se sent et se vit également dans les ministères comme ceux de l’Education, de l’Enseignement technique, du Tourisme, des Infrastructures et Transports aériens et au Building administratif. Depuis la campagne du second tour, le constat est quasi général et même si ce n’est toujours pas le grand rush, il y a quand même une nette amélioration.Pour l’essentiel, les agents sont sur place et tous ceux qui ont été interrogés disent leur soulagement quant à l’issue heureuse de cette élection que tout le monde redoutait. Cette paix retrouvée se lit d’ailleurs sur leur visage. Dans les couloirs et dans les bureaux, on refait l’élection, chacun s’improvise, pour l’occasion, politologue et y va de ses analyses, fort intéressantes pour certaines du reste.
S’ils devisent et parlent politique c’est parce qu’ils ne débordent pas d’activité en cette période. On se contente d’expédier les affaires courantes, selon l’expression consacrée. Un agent qui a requis l’anonymat explique cet attentisme ‘par le fait que même si l’administration est neutre et qu’elle n’a pas de couleur politique il n’en demeure pas moins que ses chefs, ceux qui l’animent et l’impulsent au sommet sont pour l’essentiel politiquement engagés (les directeurs et chefs de services etc.)’. Or, poursuit-il, ‘avec l’avènement d’un nouveau régime tous les engagements sont bloqués, on attend, poursuit notre source, la formation d’un nouveau gouvernement avec le décret qui devra fixer la répartition des services de l’Etat et la nomination des hommes et femmes devant les faire fonctionner’.
Dans presque tous les ministères, on attend la nouvelle équipe et les spéculations vont bon train. Chacun a sa petite idée sur la personne qu’il pense être la mieux indiquée pour occuper tel poste.Dans l’administration, on est dans l’attente du passage de témoin et des passations de services qui vont consacrer l’installation de la nouvelle équipe aux différents leviers du pouvoir.
Abdoulaye BA
Walf
© Copyright Seneweb
La morosité se sent et se vit également dans les ministères comme ceux de l’Education, de l’Enseignement technique, du Tourisme, des Infrastructures et Transports aériens et au Building administratif. Depuis la campagne du second tour, le constat est quasi général et même si ce n’est toujours pas le grand rush, il y a quand même une nette amélioration.Pour l’essentiel, les agents sont sur place et tous ceux qui ont été interrogés disent leur soulagement quant à l’issue heureuse de cette élection que tout le monde redoutait. Cette paix retrouvée se lit d’ailleurs sur leur visage. Dans les couloirs et dans les bureaux, on refait l’élection, chacun s’improvise, pour l’occasion, politologue et y va de ses analyses, fort intéressantes pour certaines du reste.
S’ils devisent et parlent politique c’est parce qu’ils ne débordent pas d’activité en cette période. On se contente d’expédier les affaires courantes, selon l’expression consacrée. Un agent qui a requis l’anonymat explique cet attentisme ‘par le fait que même si l’administration est neutre et qu’elle n’a pas de couleur politique il n’en demeure pas moins que ses chefs, ceux qui l’animent et l’impulsent au sommet sont pour l’essentiel politiquement engagés (les directeurs et chefs de services etc.)’. Or, poursuit-il, ‘avec l’avènement d’un nouveau régime tous les engagements sont bloqués, on attend, poursuit notre source, la formation d’un nouveau gouvernement avec le décret qui devra fixer la répartition des services de l’Etat et la nomination des hommes et femmes devant les faire fonctionner’.
Dans presque tous les ministères, on attend la nouvelle équipe et les spéculations vont bon train. Chacun a sa petite idée sur la personne qu’il pense être la mieux indiquée pour occuper tel poste.Dans l’administration, on est dans l’attente du passage de témoin et des passations de services qui vont consacrer l’installation de la nouvelle équipe aux différents leviers du pouvoir.
Abdoulaye BA
Walf
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lundi 26 mars 2012
Editorial / Afrique : Hommage au peuple sénégalais
(Afriscoop 26/03/2012)
(Editorial) — Ce lundi, un nouveau jour s’est levé pour les Sénégalais. La frayeur des suites de la présidentielle a laissé la place à la joie du devoir accompli. Et, fidèle à sa ligne éditoriale, AfriSCOOP en bon panafricaniste, rend hommage à ce peuple qui est le grand vainqueur du scrutin du 25 mars 2012.
Exit l’ère Wade ! Après 12 ans de règne, ce dernier, 86 ans vient de reconnaître sa défaite, à l’issue de la présidentielle de dimanche. Un fait inimaginable, il y a encore quelques semaines tellement la tension était vive entre lui et le nouveau président Macky Sall.
Derrière ce dénouement heureux, se retrouvent des Sénégalais. AfriSCOOP félicite ce peuple qui honore toute l’Afrique, ce continent qui a souvent renvoyé une mauvaise image au reste du monde. Guerre, tripatouillage constitutionnel, succession dynastique...
En juin 2011, les Sénégalais se sont d’abord dressés comme un seul homme face aux « projets fous » du vieux président. Sous la pression de la rue, Abdoulaye Wade a dû ravaler sa réforme du « quart bloquant » prévoyant un président élu à seulement 25 % des suffrages. Un moyen de servir le siège présidentiel à son fils Karim, super ministre dans le gouvernement, sur un plateau d’or.
Ensuite, en janvier 2012, la pillule de la validation de la candidature d’Abdoulaye Wade est très mal passée auprès des Sénégalais. Ils l’ont décrié jusqu’au jour du scrutin en huant « le vieux » dans son bureau de vote. Ce même peuple n’a enfin pas cédé à la tentation de la violence lors de ce second tour de la présidentielle. Malgré quelques scènes de tension, les Sénégalais ont gardé jusqu’au bout la sauvegarde de leur démocratie comme leitmotiv de leur lutte.
AfriSCOOP espère que le Sénégal servira d’exemple aux autres pays africains qui peinent à concrétiser l’alternance.
Sois fier de toi, peuple sénégalais !
lundi 26 mars 2012 par La Rédaction © AfriSCOOP
© Copyright Afriscoop
(Editorial) — Ce lundi, un nouveau jour s’est levé pour les Sénégalais. La frayeur des suites de la présidentielle a laissé la place à la joie du devoir accompli. Et, fidèle à sa ligne éditoriale, AfriSCOOP en bon panafricaniste, rend hommage à ce peuple qui est le grand vainqueur du scrutin du 25 mars 2012.
Exit l’ère Wade ! Après 12 ans de règne, ce dernier, 86 ans vient de reconnaître sa défaite, à l’issue de la présidentielle de dimanche. Un fait inimaginable, il y a encore quelques semaines tellement la tension était vive entre lui et le nouveau président Macky Sall.
Derrière ce dénouement heureux, se retrouvent des Sénégalais. AfriSCOOP félicite ce peuple qui honore toute l’Afrique, ce continent qui a souvent renvoyé une mauvaise image au reste du monde. Guerre, tripatouillage constitutionnel, succession dynastique...
En juin 2011, les Sénégalais se sont d’abord dressés comme un seul homme face aux « projets fous » du vieux président. Sous la pression de la rue, Abdoulaye Wade a dû ravaler sa réforme du « quart bloquant » prévoyant un président élu à seulement 25 % des suffrages. Un moyen de servir le siège présidentiel à son fils Karim, super ministre dans le gouvernement, sur un plateau d’or.
Ensuite, en janvier 2012, la pillule de la validation de la candidature d’Abdoulaye Wade est très mal passée auprès des Sénégalais. Ils l’ont décrié jusqu’au jour du scrutin en huant « le vieux » dans son bureau de vote. Ce même peuple n’a enfin pas cédé à la tentation de la violence lors de ce second tour de la présidentielle. Malgré quelques scènes de tension, les Sénégalais ont gardé jusqu’au bout la sauvegarde de leur démocratie comme leitmotiv de leur lutte.
AfriSCOOP espère que le Sénégal servira d’exemple aux autres pays africains qui peinent à concrétiser l’alternance.
Sois fier de toi, peuple sénégalais !
lundi 26 mars 2012 par La Rédaction © AfriSCOOP
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Sénégal: Wade sort par la «petite porte»
(Cyberpresse 26/03/2012)
Le président sortant Abdoulaye Wade a appelé dimanche soir le président élu Macky Sall pour le «féliciter» de sa victoire au second tour de la présidentielle et lui souhaiter «bonne chance afin qu'il réussisse sa mission à la tête du Sénégal».
(Dakar) Sa candidature à un nouveau mandat avait suscité inquiétudes et violences meurtrières: en reconnaissant sa défaite face à Macky Sall avant même la publication des résultats officiels, Abdoulaye Wade a tenté de se rattraper en se plaçant dans la tradition démocratique du Sénégal.
«Je ne ferai pas moins que (Abdou) Diouf», son prédécesseur qui l'avait appelé pour le féliciter lors de sa première élection triomphale en 2000, n'avait cessé de marteler durant la campagne électorale le président Wade.
Promesse tenue: trois heures et demie après la fermeture des bureaux de vote, il a appelé dimanche soir M. Sall pour le «féliciter» de sa victoire au second tour de la présidentielle et lui souhaiter «bonne chance afin qu'il réussisse sa mission à la tête du Sénégal».
En téléphonant à Macky Sall, le président Wade «a respecté sa parole, son engagement devant le peuple», écrit le quotidien pro-gouvernemental Le Soleil.
Pour Diouma Diakhaté, candidate battue au premier tour le 26 février, «Wade pouvait attendre ou même contester les premières tendances, afin d'attiser la tension pour brûler le pays parce que les gens s'attendaient à ce cas de figure».
Elle salue en conséquence «la grandeur» de M. Wade qui a «pris de court tout le monde».
Ce coup de fil du vaincu au vainqueur conforte l'image du Sénégal comme modèle démocratique en Afrique, un continent plus habitué aux transitions dynastiques, aux fraudes électorales et aux coups d'État, comme en témoigne celui qui a renversé le 22 mars le président malien Amadou Toumani Touré.
Mais, relativise l'écrivain Mody Niang, Wade «n'avait pas d'autre choix que de l'appeler, tellement la victoire est écrasante», alors des chiffres non officiels donnent Macky Sall gagnant avec au moins 60% des voix.
«Il a raté le coche»
«C'est bien que Wade ait félicité Macky Sall. Ça le grandit et ça grandit la démocratie sénégalaise, mais en réalité, il sort par la petite porte. La majorité du peuple a dit qu'il ne lui fait plus confiance», estime Alioune Tine, coordonnateur du Mouvement du 23 juin (M23). «C'est la première fois qu'un président sort avec un tel score», note-t-il.
Le M23, coalition de l'opposition et de la société civile, est à l'origine des manifestations contre la nouvelle candidature de Wade à la présidentielle, jugée anti-constitutionelle après deux mandats: durement réprimées par les forces de l'ordre, elle ont fait de six à quinze morts, au moins 150 blessés.
M. Wade avait été élu une première fois en 2000 pour sept ans et réélu en 2007 pour cinq ans après une modification constitutionnelle. Après avoir déclaré en 2007 ne pouvoir se présenter, car il avait «bloqué le nombre de mandats à deux», il s'était dédit en annonçant sa candidature dès septembre 2009.
Le mouvement «Y en marre», formé de jeunes rappeurs et en pointe contre la candidature de Wade, avait composé une chanson intitulée «Faux! Pas forcé», un jeu de mots pour appeler M. Wade à éviter de «forcer» pour être candidat, «un faux pas» qui ferait trébucher le Sénégal.
Les États-Unis avaient appelé Wade à renoncer à un troisième mandat, synonyme de «danger pour la paix et la stabilité» au Sénégal et la France, ex-puissance coloniale et principal partenaire économique du pays, s'était prononcée pour «un passage des générations».
«On pouvait bien se passer de ces morts si Wade avait fait montre de sagesse et savoir qu'à 85 ans (officiellement), il n'est pas raisonnable de solliciter un mandat de sept ans», fait remarquer Mody Niang qui ajoute: «il a raté le coche, sortir par la grande porte n'est plus possible».
Malick Rokhy Ba
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Le président sortant Abdoulaye Wade a appelé dimanche soir le président élu Macky Sall pour le «féliciter» de sa victoire au second tour de la présidentielle et lui souhaiter «bonne chance afin qu'il réussisse sa mission à la tête du Sénégal».
(Dakar) Sa candidature à un nouveau mandat avait suscité inquiétudes et violences meurtrières: en reconnaissant sa défaite face à Macky Sall avant même la publication des résultats officiels, Abdoulaye Wade a tenté de se rattraper en se plaçant dans la tradition démocratique du Sénégal.
«Je ne ferai pas moins que (Abdou) Diouf», son prédécesseur qui l'avait appelé pour le féliciter lors de sa première élection triomphale en 2000, n'avait cessé de marteler durant la campagne électorale le président Wade.
Promesse tenue: trois heures et demie après la fermeture des bureaux de vote, il a appelé dimanche soir M. Sall pour le «féliciter» de sa victoire au second tour de la présidentielle et lui souhaiter «bonne chance afin qu'il réussisse sa mission à la tête du Sénégal».
En téléphonant à Macky Sall, le président Wade «a respecté sa parole, son engagement devant le peuple», écrit le quotidien pro-gouvernemental Le Soleil.
Pour Diouma Diakhaté, candidate battue au premier tour le 26 février, «Wade pouvait attendre ou même contester les premières tendances, afin d'attiser la tension pour brûler le pays parce que les gens s'attendaient à ce cas de figure».
Elle salue en conséquence «la grandeur» de M. Wade qui a «pris de court tout le monde».
Ce coup de fil du vaincu au vainqueur conforte l'image du Sénégal comme modèle démocratique en Afrique, un continent plus habitué aux transitions dynastiques, aux fraudes électorales et aux coups d'État, comme en témoigne celui qui a renversé le 22 mars le président malien Amadou Toumani Touré.
Mais, relativise l'écrivain Mody Niang, Wade «n'avait pas d'autre choix que de l'appeler, tellement la victoire est écrasante», alors des chiffres non officiels donnent Macky Sall gagnant avec au moins 60% des voix.
«Il a raté le coche»
«C'est bien que Wade ait félicité Macky Sall. Ça le grandit et ça grandit la démocratie sénégalaise, mais en réalité, il sort par la petite porte. La majorité du peuple a dit qu'il ne lui fait plus confiance», estime Alioune Tine, coordonnateur du Mouvement du 23 juin (M23). «C'est la première fois qu'un président sort avec un tel score», note-t-il.
Le M23, coalition de l'opposition et de la société civile, est à l'origine des manifestations contre la nouvelle candidature de Wade à la présidentielle, jugée anti-constitutionelle après deux mandats: durement réprimées par les forces de l'ordre, elle ont fait de six à quinze morts, au moins 150 blessés.
M. Wade avait été élu une première fois en 2000 pour sept ans et réélu en 2007 pour cinq ans après une modification constitutionnelle. Après avoir déclaré en 2007 ne pouvoir se présenter, car il avait «bloqué le nombre de mandats à deux», il s'était dédit en annonçant sa candidature dès septembre 2009.
Le mouvement «Y en marre», formé de jeunes rappeurs et en pointe contre la candidature de Wade, avait composé une chanson intitulée «Faux! Pas forcé», un jeu de mots pour appeler M. Wade à éviter de «forcer» pour être candidat, «un faux pas» qui ferait trébucher le Sénégal.
Les États-Unis avaient appelé Wade à renoncer à un troisième mandat, synonyme de «danger pour la paix et la stabilité» au Sénégal et la France, ex-puissance coloniale et principal partenaire économique du pays, s'était prononcée pour «un passage des générations».
«On pouvait bien se passer de ces morts si Wade avait fait montre de sagesse et savoir qu'à 85 ans (officiellement), il n'est pas raisonnable de solliciter un mandat de sept ans», fait remarquer Mody Niang qui ajoute: «il a raté le coche, sortir par la grande porte n'est plus possible».
Malick Rokhy Ba
© Copyright Cyberpresse
dimanche 25 mars 2012
Second tour des présidentielles au Sénégal
(Radio Canada 25/03/2012)
Le deuxième tour de la présidentielle qui oppose le chef de l'État sortant Abdoulaye Wade à son ancien premier ministre Macky Sall ont débuté dimanche.
L'AFP rapporte de longues files d'attente avant l'ouverture des bureaux de vote. Près de 5,3 millions d'électeurs sont appelés à voter à ce scrutin dans quelque 11 900 bureaux à travers le pays.
Abdoulaye Wade, 85 ans, est candidat à sa propre succession à la présidence. Il est arrivé en tête du premier tour du 26 février avec 34,81 % des voix.
Son ancien premier ministre, Macky Sall, a récolté 26,58 % des voix exprimées. Il a obtenu le ralliement de tous les autres candidats éliminés au premier tour qui ont appelé à voter pour lui afin de barrer la route au président Wade, dont ils ont jugé la candidature « anticonstitutionnelle » après deux mandats.
Abdoulaye Wade mise sur les nombreux abstentionnistes du premier tour et les chefs religieux, qui exercent encore une forte influence sur leurs communautés.
La campagne pour le second tour s'est déroulée sans incident majeur, contrairement aux semaines ayant précédé le vote du 26 février qui ont vu la mort de six personnes dans des manifestations hostiles au président sortant.
Mise à jour le dimanche 25 mars 2012 à 5 h 22 HAE | Radio-Canada avec Agence France-Presse et Reuters
© Copyright Radio Canada
Le deuxième tour de la présidentielle qui oppose le chef de l'État sortant Abdoulaye Wade à son ancien premier ministre Macky Sall ont débuté dimanche.
L'AFP rapporte de longues files d'attente avant l'ouverture des bureaux de vote. Près de 5,3 millions d'électeurs sont appelés à voter à ce scrutin dans quelque 11 900 bureaux à travers le pays.
Abdoulaye Wade, 85 ans, est candidat à sa propre succession à la présidence. Il est arrivé en tête du premier tour du 26 février avec 34,81 % des voix.
Son ancien premier ministre, Macky Sall, a récolté 26,58 % des voix exprimées. Il a obtenu le ralliement de tous les autres candidats éliminés au premier tour qui ont appelé à voter pour lui afin de barrer la route au président Wade, dont ils ont jugé la candidature « anticonstitutionnelle » après deux mandats.
Abdoulaye Wade mise sur les nombreux abstentionnistes du premier tour et les chefs religieux, qui exercent encore une forte influence sur leurs communautés.
La campagne pour le second tour s'est déroulée sans incident majeur, contrairement aux semaines ayant précédé le vote du 26 février qui ont vu la mort de six personnes dans des manifestations hostiles au président sortant.
Mise à jour le dimanche 25 mars 2012 à 5 h 22 HAE | Radio-Canada avec Agence France-Presse et Reuters
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Paroles de Sénégalais : « C'est un peu choisir entre Chirac et Le Pen »
(Rue 89 25/03/2012)
Il n'y a pas que l'élection présidentielle française dans la vie. Ce dimanche, les Sénégalais élisent leur Président. Ils doivent départager Abdoulaye Wade et Macky Sall.
Abdoulaye Wade, président sortant après deux mandats, surnommé « Guorgui » (le vieux) par les Sénégalais, est arrivé en tête du premier tour avec 34,81% des voix. Macky Sall, initialement disciple de Wade, a lui obtenu 26,58% des voix.
Wade a très peu de chances d'emporter cette élection. Le report des voix peut en effet difficilement jouer en sa faveur : les autres candidats et le M23 (Mouvement du 23 juin, coalition de partis d'opposition et du mouvement des Y en a marre) se sont ligués contre lui.
Nous avons demandé à quatre Sénégalais de nous raconter comment ils envisageaient ce scrutin.
Ernest, 32 ans, concepteur-rédacteur dans la publicité
« Un homme de 90 ans ne peut pas diriger un peuple qui a une moyenne d'âge de 19 ans. »
Ernest n'a pas eu le temps de voter. Il avait toutefois une excuse solide : parti en urgence au Mali après une proposition d'emploi, il n'a pas eu le temps de « se faire enregistrer ».
« Si j'avais pu voter, j'aurais voté Tanor, le candidat du Parti socialiste. Wade, je ne peux pas vraiment faire le bilan de sa présidence. Il y a du bon et du mauvais.
Sa candidature ? Comme beaucoup de Sénégalais, je la trouve inacceptable, mais surtout par rapport à son âge avancé. Un homme de 90 ans [Wade en a en réalité 85, ndlr] ne peut pas diriger un peuple qui a une moyenne d'âge de 19 ans [un Sénégalais sur deux a moins de 20 ans, ndlr].
Le décalage est trop énorme, sans parler des capacités physiques et intellectuelles d'un tel Président.
Quant à la légalité de sa candidature, je suis républicain et je m'en tiens à la décision du Conseil constitutionnel de l'accepter alors qu'il avait déjà accompli les deux mandats autorisés. Même quand la loi n'est pas bonne, elle reste la loi.
J'ai tout de même de l'espoir pour cette élection et elle a déjà tenu certaines promesses. J'ai vu mon peuple s'exprimer et son expression respectée. Wade promettait de passer au premier tour, le Sénégal a dit non. Je garde l'espoir qu'il perde le deuxième tour sans problème et sans tension.
Je n'attends pas un changement dans des secteurs précis. Il y a quelque chose qui coiffe tout ici : c'est le système. Quand je dis système, je parle de la gestion du pays dans son ensemble et dans tous ses secteurs d'activité. Par changement, je n'entends pas “révolution”, mais plutôt “évolution”. Et pour moi, cela va avec un changement de mentalité [les Sénégalais parlent souvent de leur ras-le-bol du système : corruption, administrations kafkaïennes, système éducatif défaillant, ndlr]. »
Youssoupha, 22 ans, cuisinier et serveur
« J'ai quand même beaucoup d'espoir avec cette élection ! »
« J'ai voté pour Macky Sall au premier tour. Je pense que Wade doit quitter le pouvoir. C'est vrai qu'il a beaucoup travaillé pour le pays, mais il est vieux, son âge devrait l'empêcher de se présenter. En plus, la majeure partie de la population ne l'aime plus.
Ici, il y a un gros problème de manque d'emploi pour les jeunes [le taux de chômage est de 49% au Sénégal, ndlr]. La vie est aussi dure à cause de la hausse des prix des denrées de première nécessité. Ce sont vraiment les principaux problèmes que rencontre la population tous les jours. Tout le reste, c'est des détails.
Pour cette raison, je comprends les gens du mouvement “Y en a marre”. Ce sont de jeunes rappeurs sénégalais qui l'ont créé. Leur but, c'est de lutter contre la “mal gouvernance” du Sénégal et leur devise c'est : “Touche pas a ma Constitution”.
J'ai quand même beaucoup d'espoir avec cette élection ! Les choses ne sont plus comme avant. Il y a eu beaucoup de laisser-aller et l'anarchie a régné dans ce pays. Maintenant, la population en a pris conscience.
J'aimerais voir le Sénégal changer, qu'on change de régime politique, que les représentants du peuple à l'Assemblée nationale, les députés et autres aient un plus grand contrôle des activités du Président en cas de débordement ou de “mal gouvernance”.
C'est juste pour mieux défendre l'intérêt commun et permettre à notre pays de se développer, même si ce n'est pas facile. »
Khady, 23 ans, serveuse
« Tout est insupportable ici, mais ça va, la vie est belle. »
« Je n'ai pas voté. En fait, je n'ai même jamais voté. Ça ne sert pas à grand-chose et les démarches sont trop compliquées... Je travaille, je n'ai pas de temps pour ça, pour m'inscrire. De toute manière, depuis le début, on savait que ça allait se passer comme ça. Wade, ce serait n'importe quoi qu'il ait un troisième mandat.
Je n'ai pas pu participer au mouvement des “Y en a marre”, parce que je travaillais. En plus, ces manifestations, ce n'était pas vraiment des situations pour les femmes. Trop dangereux. Mais j'ai bien aimé ce mouvement. Eux, ils sont là pour le peuple.
Tous les hommes politiques sont les mêmes, ils arnaquent le peuple. La corruption est partout. Qu'ils arrêtent de construire des infrastructures hallucinantes ou des monuments qui coûtent des millions. Et puis tout est cher ici. On a l'impression qu'on vit en France ou aux Etats-Unis [Khady rit de sa comparaison, puis continue].
Moi, ça va encore, je n'ai pas trop de difficultés, mais beaucoup de gens sont en grande difficulté. Tout est insupportable ici, mais ça va, la vie est belle. »
Souleymane, 52 ans, assistant médical
« Comme pour vous avec Chirac-Le Pen, les gens ont à choisir entre le mal et le moindre mal. »
« Je ne pense pas qu'il y ait un vrai emballement autour de la candidature de Wade. Aujourd'hui, les gens ont à choisir entre le mal et le moindre mal. C'est un peu comme vous, avec ce que vous avez vécu, choisir entre Chirac et Le Pen. Ce scrutin, c'est plus un référendum en fait. Ceux qui sont pour le départ de Wade et ceux qui sont contre.
En fait, le Conseil constitutionnel a validé la candidature de Wade. Les gens se sont retrouvés pour dire qu'ils allaient continuer le combat, et empêcher qu'il se représente. Il y a eu une tentative de pression populaire pour y arriver, mais elle a échoué.
Ce qui doit changer ? Le Sénégal est un pays en crise ! L'éducation ne marche pas du tout. Avec le nombre de mois de cours annulés, on parle même d'une année blanche pour les élèves du service public. La Casamance est aussi une priorité nationale, même si les gens ont tendance à la négliger.
Mais surtout, surtout, surtout : la vie chère. Tout est cher. La location est chère, les gens n'arrivent plus à joindre les deux bouts. Dans beaucoup de familles, les trois repas quotidiens ne sont plus assurés.
Wade a réalisé des choses, des infrastructures, mais pendant ses mandats, il y a eu une perte des valeurs. Avant, la solidarité était très importante au Sénégal. On la sent moins aujourd'hui. Il n y a plus de justice non plus. Aujourd'hui, si tu fais partie du camp du pouvoir, tu peux faire ce que tu veux, sinon on te mate. »
Renée Greusard | Journaliste
© Copyright Rue 89
Il n'y a pas que l'élection présidentielle française dans la vie. Ce dimanche, les Sénégalais élisent leur Président. Ils doivent départager Abdoulaye Wade et Macky Sall.
Abdoulaye Wade, président sortant après deux mandats, surnommé « Guorgui » (le vieux) par les Sénégalais, est arrivé en tête du premier tour avec 34,81% des voix. Macky Sall, initialement disciple de Wade, a lui obtenu 26,58% des voix.
Wade a très peu de chances d'emporter cette élection. Le report des voix peut en effet difficilement jouer en sa faveur : les autres candidats et le M23 (Mouvement du 23 juin, coalition de partis d'opposition et du mouvement des Y en a marre) se sont ligués contre lui.
Nous avons demandé à quatre Sénégalais de nous raconter comment ils envisageaient ce scrutin.
Ernest, 32 ans, concepteur-rédacteur dans la publicité
« Un homme de 90 ans ne peut pas diriger un peuple qui a une moyenne d'âge de 19 ans. »
Ernest n'a pas eu le temps de voter. Il avait toutefois une excuse solide : parti en urgence au Mali après une proposition d'emploi, il n'a pas eu le temps de « se faire enregistrer ».
« Si j'avais pu voter, j'aurais voté Tanor, le candidat du Parti socialiste. Wade, je ne peux pas vraiment faire le bilan de sa présidence. Il y a du bon et du mauvais.
Sa candidature ? Comme beaucoup de Sénégalais, je la trouve inacceptable, mais surtout par rapport à son âge avancé. Un homme de 90 ans [Wade en a en réalité 85, ndlr] ne peut pas diriger un peuple qui a une moyenne d'âge de 19 ans [un Sénégalais sur deux a moins de 20 ans, ndlr].
Le décalage est trop énorme, sans parler des capacités physiques et intellectuelles d'un tel Président.
Quant à la légalité de sa candidature, je suis républicain et je m'en tiens à la décision du Conseil constitutionnel de l'accepter alors qu'il avait déjà accompli les deux mandats autorisés. Même quand la loi n'est pas bonne, elle reste la loi.
J'ai tout de même de l'espoir pour cette élection et elle a déjà tenu certaines promesses. J'ai vu mon peuple s'exprimer et son expression respectée. Wade promettait de passer au premier tour, le Sénégal a dit non. Je garde l'espoir qu'il perde le deuxième tour sans problème et sans tension.
Je n'attends pas un changement dans des secteurs précis. Il y a quelque chose qui coiffe tout ici : c'est le système. Quand je dis système, je parle de la gestion du pays dans son ensemble et dans tous ses secteurs d'activité. Par changement, je n'entends pas “révolution”, mais plutôt “évolution”. Et pour moi, cela va avec un changement de mentalité [les Sénégalais parlent souvent de leur ras-le-bol du système : corruption, administrations kafkaïennes, système éducatif défaillant, ndlr]. »
Youssoupha, 22 ans, cuisinier et serveur
« J'ai quand même beaucoup d'espoir avec cette élection ! »
« J'ai voté pour Macky Sall au premier tour. Je pense que Wade doit quitter le pouvoir. C'est vrai qu'il a beaucoup travaillé pour le pays, mais il est vieux, son âge devrait l'empêcher de se présenter. En plus, la majeure partie de la population ne l'aime plus.
Ici, il y a un gros problème de manque d'emploi pour les jeunes [le taux de chômage est de 49% au Sénégal, ndlr]. La vie est aussi dure à cause de la hausse des prix des denrées de première nécessité. Ce sont vraiment les principaux problèmes que rencontre la population tous les jours. Tout le reste, c'est des détails.
Pour cette raison, je comprends les gens du mouvement “Y en a marre”. Ce sont de jeunes rappeurs sénégalais qui l'ont créé. Leur but, c'est de lutter contre la “mal gouvernance” du Sénégal et leur devise c'est : “Touche pas a ma Constitution”.
J'ai quand même beaucoup d'espoir avec cette élection ! Les choses ne sont plus comme avant. Il y a eu beaucoup de laisser-aller et l'anarchie a régné dans ce pays. Maintenant, la population en a pris conscience.
J'aimerais voir le Sénégal changer, qu'on change de régime politique, que les représentants du peuple à l'Assemblée nationale, les députés et autres aient un plus grand contrôle des activités du Président en cas de débordement ou de “mal gouvernance”.
C'est juste pour mieux défendre l'intérêt commun et permettre à notre pays de se développer, même si ce n'est pas facile. »
Khady, 23 ans, serveuse
« Tout est insupportable ici, mais ça va, la vie est belle. »
« Je n'ai pas voté. En fait, je n'ai même jamais voté. Ça ne sert pas à grand-chose et les démarches sont trop compliquées... Je travaille, je n'ai pas de temps pour ça, pour m'inscrire. De toute manière, depuis le début, on savait que ça allait se passer comme ça. Wade, ce serait n'importe quoi qu'il ait un troisième mandat.
Je n'ai pas pu participer au mouvement des “Y en a marre”, parce que je travaillais. En plus, ces manifestations, ce n'était pas vraiment des situations pour les femmes. Trop dangereux. Mais j'ai bien aimé ce mouvement. Eux, ils sont là pour le peuple.
Tous les hommes politiques sont les mêmes, ils arnaquent le peuple. La corruption est partout. Qu'ils arrêtent de construire des infrastructures hallucinantes ou des monuments qui coûtent des millions. Et puis tout est cher ici. On a l'impression qu'on vit en France ou aux Etats-Unis [Khady rit de sa comparaison, puis continue].
Moi, ça va encore, je n'ai pas trop de difficultés, mais beaucoup de gens sont en grande difficulté. Tout est insupportable ici, mais ça va, la vie est belle. »
Souleymane, 52 ans, assistant médical
« Comme pour vous avec Chirac-Le Pen, les gens ont à choisir entre le mal et le moindre mal. »
« Je ne pense pas qu'il y ait un vrai emballement autour de la candidature de Wade. Aujourd'hui, les gens ont à choisir entre le mal et le moindre mal. C'est un peu comme vous, avec ce que vous avez vécu, choisir entre Chirac et Le Pen. Ce scrutin, c'est plus un référendum en fait. Ceux qui sont pour le départ de Wade et ceux qui sont contre.
En fait, le Conseil constitutionnel a validé la candidature de Wade. Les gens se sont retrouvés pour dire qu'ils allaient continuer le combat, et empêcher qu'il se représente. Il y a eu une tentative de pression populaire pour y arriver, mais elle a échoué.
Ce qui doit changer ? Le Sénégal est un pays en crise ! L'éducation ne marche pas du tout. Avec le nombre de mois de cours annulés, on parle même d'une année blanche pour les élèves du service public. La Casamance est aussi une priorité nationale, même si les gens ont tendance à la négliger.
Mais surtout, surtout, surtout : la vie chère. Tout est cher. La location est chère, les gens n'arrivent plus à joindre les deux bouts. Dans beaucoup de familles, les trois repas quotidiens ne sont plus assurés.
Wade a réalisé des choses, des infrastructures, mais pendant ses mandats, il y a eu une perte des valeurs. Avant, la solidarité était très importante au Sénégal. On la sent moins aujourd'hui. Il n y a plus de justice non plus. Aujourd'hui, si tu fais partie du camp du pouvoir, tu peux faire ce que tu veux, sinon on te mate. »
Renée Greusard | Journaliste
© Copyright Rue 89
Présidentielle au Sénégal: Jour J pour la démocratie
(L'Express 25/03/2012)
Les Sénégalais ont commencé à voter dimanche pour le second tour de la présidentielle entre le chef de l'Etat sortant Abdoulaye Wade et son ex-Premier ministre Macky Sall.
Le challenger Macky Sall apparaît comme le favori logique du ballottage de ce dimanche. Même si le sortant Abdoulaye Wade aura jusqu'au bout actionné ses vieilles ficelles.
Alea jacta est. Le sort en est jeté, ou peu s'en faut. Depuis ce matin, les "A voté!" résonnent dans les 11900 bureaux du pays de la Teranga. Dès demain lundi, on saura. On saura qui du tenant du titre Abdoulaye Wade ou de son challenger, cadet et ex-filleul politique Macky Sall, héritera pour sept ans des commandes du Sénégal.
Sur le papier, c'est plié. Arithmétiquement, le sortant, crédité de 34,81% des suffrages au premier tour, doit faire le deuil d'un troisième mandat consécutif, au demeurant inconstitutionnel. D'autant que l'enfant de Fatick, classé deuxième le 26 février avec 26,58% des voix, bénéficie du ralliement, plus ou moins enthousiaste il est vrai, de tous les prétendants vaincus. A commencer par le madré Moustapha Niasse (13,20%), le socialiste Ousmane Tanor Dieng (11,30%) ou l'ambitieux Idrissa Seck (7,86%), autre "fils adoptif" de Wade frappé, comme le fut en son temps "Macky", d'une disgrâce sans retour.
"Tout sauf Ablaye"
Le jeune quinqua, géologue de formation, mise aussi à bon droit sur le soutien du M23, alliance hétéroclite de partis d'opposition et de mouvements de la société civile, aiguillonnée par le collectif de rappeurs "Y'en a marre!", ainsi que sur celui du chanteur et businessman Youssou N'Dour, évincé de la course à la présidence. Cet atout, face à un "Gorgui" -le Vieux, en wolof- qui ne peut se prévaloir du moindre désistement, est aussi une faiblesse. Cimentée par la doctrine du TSA -Tout sauf "Ablaye"- la coalition anti-Wade rassemble sous son étendard libéraux grand teint, afromarxistes assagis, jeunes branchés urbains et vétérans du marigot sénégalais. Diversité un rien embarrassante quand viendra le temps de gouverner, mais nullement rédhibitoire à l'heure des isoloirs. A condition que la mécanique du report des voix fonctionne pleinement.
Pour conjurer l'implacable loi des chiffres, Wade aura, durant la campagne d'entre-deux-tours, exhumé toutes les ficelles de son arsenal; y compris les plus usées. Pour preuve, la cour assidue et onéreuses dont il a gratifié les dignitaires religieux des confréries mouride et tidiane, ainsi que les notables provinciaux, chefs de villages et caciques traditionnels. Si le sortant a décroché ainsi l'imprimatur de marabouts locaux ou de "gourous" influents -tel le cheikh Béthio Thioune-, il n'a pu arracher le ndiguël du khalife général des mourides, décret religieux censé dicter aux fidèles "le bon choix".
Wade compte sur les abstensionnistes
Abdoulaye Wade compte aussi sur la cohorte des abstentionnistes -près de la moitié des 5,3 millions d'électeurs inscrits ont zappé le premier tour-, dont il estime qu'ils lui sont majoritairement acquis. Pensée magique? Divers indices attestent que la machine à gagner s'est grippée. Citons à titre d'exemple les défections implicites de barons du Parti démocratique sénégalais (PDS), exaspérés par la dérive monarchique d'un chef qui a longtemps tenté d'installer à la hussarde son fils Karim dans le fauteuil du dauphin. Quelques erreurs tactiques indiquent en outre que Wade, pourtant connu pour son habileté manoeuvrière, a perdu la main, voire son sang-froid. L'ostensible mépris affiché envers des rivaux dont aucun ne lui paraît digne de lui succéder aura été contre-productif. De même, le candidat sûr de son fait menace-t-il les citoyens de son fief natal de transplanter ailleurs les projets promis si d'aventure ils s'avisaient de "mal voter"? Enfin, il y a quelque chose de déroutant à suggérer que l'on s'effacera après trois ans, période requise pour "achever" les chantiers d'infrastructures entrepris. Quémander un demi-mandat, n'est-ce pas s'en tenir à une moitié d'ambition ?
Redouté par Macky Sall et les siens, le recours à la fraude électorale ne saurait être négligé. Mais on voit mal comment il suffirait à inverser le verdict des urnes. Entretenue et renforcée par un formidable réseau d'ONG citoyennes, la culture démocratique la plus vivace de l'espace ouest-africain procure un antidote efficace. Quant aux observateurs de l'Union européenne et de l'Union africaine, ils ont prouvé jusqu'alors combien leur mission leur tient à coeur. En clair, si l'appel aux électeurs fantômes et les achats de vote sont susceptibles de jouer à la marge, il est bien plus malaisé de tricher au Sénégal qu'au Gabon, au Cameroun, au Congo-Brazza ou en RDC.
Le moment est venu pour la patrie de Senghor de boucler la boucle amorcée à la faveur de l'alternance exemplaire dont un certain Abdoulaye Wade fut en l'an 2000 l'acteur et le bénéficiaire. La quête de la maturité politique n'est jamais un aller simple. Pour valider son ticket démocratique, il faut avoir vaincu à la régulière puis reconnu sa défaite avec élégance.
Par Vincent Hugeux, publié le 25/03/2012 à 12:31, mis à jour à 12:32
© Copyright L'Express
Les Sénégalais ont commencé à voter dimanche pour le second tour de la présidentielle entre le chef de l'Etat sortant Abdoulaye Wade et son ex-Premier ministre Macky Sall.
Le challenger Macky Sall apparaît comme le favori logique du ballottage de ce dimanche. Même si le sortant Abdoulaye Wade aura jusqu'au bout actionné ses vieilles ficelles.
Alea jacta est. Le sort en est jeté, ou peu s'en faut. Depuis ce matin, les "A voté!" résonnent dans les 11900 bureaux du pays de la Teranga. Dès demain lundi, on saura. On saura qui du tenant du titre Abdoulaye Wade ou de son challenger, cadet et ex-filleul politique Macky Sall, héritera pour sept ans des commandes du Sénégal.
Sur le papier, c'est plié. Arithmétiquement, le sortant, crédité de 34,81% des suffrages au premier tour, doit faire le deuil d'un troisième mandat consécutif, au demeurant inconstitutionnel. D'autant que l'enfant de Fatick, classé deuxième le 26 février avec 26,58% des voix, bénéficie du ralliement, plus ou moins enthousiaste il est vrai, de tous les prétendants vaincus. A commencer par le madré Moustapha Niasse (13,20%), le socialiste Ousmane Tanor Dieng (11,30%) ou l'ambitieux Idrissa Seck (7,86%), autre "fils adoptif" de Wade frappé, comme le fut en son temps "Macky", d'une disgrâce sans retour.
"Tout sauf Ablaye"
Le jeune quinqua, géologue de formation, mise aussi à bon droit sur le soutien du M23, alliance hétéroclite de partis d'opposition et de mouvements de la société civile, aiguillonnée par le collectif de rappeurs "Y'en a marre!", ainsi que sur celui du chanteur et businessman Youssou N'Dour, évincé de la course à la présidence. Cet atout, face à un "Gorgui" -le Vieux, en wolof- qui ne peut se prévaloir du moindre désistement, est aussi une faiblesse. Cimentée par la doctrine du TSA -Tout sauf "Ablaye"- la coalition anti-Wade rassemble sous son étendard libéraux grand teint, afromarxistes assagis, jeunes branchés urbains et vétérans du marigot sénégalais. Diversité un rien embarrassante quand viendra le temps de gouverner, mais nullement rédhibitoire à l'heure des isoloirs. A condition que la mécanique du report des voix fonctionne pleinement.
Pour conjurer l'implacable loi des chiffres, Wade aura, durant la campagne d'entre-deux-tours, exhumé toutes les ficelles de son arsenal; y compris les plus usées. Pour preuve, la cour assidue et onéreuses dont il a gratifié les dignitaires religieux des confréries mouride et tidiane, ainsi que les notables provinciaux, chefs de villages et caciques traditionnels. Si le sortant a décroché ainsi l'imprimatur de marabouts locaux ou de "gourous" influents -tel le cheikh Béthio Thioune-, il n'a pu arracher le ndiguël du khalife général des mourides, décret religieux censé dicter aux fidèles "le bon choix".
Wade compte sur les abstensionnistes
Abdoulaye Wade compte aussi sur la cohorte des abstentionnistes -près de la moitié des 5,3 millions d'électeurs inscrits ont zappé le premier tour-, dont il estime qu'ils lui sont majoritairement acquis. Pensée magique? Divers indices attestent que la machine à gagner s'est grippée. Citons à titre d'exemple les défections implicites de barons du Parti démocratique sénégalais (PDS), exaspérés par la dérive monarchique d'un chef qui a longtemps tenté d'installer à la hussarde son fils Karim dans le fauteuil du dauphin. Quelques erreurs tactiques indiquent en outre que Wade, pourtant connu pour son habileté manoeuvrière, a perdu la main, voire son sang-froid. L'ostensible mépris affiché envers des rivaux dont aucun ne lui paraît digne de lui succéder aura été contre-productif. De même, le candidat sûr de son fait menace-t-il les citoyens de son fief natal de transplanter ailleurs les projets promis si d'aventure ils s'avisaient de "mal voter"? Enfin, il y a quelque chose de déroutant à suggérer que l'on s'effacera après trois ans, période requise pour "achever" les chantiers d'infrastructures entrepris. Quémander un demi-mandat, n'est-ce pas s'en tenir à une moitié d'ambition ?
Redouté par Macky Sall et les siens, le recours à la fraude électorale ne saurait être négligé. Mais on voit mal comment il suffirait à inverser le verdict des urnes. Entretenue et renforcée par un formidable réseau d'ONG citoyennes, la culture démocratique la plus vivace de l'espace ouest-africain procure un antidote efficace. Quant aux observateurs de l'Union européenne et de l'Union africaine, ils ont prouvé jusqu'alors combien leur mission leur tient à coeur. En clair, si l'appel aux électeurs fantômes et les achats de vote sont susceptibles de jouer à la marge, il est bien plus malaisé de tricher au Sénégal qu'au Gabon, au Cameroun, au Congo-Brazza ou en RDC.
Le moment est venu pour la patrie de Senghor de boucler la boucle amorcée à la faveur de l'alternance exemplaire dont un certain Abdoulaye Wade fut en l'an 2000 l'acteur et le bénéficiaire. La quête de la maturité politique n'est jamais un aller simple. Pour valider son ticket démocratique, il faut avoir vaincu à la régulière puis reconnu sa défaite avec élégance.
Par Vincent Hugeux, publié le 25/03/2012 à 12:31, mis à jour à 12:32
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mardi 20 mars 2012
Wade épuise les fonds politiques
(Leral 20/03/2012)
LERAL.NET Pour remporter le second tour, Abdoulaye Wade a misé sur la distribution de l'argent tous azimuts. Par conséquent, les fameux fonds politiques sont, selon Le Quotidien, totalement épuisés. Le budget de la Présidence a aussi été utilisé à 60 %, poursuit le journal.
De janvier à mars, soit moins de 3 mois, Abdoulaye Wade aurait utilisé 60 % des crédits de fonctionnement de la Présidence. Les fonds politiques sont, quant à eux, totalement dépensés. Une source anonyme, spécialiste des Finances publiques, se confiant au journal, craint "un éventuel blocage du fonctionnement des services de la Présidence durant les 3 prochains trimestres".
Conséquence : "Ce sont ces situations de mauvaise régulation qui amènent les autorités publiques à des ponctions sur les budgets d'autres institutions et administrations", poursuit-il.
Selon le spécialiste, "si les fonds politiques sont épuisés au mois de mars, il y a absence de régulation du rythme de consommation. L'esprit des fonds politiques au Sénégal et ailleurs, c'est que ce sont des dépenses d'utilité publique. Ceux qui ont dépensé en 3 mois ces crédits devraient éclairer la lanterne des Sénégalais sur la destination des dépenses afin qu'on sache si c'est conforme ou pas à des questions d'intérêt public"
Bineta Kane ( Leral.net )
© Copyright Leral
LERAL.NET Pour remporter le second tour, Abdoulaye Wade a misé sur la distribution de l'argent tous azimuts. Par conséquent, les fameux fonds politiques sont, selon Le Quotidien, totalement épuisés. Le budget de la Présidence a aussi été utilisé à 60 %, poursuit le journal.
De janvier à mars, soit moins de 3 mois, Abdoulaye Wade aurait utilisé 60 % des crédits de fonctionnement de la Présidence. Les fonds politiques sont, quant à eux, totalement dépensés. Une source anonyme, spécialiste des Finances publiques, se confiant au journal, craint "un éventuel blocage du fonctionnement des services de la Présidence durant les 3 prochains trimestres".
Conséquence : "Ce sont ces situations de mauvaise régulation qui amènent les autorités publiques à des ponctions sur les budgets d'autres institutions et administrations", poursuit-il.
Selon le spécialiste, "si les fonds politiques sont épuisés au mois de mars, il y a absence de régulation du rythme de consommation. L'esprit des fonds politiques au Sénégal et ailleurs, c'est que ce sont des dépenses d'utilité publique. Ceux qui ont dépensé en 3 mois ces crédits devraient éclairer la lanterne des Sénégalais sur la destination des dépenses afin qu'on sache si c'est conforme ou pas à des questions d'intérêt public"
Bineta Kane ( Leral.net )
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Victoire au second tour: Wade "reprend" Gbagbo
(SenXibar 20/03/2012)
SENXIBAR- "Il n'y a qu'une seule hypothèse: je gagne. Il n'y a pas deux. Celle de ma défaite est une hypothèse absurde. C'est comme si je disais que le ciel va nous tomber sur la tête dans une minute.C'est absurde parce que le ciel ne va pas nous tomber sur la tête." Ces propos sont extraits de l'interview accordée par le candidat des FAL à la télé Africa 7 que le quotidien l'Observateur a repris. Pour rappel, Laurent Gbagbo (ex-Président de la Côte d'Ivoire) avait tenu des propos du genre "Je gagne ou je gagne". L'histoire va t-elle se répéter? Wait and see!
Mardi 20 Mars 2012
Politique
© Copyright SenXibar
SENXIBAR- "Il n'y a qu'une seule hypothèse: je gagne. Il n'y a pas deux. Celle de ma défaite est une hypothèse absurde. C'est comme si je disais que le ciel va nous tomber sur la tête dans une minute.C'est absurde parce que le ciel ne va pas nous tomber sur la tête." Ces propos sont extraits de l'interview accordée par le candidat des FAL à la télé Africa 7 que le quotidien l'Observateur a repris. Pour rappel, Laurent Gbagbo (ex-Président de la Côte d'Ivoire) avait tenu des propos du genre "Je gagne ou je gagne". L'histoire va t-elle se répéter? Wait and see!
Mardi 20 Mars 2012
Politique
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Présidentielle sénégalaise : Terrorisme politico-spirituel
(L'Observateur Paalga 20/03/2012)
A quelque une semaine du second tour de la présidentielle sénégalaise, la campagne électorale glisse dans une campagne d’intimidation. Au point qu’il ne serait pas du tout exagéré de se demander si le «phare de la démocratie africaine» n’est pas en train d’entrer dans une phase d’extinction.
Du moins sous la présidence d’Abdoulaye Wade qui, il faut le reconnaître, depuis qu’il s’est installé sur l’avenue-Léopold-Sédar-Senghor, n’a cessé de multiplier les outrages à cette «exception sénégalaise».
Quel est le chef d’Etat sénégalais qui a propulsé son fils aux plus hautes fonctions de la république ? Abdoulaye Wade.
Qui est celui qui a tenté, avant de céder sous la pression de la rue, d’imposer un scrutin présidentiel à un seul tour ? Encore Wade.
Quel est le président sortant dont la candidature a suscité tant de polémiques et tant de manifestations violentes avec morts d’hommes ? Encore et toujours Abdoulaye Wade.
Dernière manifestation en date de cette «waderie», expression désignant les incartades du président Wade, l’organisation, le samedi 17 mars dernier, d’une marche-meeting de talibés, ces dévots à la solde d’un chef spirituel.
Mais en lieu et place d’une manifestation de soutien au candidat du PDS, les Dakarois ont assisté, médusés, à un véritable exercice d’intimidation physique.
En effet, armés de gourdins, de gros bras aux allures de lutteurs gréco-romains à la tête de tueurs et obéissant au doigt et à l’œil du sulfureux chef mouride, Cheick Bethio Thioune, ont pris d’assaut la Place de l’Obélisque. Répondant au ndiguël, consigne de vote, du guide religieux, ils se sont engagés à maintenir, au soir du dimanche 25 mars, le président sortant au pouvoir. Et le message est on ne peut plus clair : quitte à jouer du biceps et du gourdin s’il en faut.
Prémices d’un second tour où tous les coups seront permis ? Il faut bien le craindre.
Certes, «Gorgui» n’est pas l’instigateur de ce terrorisme politico-spirituel. Pour autant, sa responsabilité n’en est pas moins engagée. Car nul doute que cette indécente démonstration de force n’a pu se tenir sans sa bénédiction, du moins sans son accord de non-objection.
Au crépuscule de sa présidence et de sa vie politique, Abdoulaye Wade ne cessera de décevoir tous ceux qui avaient fondé de réels espoirs sur son sacre suprême.
Quelle «waderie» le «Vieux» nous réserve-t-il le jour de l’ultime scrutin ? On attend de voir, la peur au ventre.
Par Alain Saint Robespierre
© Copyright L'Observateur Paalga
A quelque une semaine du second tour de la présidentielle sénégalaise, la campagne électorale glisse dans une campagne d’intimidation. Au point qu’il ne serait pas du tout exagéré de se demander si le «phare de la démocratie africaine» n’est pas en train d’entrer dans une phase d’extinction.
Du moins sous la présidence d’Abdoulaye Wade qui, il faut le reconnaître, depuis qu’il s’est installé sur l’avenue-Léopold-Sédar-Senghor, n’a cessé de multiplier les outrages à cette «exception sénégalaise».
Quel est le chef d’Etat sénégalais qui a propulsé son fils aux plus hautes fonctions de la république ? Abdoulaye Wade.
Qui est celui qui a tenté, avant de céder sous la pression de la rue, d’imposer un scrutin présidentiel à un seul tour ? Encore Wade.
Quel est le président sortant dont la candidature a suscité tant de polémiques et tant de manifestations violentes avec morts d’hommes ? Encore et toujours Abdoulaye Wade.
Dernière manifestation en date de cette «waderie», expression désignant les incartades du président Wade, l’organisation, le samedi 17 mars dernier, d’une marche-meeting de talibés, ces dévots à la solde d’un chef spirituel.
Mais en lieu et place d’une manifestation de soutien au candidat du PDS, les Dakarois ont assisté, médusés, à un véritable exercice d’intimidation physique.
En effet, armés de gourdins, de gros bras aux allures de lutteurs gréco-romains à la tête de tueurs et obéissant au doigt et à l’œil du sulfureux chef mouride, Cheick Bethio Thioune, ont pris d’assaut la Place de l’Obélisque. Répondant au ndiguël, consigne de vote, du guide religieux, ils se sont engagés à maintenir, au soir du dimanche 25 mars, le président sortant au pouvoir. Et le message est on ne peut plus clair : quitte à jouer du biceps et du gourdin s’il en faut.
Prémices d’un second tour où tous les coups seront permis ? Il faut bien le craindre.
Certes, «Gorgui» n’est pas l’instigateur de ce terrorisme politico-spirituel. Pour autant, sa responsabilité n’en est pas moins engagée. Car nul doute que cette indécente démonstration de force n’a pu se tenir sans sa bénédiction, du moins sans son accord de non-objection.
Au crépuscule de sa présidence et de sa vie politique, Abdoulaye Wade ne cessera de décevoir tous ceux qui avaient fondé de réels espoirs sur son sacre suprême.
Quelle «waderie» le «Vieux» nous réserve-t-il le jour de l’ultime scrutin ? On attend de voir, la peur au ventre.
Par Alain Saint Robespierre
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Sénégal : Macky Sall dénonce le recrutement de milices par le camp d’Abdoulaye Wade
(Afrik.com 20/03/2012)
A quelques jours du second tour de l’élection présidentielle au Sénégal, prévu le 25 mars, Macky Sall s’inquiète des risques de violences que pourrait orchestrer le camp de son rival, le président sortant Abdoulaye Wade.
Interrogé par le quotidien français 20Minutes, Macky Sall s’inquiète des violences qui pourraient entacher le second tour des élections présidentielles, prévu dimanche 25 mars. Il accuse Abdoulaye Wade et ses hommes d’avoir recruté des milices pour semer le désordre. « Je suis confiant en ce qui concerne ma victoire dans les urnes, mais je suis préoccupé par la volonté du pouvoir de créer des contre-feux violents. Des milices privées auraient été recrutées pour agresser et cela me paraît inquiétant », a-t-il déclaré avant d’ajouter, « Il devra se reposer ! Mais il doit avant tout accepter le verdict des urnes. Si le peuple décide de désigner Macky Sall Président de la République, il doit l’accepter ! Evidemment, j’ai de l’affection pour lui, mais il s’est engagé dans le combat de trop ».
Macky Sall explique que l’opposition ne pourra être tenue responsable des violences mais qu’elle y répondra, « si Abdoulaye Wade ne reconnaît pas la légitimité du scrutin et refuse de quitter le pouvoir nous entrerons en résistance légitime. (...) Quand on finance et distribue des gourdins et des armes blanches, il ne faut pas s’étonner que le camp d’en face réagisse. Nous ne serons pas responsables de la violence, mais nous y répondrons ».
Lire l’interview complète sur 20Minutes
© Copyright Afrik.com
A quelques jours du second tour de l’élection présidentielle au Sénégal, prévu le 25 mars, Macky Sall s’inquiète des risques de violences que pourrait orchestrer le camp de son rival, le président sortant Abdoulaye Wade.
Interrogé par le quotidien français 20Minutes, Macky Sall s’inquiète des violences qui pourraient entacher le second tour des élections présidentielles, prévu dimanche 25 mars. Il accuse Abdoulaye Wade et ses hommes d’avoir recruté des milices pour semer le désordre. « Je suis confiant en ce qui concerne ma victoire dans les urnes, mais je suis préoccupé par la volonté du pouvoir de créer des contre-feux violents. Des milices privées auraient été recrutées pour agresser et cela me paraît inquiétant », a-t-il déclaré avant d’ajouter, « Il devra se reposer ! Mais il doit avant tout accepter le verdict des urnes. Si le peuple décide de désigner Macky Sall Président de la République, il doit l’accepter ! Evidemment, j’ai de l’affection pour lui, mais il s’est engagé dans le combat de trop ».
Macky Sall explique que l’opposition ne pourra être tenue responsable des violences mais qu’elle y répondra, « si Abdoulaye Wade ne reconnaît pas la légitimité du scrutin et refuse de quitter le pouvoir nous entrerons en résistance légitime. (...) Quand on finance et distribue des gourdins et des armes blanches, il ne faut pas s’étonner que le camp d’en face réagisse. Nous ne serons pas responsables de la violence, mais nous y répondrons ».
Lire l’interview complète sur 20Minutes
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Sénégal: Obasanjo revient pour l’observation du second tour
(Seneweb 20/03/2012)
La Mission d’observation électorale (Moe) de l’Union africaine (Ua) sera de retour au Sénégal dès le 17 mars courant pour le deuxième tour de l’élection présidentielle.
L’information est comprise dans un communiqué de l’Ua remis à la presse.La même source indique que « dans la poursuite de la mission de paix et d’observation électorale entamée au premier tour de l’élection présidentiel, le Président de la Commission de l’Ua, M. Jean Ping, a décidé de reconduire M. Olusegun Obasanjo, ancien président de la République fédérale du Nigéria pour diriger la Moe de l’Ua au Sénégal pour le second tour».
En effet, précise l’Union africaine, « suite aux violences pré-électorales qui ont entaché le premier tour, la mission de paix avait pour objectifs d'engager le dialogue avec tous les acteurs politiques au Sénégal, promouvoir une élection pacifique, libre, juste et transparente ».
A cet effet et conformément à la vocation de l’Ua qui œuvre pour le renforcement de la démocratie et de la bonne gouvernance sur le continent, « la Mission de paix s’est attachée à convaincre les différentes parties sénégalaises d’accorder la priorité au dialogue et de s'abstenir de toute violence ». Avant de préciser : « La mission d’observation électorale de l’Ua établira établi ses quartiers à l’hôtel Radisson Blu de Dakar ». Falilou DIAGNE APPEL
Auteur: Pressafrik
© Copyright Seneweb
La Mission d’observation électorale (Moe) de l’Union africaine (Ua) sera de retour au Sénégal dès le 17 mars courant pour le deuxième tour de l’élection présidentielle.
L’information est comprise dans un communiqué de l’Ua remis à la presse.La même source indique que « dans la poursuite de la mission de paix et d’observation électorale entamée au premier tour de l’élection présidentiel, le Président de la Commission de l’Ua, M. Jean Ping, a décidé de reconduire M. Olusegun Obasanjo, ancien président de la République fédérale du Nigéria pour diriger la Moe de l’Ua au Sénégal pour le second tour».
En effet, précise l’Union africaine, « suite aux violences pré-électorales qui ont entaché le premier tour, la mission de paix avait pour objectifs d'engager le dialogue avec tous les acteurs politiques au Sénégal, promouvoir une élection pacifique, libre, juste et transparente ».
A cet effet et conformément à la vocation de l’Ua qui œuvre pour le renforcement de la démocratie et de la bonne gouvernance sur le continent, « la Mission de paix s’est attachée à convaincre les différentes parties sénégalaises d’accorder la priorité au dialogue et de s'abstenir de toute violence ». Avant de préciser : « La mission d’observation électorale de l’Ua établira établi ses quartiers à l’hôtel Radisson Blu de Dakar ». Falilou DIAGNE APPEL
Auteur: Pressafrik
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Présidentielle sénégalaise : Les deux candidats entament la dernière ligne droite avant le scrutin de dimanche
(Xinhuanet 20/03/2012)
DAKAR -- Le président sénégalais, Abdoulaye Wade et son ancien Premier ministre Macky Sall qui s'affrontent dimanche prochain lors du second tour de l'élection présidentielle, ont entamé la dernière ligne droite, en multipliant rencontres, caravanes, visites de proximité et meetings pour convaincre les électeurs.
Les quelque 5 millions électeurs sénégalais vont choisir dimanche prochain entre le chef del'Etat sortant Abdoulaye Wade, arrivé en tête lors du premier tour avec 34,81% des voix et l' ancien Premier Macky Sall, qui a obtenu 719 367voix, soit 26,58%.
Abdoulaye Wade a opté pour la pêche aux consignes de vote auprès des chefs des puissantes confréries musulmanes, avec, jusqu' ici des résultats mitigés. Parallèlement, le chef de l'Etat sortant cible les abstentionnistes du premier tour (soit près de 50% de l'électorat) et les militants del'opposition qui ne sont pas refusent de suivre leurs leaders qui soutiennentl'ancien Premier ministre Macky Sall.
Pour sa part, le challenger du chef de l'Etat sortant, a multiplié, en compagnie des ténors de l'opposition qui le soutiennent, les grands rassemblements, les caravanes, ainsi que les visites de proximité dans la capitale et à l'intérieur du pays, où il a drainé des foules partout sur son passage. Macky Sall est revigoré par le soutien de tous les candidats recalés lors du premier tour de la présidentielle, du mouvement du 23juin (M23), regroupant des Partis de l'opposition et associations de la société civile et du mouvement ''Y en marre'', ainsi que de la star mondiale de la chanson, Youssou Ndour. Ce dernier déploie énergie et moyen pour mobiliser des foules grâce à son nouveau concept de ''village électoral'' qui comprend animation musicale, consultations médicales gratuites et forum sous forme de question- réponses sur l'emploi des jeunes.
Les meetings et caravanes du candidat Macky Sall et de ses partisans sont parfois perturbés par leurs adversaires. Une semaine avant le scrutin, les militaires et paramilitaire sont eux voté samedi et dimanche. Mais, le taux de participation était légèrement mois faible que lors du premier tour, selon la presse locale.
© Copyright Xinhuanet
DAKAR -- Le président sénégalais, Abdoulaye Wade et son ancien Premier ministre Macky Sall qui s'affrontent dimanche prochain lors du second tour de l'élection présidentielle, ont entamé la dernière ligne droite, en multipliant rencontres, caravanes, visites de proximité et meetings pour convaincre les électeurs.
Les quelque 5 millions électeurs sénégalais vont choisir dimanche prochain entre le chef del'Etat sortant Abdoulaye Wade, arrivé en tête lors du premier tour avec 34,81% des voix et l' ancien Premier Macky Sall, qui a obtenu 719 367voix, soit 26,58%.
Abdoulaye Wade a opté pour la pêche aux consignes de vote auprès des chefs des puissantes confréries musulmanes, avec, jusqu' ici des résultats mitigés. Parallèlement, le chef de l'Etat sortant cible les abstentionnistes du premier tour (soit près de 50% de l'électorat) et les militants del'opposition qui ne sont pas refusent de suivre leurs leaders qui soutiennentl'ancien Premier ministre Macky Sall.
Pour sa part, le challenger du chef de l'Etat sortant, a multiplié, en compagnie des ténors de l'opposition qui le soutiennent, les grands rassemblements, les caravanes, ainsi que les visites de proximité dans la capitale et à l'intérieur du pays, où il a drainé des foules partout sur son passage. Macky Sall est revigoré par le soutien de tous les candidats recalés lors du premier tour de la présidentielle, du mouvement du 23juin (M23), regroupant des Partis de l'opposition et associations de la société civile et du mouvement ''Y en marre'', ainsi que de la star mondiale de la chanson, Youssou Ndour. Ce dernier déploie énergie et moyen pour mobiliser des foules grâce à son nouveau concept de ''village électoral'' qui comprend animation musicale, consultations médicales gratuites et forum sous forme de question- réponses sur l'emploi des jeunes.
Les meetings et caravanes du candidat Macky Sall et de ses partisans sont parfois perturbés par leurs adversaires. Une semaine avant le scrutin, les militaires et paramilitaire sont eux voté samedi et dimanche. Mais, le taux de participation était légèrement mois faible que lors du premier tour, selon la presse locale.
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La justice tranche le 07 mai: Les 1900 morts du Joola devant le juge français
(Walfadjiri 20/03/2012)
Après deux heures et demie de plaidoirie, hier, le juge de la chambre d'instruction de Paris va rendre sa décision le 7 mai prochain. Et les deux parties retiennent leur souffle, même si elles peuvent se pourvoir en cassation si le juge ne va pas dans le sens voulu par l'une d'entre elles. Ce qui laisse entendre que la bataille de procédure n'est pas encore terminée.
C'est le 7 mai prochain que l'on saura si la justice française est compétente pour juger l'affaire du bateau Le Joola qui a sombré en 2002 au large de la Gambie faisant près de 1 900 morts. C'est l'annonce faite par les avocats des deux parties qui étaient, hier, devant le juge de la chambre d'instruction de Paris pour une audience qui a duré 2 h 30mn. Chacune des parties se dit confiante quant à la décision que va prendre le juge le 7 mai. Les avocats ont plaidé en exposant leurs arguments juridiques pour ou contre la requête de l'Etat du Sénégal qui demande purement et simplement l'annulation de la procédure contre les sept personnalités sénégalaises visées par la plainte déposée en France par les familles des victimes françaises du naufrage du Joola.
Pour Me Simon Ndiaye, un des avocats de la partie civile, la demande de l'Etat du Sénégal ‘n'est pas recevable parce que la Cour a déjà statué, et elle a dit tant que ces personnes-là ne se présentent pas devant la Cour, elles n'ont pas de statut de partie à la procédure’. Et ‘tant que quelqu'un n'a pas de statut de partie à la procédure, il ne peut pas faire une demande de nullité de procédure’, soutient Me Ndiaye. Son collègue, Me Rosenthal abonde dans le même sens. Il estime que dans le cas de M. Diédhiou qui avait été interpellé á l'aéroport Charles de Gaulle en partance pour l'Allemagne et mis en examen, donc partie à l'instruction, ses avocats n'ont pas déposé la requête en nullité le concernant dans les délais requis de six mois. Ce qui entraîne la forclusion de sa demande.Gomis Diedhiou qui avait déjà été ici et mis en examen, lui a déjà le statut de partie, il peut être fondé à faire la demande. Cela étant, la demande ne peut être faite que dans un délai de six mois.
Or, lui, il l'a fait à l'expiration de ce délai. Sa demande n'est donc pas recevable. Et Me Rosenthal d'ajouter que ‘toutes ces questions ont été tranchées lors de la précédente audience de la Chambre de l'instruction’. Ce qui fait dire à l'avocat Simon Ndiaye que la partie sénégalaise brandit des arguments pour ‘retarder le dossier’. ‘Or, nous nous battrons pour que cette affaire vienne un jour devant les juridictions françaises’, promet-il. Me Rosenthal est encore plus sévère quand il considère que ces arguments des avocats du Sénégal sont ‘des contrevérités en droit français et en droit international’. ‘Sur le fond, je me suis permis de donner un cours de droit international. C'était nécessaire notamment en droit maritime. C'est vrai que ce n'est pas évident de maîtriser ces matières qui sont atypiques’, considère l’avocat. Il insiste sur l'irrecevabilité de la demande sénégalaise. Même s'il reconnaît ne pas savoir ce que décidera le juge le 7 mai.
Les arguments des avocats de l'Etat du Sénégal
Cette forme de défense ne semble pas ébranler le pool d'avocats de l'Etat du Sénégal, formé de l'ancien Bâtonnier Félix Sow, de Me Massokhna Kane, d'Aïssata Tall Sall, de Me El Hadj Diouf. Pour balayer d'un revers de main les arguments de la partie civile, Me Massokhna Kane soutient que le procureur d'Evry avait demandé le non-lieu pour tout le monde. Ensuite, poursuit-il, ‘nos arguments reposent sur deux points : Cette recevabilité a fait réagir le parquet qui avait soutenu par le passé et qui soutient encore que ces personnes qui font objet de mandats d'arrêt ne font pas qualité de partie à la procédure, et que par conséquent elles ne peuvent pas faire une demande en annulation. Nous avons démontré que la demande est recevable dans la mesure où ces personnes ont reçu une notification du juge d'instruction en vertu de l'article 175 du code pénal français, notification du fait que l’instruction lui paraissait terminée et que si on avait des observations on pouvait les faire dans un délai de trois mois. Donc, usant de ce droit, nous avons présenté une demande d’annulation. Deuxièmement, c’est recevable pour Gomis Diédhiou qui est mis en examen’.
Me Kane ajoute : ‘Le deuxième argument porte sur l’incompétence des juridictions françaises. Elles sont incompétentes, et ça le procureur d’Evry l’a démontré devant le juge d’instruction. Incompétente en vertu de la convention de Montogobet sur le droit de la mer, incompétente en raison de la convention franco-sénégalaise du 29 mars 1974 qui prévoit que ce sont les juridictions sénégalaises qui sont compétentes dans ces domaines-là, et que tout ce que les autorités françaises peuvent faire, quand elles ont enquêté et eu des informations, c’est de simplement coopérer avec les juridictions sénégalaises pour mettre à leur disposition le résultat de leur enquête ou de leur instruction.
Si les juridictions françaises avaient des informations précises ou des résultats d’une enquête, elles devaient seulement, dans le cadre d’une assistance judiciaire, porter cela à la connaissance des autorités sénégalaises ; ce qui aurait peut-être permis à celles-ci de rouvrir le dossier du Joola. Ce qui est toujours possible’.
C'est à partir de tout cela que Me Kane pense que la Cour les suivra dans leur réquisition. Surtout que, pour lui, le code de procédure français permet qu’à partir de la mise en examen, la personne n'ayant pas déposé sa requête pendant les six mois légaux peut faire ‘valoir les observations tendant à annuler la procédure’. ‘Mais ce qu’il faut savoir qu’en vertu de l’article 175, lorsque Gomis Diédhiou a reçu la notification en même temps que les autres de la fin de l’instruction, il avait un nouveau droit de trois mois qui lui permettait soit de faire des actes, ce qui avait été fait en ce moment-là, soit de faire une requête en annulation. Donc, même si on disait qu’il était forclos parce qu’il a fait sa demande au-delà des six mois après sa mise en examen, à partir de la signification qui lui a été faite postérieurement, il retrouvait le droit de faire des observations et de faire une demande d’acte ; ce qui a été fait. Donc il a parfaitement le droit de faire une demande d’annulation de la procédure’, insiste-t-il.
Suffisant pour que Me Aïssata Tall Sall soit ‘optimiste’ quant à l'issue favorable de leur demande. Alors que va-t-il se passer si le juge prend une décision dans un sens ou dans un autre ? ‘Il est évident que si la chambre dit que la procédure doit être annulée, parce que les juridictions françaises ne sont pas compétentes, le dossier ne retournera plus à Evry. Si maintenant la Cour dit le contraire, le dossier doit retourner à Evry et là nous attendrons que le juge se prononce sur la base du réquisitoire du procureur d’Evry qui demande aussi l’annulation de la procédure’, explique Me Aïssata Tall Sall.
La cassation, dernière voie de recours
Dans tous les cas, les deux parties prévoient de se pourvoir en cassation si la décision du juge n'est pas en leur faveur. ‘Si nous ne sommes pas satisfaits de la décision de la chambre, il est évident que nous avons une voie de recours qui est la cassation. Si à contrario les parties civiles ne sont pas satisfaites, il est évident qu’elles introduiront un recours en cassation. Donc il y a encore un bon match de tennis devant nous qui n’est pas fini’, soutient l'avocate sénégalaise. N'est-ce pas faire obstruction afin d'éviter ou non un éventuel jugement en usant et en abusant la procédure ? Aïssata Tall Sall de répondre : ‘La procédure, c’est important. Parfois ça donne l’impression que les Sénégalais ne veulent pas être jugés. Mais si nous laissons passer cette affaire, demain tous les citoyens sénégalais, parce que justement il y aura eu une procédure judiciaire en France, ne seront plus protégés par leurs propres textes de loi. Voilà pourquoi, ce que nous faisons est important. Au-delà de toutes ces personnes impliquées, il est question de faire respecter un principe de droit national sénégalais qui doit recevoir application ici en France’, tente-t-elle de faire valoir.
Moustapha BARRY
© Copyright Walfadjiri
Après deux heures et demie de plaidoirie, hier, le juge de la chambre d'instruction de Paris va rendre sa décision le 7 mai prochain. Et les deux parties retiennent leur souffle, même si elles peuvent se pourvoir en cassation si le juge ne va pas dans le sens voulu par l'une d'entre elles. Ce qui laisse entendre que la bataille de procédure n'est pas encore terminée.
C'est le 7 mai prochain que l'on saura si la justice française est compétente pour juger l'affaire du bateau Le Joola qui a sombré en 2002 au large de la Gambie faisant près de 1 900 morts. C'est l'annonce faite par les avocats des deux parties qui étaient, hier, devant le juge de la chambre d'instruction de Paris pour une audience qui a duré 2 h 30mn. Chacune des parties se dit confiante quant à la décision que va prendre le juge le 7 mai. Les avocats ont plaidé en exposant leurs arguments juridiques pour ou contre la requête de l'Etat du Sénégal qui demande purement et simplement l'annulation de la procédure contre les sept personnalités sénégalaises visées par la plainte déposée en France par les familles des victimes françaises du naufrage du Joola.
Pour Me Simon Ndiaye, un des avocats de la partie civile, la demande de l'Etat du Sénégal ‘n'est pas recevable parce que la Cour a déjà statué, et elle a dit tant que ces personnes-là ne se présentent pas devant la Cour, elles n'ont pas de statut de partie à la procédure’. Et ‘tant que quelqu'un n'a pas de statut de partie à la procédure, il ne peut pas faire une demande de nullité de procédure’, soutient Me Ndiaye. Son collègue, Me Rosenthal abonde dans le même sens. Il estime que dans le cas de M. Diédhiou qui avait été interpellé á l'aéroport Charles de Gaulle en partance pour l'Allemagne et mis en examen, donc partie à l'instruction, ses avocats n'ont pas déposé la requête en nullité le concernant dans les délais requis de six mois. Ce qui entraîne la forclusion de sa demande.Gomis Diedhiou qui avait déjà été ici et mis en examen, lui a déjà le statut de partie, il peut être fondé à faire la demande. Cela étant, la demande ne peut être faite que dans un délai de six mois.
Or, lui, il l'a fait à l'expiration de ce délai. Sa demande n'est donc pas recevable. Et Me Rosenthal d'ajouter que ‘toutes ces questions ont été tranchées lors de la précédente audience de la Chambre de l'instruction’. Ce qui fait dire à l'avocat Simon Ndiaye que la partie sénégalaise brandit des arguments pour ‘retarder le dossier’. ‘Or, nous nous battrons pour que cette affaire vienne un jour devant les juridictions françaises’, promet-il. Me Rosenthal est encore plus sévère quand il considère que ces arguments des avocats du Sénégal sont ‘des contrevérités en droit français et en droit international’. ‘Sur le fond, je me suis permis de donner un cours de droit international. C'était nécessaire notamment en droit maritime. C'est vrai que ce n'est pas évident de maîtriser ces matières qui sont atypiques’, considère l’avocat. Il insiste sur l'irrecevabilité de la demande sénégalaise. Même s'il reconnaît ne pas savoir ce que décidera le juge le 7 mai.
Les arguments des avocats de l'Etat du Sénégal
Cette forme de défense ne semble pas ébranler le pool d'avocats de l'Etat du Sénégal, formé de l'ancien Bâtonnier Félix Sow, de Me Massokhna Kane, d'Aïssata Tall Sall, de Me El Hadj Diouf. Pour balayer d'un revers de main les arguments de la partie civile, Me Massokhna Kane soutient que le procureur d'Evry avait demandé le non-lieu pour tout le monde. Ensuite, poursuit-il, ‘nos arguments reposent sur deux points : Cette recevabilité a fait réagir le parquet qui avait soutenu par le passé et qui soutient encore que ces personnes qui font objet de mandats d'arrêt ne font pas qualité de partie à la procédure, et que par conséquent elles ne peuvent pas faire une demande en annulation. Nous avons démontré que la demande est recevable dans la mesure où ces personnes ont reçu une notification du juge d'instruction en vertu de l'article 175 du code pénal français, notification du fait que l’instruction lui paraissait terminée et que si on avait des observations on pouvait les faire dans un délai de trois mois. Donc, usant de ce droit, nous avons présenté une demande d’annulation. Deuxièmement, c’est recevable pour Gomis Diédhiou qui est mis en examen’.
Me Kane ajoute : ‘Le deuxième argument porte sur l’incompétence des juridictions françaises. Elles sont incompétentes, et ça le procureur d’Evry l’a démontré devant le juge d’instruction. Incompétente en vertu de la convention de Montogobet sur le droit de la mer, incompétente en raison de la convention franco-sénégalaise du 29 mars 1974 qui prévoit que ce sont les juridictions sénégalaises qui sont compétentes dans ces domaines-là, et que tout ce que les autorités françaises peuvent faire, quand elles ont enquêté et eu des informations, c’est de simplement coopérer avec les juridictions sénégalaises pour mettre à leur disposition le résultat de leur enquête ou de leur instruction.
Si les juridictions françaises avaient des informations précises ou des résultats d’une enquête, elles devaient seulement, dans le cadre d’une assistance judiciaire, porter cela à la connaissance des autorités sénégalaises ; ce qui aurait peut-être permis à celles-ci de rouvrir le dossier du Joola. Ce qui est toujours possible’.
C'est à partir de tout cela que Me Kane pense que la Cour les suivra dans leur réquisition. Surtout que, pour lui, le code de procédure français permet qu’à partir de la mise en examen, la personne n'ayant pas déposé sa requête pendant les six mois légaux peut faire ‘valoir les observations tendant à annuler la procédure’. ‘Mais ce qu’il faut savoir qu’en vertu de l’article 175, lorsque Gomis Diédhiou a reçu la notification en même temps que les autres de la fin de l’instruction, il avait un nouveau droit de trois mois qui lui permettait soit de faire des actes, ce qui avait été fait en ce moment-là, soit de faire une requête en annulation. Donc, même si on disait qu’il était forclos parce qu’il a fait sa demande au-delà des six mois après sa mise en examen, à partir de la signification qui lui a été faite postérieurement, il retrouvait le droit de faire des observations et de faire une demande d’acte ; ce qui a été fait. Donc il a parfaitement le droit de faire une demande d’annulation de la procédure’, insiste-t-il.
Suffisant pour que Me Aïssata Tall Sall soit ‘optimiste’ quant à l'issue favorable de leur demande. Alors que va-t-il se passer si le juge prend une décision dans un sens ou dans un autre ? ‘Il est évident que si la chambre dit que la procédure doit être annulée, parce que les juridictions françaises ne sont pas compétentes, le dossier ne retournera plus à Evry. Si maintenant la Cour dit le contraire, le dossier doit retourner à Evry et là nous attendrons que le juge se prononce sur la base du réquisitoire du procureur d’Evry qui demande aussi l’annulation de la procédure’, explique Me Aïssata Tall Sall.
La cassation, dernière voie de recours
Dans tous les cas, les deux parties prévoient de se pourvoir en cassation si la décision du juge n'est pas en leur faveur. ‘Si nous ne sommes pas satisfaits de la décision de la chambre, il est évident que nous avons une voie de recours qui est la cassation. Si à contrario les parties civiles ne sont pas satisfaites, il est évident qu’elles introduiront un recours en cassation. Donc il y a encore un bon match de tennis devant nous qui n’est pas fini’, soutient l'avocate sénégalaise. N'est-ce pas faire obstruction afin d'éviter ou non un éventuel jugement en usant et en abusant la procédure ? Aïssata Tall Sall de répondre : ‘La procédure, c’est important. Parfois ça donne l’impression que les Sénégalais ne veulent pas être jugés. Mais si nous laissons passer cette affaire, demain tous les citoyens sénégalais, parce que justement il y aura eu une procédure judiciaire en France, ne seront plus protégés par leurs propres textes de loi. Voilà pourquoi, ce que nous faisons est important. Au-delà de toutes ces personnes impliquées, il est question de faire respecter un principe de droit national sénégalais qui doit recevoir application ici en France’, tente-t-elle de faire valoir.
Moustapha BARRY
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